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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Europe, institutions: la rupture Sarko

Quoi de plus beau que de célébrer le 300ème article de ce blog en un 14 juillet placé sous le double signe de l'Europe et de la présidence de Nicolas Sarkozy, alors que mon intention était d'accompagner -par ce blog- la campagne électorale qui a conduit à son élection. Quoi de plus normal également que de traiter, aujourd'hui, des deux thèmes qui me semblent les plus importants, à savoir la relance politique de l'UE et la question institutionnelle, et qui sont au coeur de l'actualité politique.

Qui dit 14 juillet, dit feux d'artifices (ils seront nombreux ce soir, à moins d'avoir déjà eu lieu hier soir) et bien sûr défilé militaire sur la plus belle avenue du monde: comme il le laissait entendre à l'occasion de chacune des dernières fêtes nationales de l'ère Chirac, et comme le début de sa présidence le suggérait, le nouveau chef de l'Etat a voulu innover en "dépoussiérant" cet évènement pour en faire un rendez-vous populaire. Ce caractère populaire se manifeste à trois reprises. Avant la parade des armées, il a pris le temps d'un bain de foule, descendant de la voiture qui lui faisait remonter les Champs-Elysées (photo) pour aller au contact des centaines de personnes venues assister à ce grand moment. Après le défilé, la garden party dans les jardins du palais présidentiel a pris une nouvelle allure: moins de monde et plus d'anonymes (des gens qui n'ont pas été gâtés par la vie, pour montrer aux Français que leur situation personnelle n'est pas si mauvaise !) pour une petite fête moins coincée qu'auparavant. Enfin, ce soir, avant le feu d'artifice, une grande fête populaire, composée de concerts gratuits (dont celui de Michel Polnareff, qui sera le point d'orgue de la soirée), auxquels assistera le chef de l'Etat, sera organisée. Comme le disait un colonel de l'armée française ce matin, ce n'est plus la fête des armées mais aussi celle de la nation tout entière.

C'était aussi, et peut-être surtout, la fête de l'Europe des nations (et des peuples): les caractéristiques de ce défilé sontt ainsi un révélateur de la pensée européenne du président. Faire défiler les armées des vingt-sept pays européens (tous ont répondu à cet appel) dans un même élan, au même pas, dans la même direction est un beau symbole de la volonté du président de faire avancer l'Europe... même si on peut penser que le traité simmplifié n'est pas le meilleur moyen pour y parvenir ! Parallèlement, chacune des armées défilait avec ses costumes, ses attributs et son drapeau, façon de montrer que les Européens pouvaient s'unir et marcher d'un même pas sans gommer leurs différences et leurs spécificités nationales. Comme le général de Gaulle, la droite de Sarkozy ne veut pas d'une Europe supranationale, qui coifferait les Etats souverains d'organes purement européens, mais d'une Europe des nations qui, chaque fois que cela est possible, travaillent ensemble.

Cette petite réflexion pose toutefois trois problèmes, auxquels l'Europe est confrontée. 1- se pose la question d'une Europe de la défense, qui est plus que jamais d'actualité: mettre en commun nos moyens financiers et technologiques pour mettre sur pied une armée européenne, capable d'intervenir lors de conflits traditionnels mais aussi de mener de grandes opérations humanitaires (sur ce point, relire l'article que j'ai consacré à la question en cliquant ICI). 2- faire d'une fête nationale une fête à dimension européenne, célébrant l'idée et le projet européens, rappelle le débat de la pertinence des dates des jours fériés. La date du 14 juillet ne pose pas problème mais l'absence d'une grande date de l'Europe, qui serait l'occasion d'une telle fête, est plus problématique: même s'il s'agit d'un symbole, son existence ne serait-elle pas un moyen d'ancrer la réalité européenne dans les esprits de ses habitants. 3- enfin, avec sa construction politique et géographique, l'Europe doit définir son identité et ses limites. L'entrée prochaine de Chypre et de Malte, après la Slovénie, dans l'espace €uro et la question turque ne doivent pas gommer certaines bizarreries, comme la non-adhésion de pays comme la Norvège ou la Suisse, qui, faute d'être résolues, empêcheront de définir clairement l'identité européenne.

L'autre grand sujet de cette semaine (encore) très sarkozyste: les réformes institutionnelles que le président a appelé de ses voeux dans un discours à Epinal, (nouvelle) référence (ou caution?) gaulliste oblige. Reprenant toutes les promesses du candidat, le président Sarkozy a donné les orientations de cette réforme constitutionnelle pour laquelle il a créé une comission qui devra faire des propositions. Mais cette mission pourrait bien ne servir à rien. D'une part, dans son discours, le président a déjà dit tout ce qu'il souhaitait mettre en oeuvre, laissant une faible marge de manoeuvre à cette commission pour faire de nouvelles propositions qui pourraient être retenues. D'autre part, ce groupe de travail réunit, pour l'instant, des personnalités politiques toutes favorables à une présidentialisation du régime (catégorie à laquelle Jack Lang appartient), ne laissant de place à aucun politicien favorable à une "parlementarisation" du régime. Précisons que la limite entre ces deux tendances ne recoupe pas la frontière droite/gauche, comme on pourrait le croire.

C'est l'une des raisons pour lesquelles je déplore le refus de la gauche de participer à cette commission, même si elle est présidentielle et non parlementaire. La majorité des élus de gauche préférant une solution moins présidentialiste, pourquoi ne prennent-ils pas part à cette réflexion afin d'éviter une trop importante dérive présidentielle du régime? Pourquoi ne pas y faire des propositions, même si les chances pour qu'elles soient retenues sont faibles? Pourquoi laisser la voix libre à cette réforme, voulue par le président, et que ses soutiens vont s'empresser de mettre en oeuvre? Faut-il attendre le vote en congrès ou un hypothétique référendum pour s'y opposer, retardant d'autant une réforme que les socialistes voulaient eux-mêmes mettre en oeuvre? Mes réponses à ces questions étant sous-entendues, j'attends vos impressions: laissez un commentaire pour lancer le débat !

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