11 Juillet 2007
C'est la lecture d'un article sur le blog de Jacques Heurtault (lire cet article, sans oublier les commentaires qui s'y rapportent, en cliquant ICI) qui m'incite à relayer l'information qu'il divulgue et qui, une fois de plus, n'a reçu que peu d'échos (même pas du tout !) dans les médias traditionnels. L'affaire se déroule à Fos-sur-Mer, près de Marseille, le jeudi 5 juillet dernier: une dame de 83 ans, Marguerite François, est deux fois la victime de deux voyous. Après lui avoir volé sa voiture, ces deux jeunes ont écrasé leur victime, ne lui laissant aucune chance... avez-vous entendu parler de cette affaire? Sans doute pas. Heureusement, quelques ami(e)s de la victime ont relayé cette terrible histoire sur Internet, lançant d'ailleurs un appel au président de la République, dans une lettre publiée par Jacques Heurtault. Sur ce blog, les Internautes dialoguent de la question des personnes âgées et de la manière dont un pays doit les accompagner et les prendre en charge: sur ce thème, je renvoie les lecteurs à un article que j'ai consacré à cette question. Pour cela, lisez " En route pour le Vill'Age ", paru en septembre 2006.
Mais, derrière cette triste affaire, je veux voir un autre phénomène: ce qu'un médecin psychiatre auprès du SAMU de Paris appelle "l'altération du lien social" (dans l'émission "Retour sur France Info", samedi dernier) et dont il relève, dans l'actualité, plusieurs signes. Le premier étant l'affaire du petit Ryan (photo), abandonné par sa mère dans un Quick parisien: l'abandon de jeunes enfants, par des mères en difficulté financière et/ou psychologique (une seconde affaire, cette fois à Toulouse, s'est produite quelques jours plus tard), est le symptôme d'un malaise plus global de la société. Il est vrai que voir de (très) jeunes parents avoir des enfants, sans avoir stabiliser leur situation professionnelle, et donc financière, est inquiétant. Dans l'émission, le psychiatre décèle d'autres signes comme l'affaire des bébés congelés ou encore la recrudescence, elle aussi dramatique (car ancienne et répétée), des abandons d'animaux de compagnie pendant l'été, des centaines ou des milliers de personnes n'hésitant pas à laisser leur chien sur le bord de la route pour ne pas avoir à les emporter en vacances.
Il évoque enfin un troisème signe, en rappellant l'épisode de la canicule de 2003 qui avait coûté la vie à plusieurs milliers de personnes âgées. Or, avec cette affaire "Maguy", c'est donc la question du rapport de la société à ces personnes, toujours plus âgées, mais aussi plus nombreuses et plus dépendantes, qui se pose. Le seul fait que, dans le débat sur l'euthanasie, certaines personnes craignent que son instauration conduise à des dérives grâce auxquelles la société se "débarasserait" des personnes dépendantes, qui lui coûtent cher, fait froid dans le dos. Aucune politique, qu'elle touche à la famille, à la dépendance ou encore aux retraites, ne peut être efficace et souhaitable si elle n'intègre pas cette nécessité qu'est la solidarité entre les individus, entre les générations. C'est la seule condition pour maintenir la cohésion sociale: on peut d'ailleurs regretter que cette expression, créée par Chirac pour Jean-Louis Borloo, soulignant la multiplicité des facettes d'une politique hautement solidaire, n'appartienne plus à la dénomination d'un des ministères du gouvernement Fillon.