En route pour le Vill'Age !

C'est une initaitive originale que je souhaite mettre en valeur aujourd'hui: la région Alsace vient de mener une expérimentation des plus originales (et peut-être efficaces) pour résoudre le problème de la gestion du vieillissement de la population, et donc de l'augmentation de la demande de lits en maison de retraite et autres maisons de repos, concernant les personnes âgées dépendantes. Cette question est d'autant plus d'actualité que le débat sur l'avenir des retraites (malgré la réforme de 2003) est relancé par François Fillon qui suggère de se pencher sur les régimes spéciaux: la question des retraites devra impérativement être abordée lors de la prochaine législature et tout candidat doit en prendre conscience et proposer de nouvelles solutions en la matière. Voici, pour lancer le débat, au moins trois pistes:

1- c'était l'un des points principaux de la dernière réforme: la durée de cotisation devant être repoussée pour faire face à l'augmentation du nombre de retraités (ceux de la génération du Papy Boom), l'âge légal de la retraité est porté au-delà de 60 ans, sauf pour certaines professions jouissant de privilèges (les fameux régimes spéciaux) pour qui un départ à la retraite est envisageable à partir de 55 ans (mais pas systématiquement). Pour que le système par répartition dure le plus longtemps possible, il est nécessaire d'apporter quelques retouches, comme une refonte de ces régimes spéciaux qui, s'ils se justifiaient à leur création, n'nt plus toujours leur légitimité, ou parce que les conditions de travail se sont améliorées, ou parce que d'autres métiers plus pénibles ne bénéficient pas de tels avantages. Ainsi, la pénibilité de l'emploi exercé, la durée des études nécessaires pour la qualification et le nombre de trimestre de cotisation active (hors période d'arrêt maladie ou de formation) devraient être prises en compte. Enfin, il ne serait pas inutile de réfléchir à un raccourcissement du temps d'étude, ce qui conduirait à un allongement de la durée de cotisation: dans le cadre d'une nouvelle organisation de l'école, l'élève pourrait connaître ses envies de métier dès le brevet, après un an d'orientation en troisième, ouvrant ainsi la possibilité à la formation professionnelle dès 15 ans.

2- au moment de la réforme Fillon, la gauche notamment avait mis en garde contre la possibilité de voir le gouvernement privilégier les retraites par capitalisation (sur le modèle anglo-saxon), plutôt que les retraites par répartition qui, au nom de la solidarité nationale, fondent le régime à la française. Est-il pour autant stupide de proposer aux employés de mettre un peu d'argent de côté, dans le cadre de PERP ou de PERCO? Cette solution, qui ne doit pas se généraliser, mais qui peut constituer un bon complément pour le régime par répartition, se doit d'être accessible à tous, ce qui suppose de le rendre plus attractif que d'autres produits d'épargne. Une négociation avec les banques permettrait de mettre en place une sorte de "parcours d'épargne tout au long de la vie": le client ne pourrait plus posséder, en plus de son compte chèque, qu'un seul produit d'épargne, dont la finalité correspondrait à ses besoins à un moment précis de sa vie. Ainsi, les banques pourraient-elles proposer successivement un plan d'épargne logement (assorti d'un prêt à taux faible pour faciliter l'accession à la propriété), puis un plan d'épargne retraite qui serait alimenter, dans un premier temps, par les intérêts du premier.

3- enfin, j'en viens à l'initiative du Conseil Régional d'Alsace qui, pour répondre à la demande de places en maison de repos, a mis en place ce qu'il appelle les Vill'Age. Cette idée prend en compte le fait que les familles de personnes agées dépendantes n'ont pas toujours ni la force ni les moyens de venir en aide à leur parent de façon régulière. Elle tient compte également de la volonté de ces retraités de ne perdre ni leur autonomie ni leur intimité. A mi-chemin entre la maison de retraite et le maintien à domicile, la région Alsace vient de créer un petit village composé de maisonnettes (comprenant chacune une cuisine, une salle d'eau, une chambre et un séjour) où sont acceuillies les personnes agées, qui peuvent ainsi allier les avantages de leur propre maison et ceux d'une aide professionnelle, des personnels soignants venant leur rendre visite très régulièrement. Ces infirmières peuvent ainsi s'occuper plus longtemps de personnes qui n'ont plus l'impression d'être dans un hôpital, du fait du rapprochement de tous leurs patients... une idée qui semble donner satisfaction et qui coûte beaucoup moins cher qu'un placement en maison de retraite.