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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Bâtir l'Europe des peuples et des nations

Après la réforme des institutions, c'est la relance de l'Union Européenne qui devait préoccuper, bien plus qu'actuellement, nos dirigeants. Certes, pour ceux qui ont le pouvoir à Bruxelles, l'Europe économique est déjà un succès suffisant mais, quand dans la crise russo-géorgienne, l'Europe apparaît comme un recours fiable - alors que les Etats-Unis sont en pleine campagne présidentielle - ou, quand Sarko réunit des chefs d'Etat et de gouvernement "ennemis" autour d'une même table, l'Europe devient presque un modèle de coopération entre Etats. Le rêve européen continuant de jouer auprès de ces peuples qui n'attendent qu'une chose - rejoindre cette communauté -, il est impératif qu'un grand projet d'UE politique, diplomatique et militaire soit enfin mis en place. Sur le plan financier, faire de l'Europe une véritable entité, en dépassant le seul espace de libre échange, est une nécessité: que tous les Etats membres n'aient pas pour monnaire l'€uro et qu'ils ne soient pas systématiquement membres de l'espace Schengen - pour la liberté des capitaux, des marchandises et des hommes - est une anomalie à réparer d'urgence. Il faut que le rêve des peuples, de créer une identité européenne qui ait un sens, se réalise: piurquoi ne pas créer une carte d'identité européenne ou un permis de conduire européen, qui permettrait dans le même temps d'harmoniser les limitations de vitesse et les amendes sur tout le territoire européen.

Harmoniser, c'est le mot clé pour que l'Europe devienne un espace concret pour ses habitants. Et pas seulement une zone de libre-échange. Il est donc urgent d'identifier les domaines dans lesquels une harmonisation à l'échelle continentale serait profitable tantà l'UE qu'à ses habitants. Penser une Europe au service des peuples serait le premier pas vers un projet ambitieux. Et l'Europe a besoin d'ambition. Dans un monde où les Etats ne peuvent plus résoudre seuls les grands problèmes (la crise financière en étant le plus bel exemple) et où la régionalisation - c'est-à-dire la construction d'entité continentale tel le MERCOSUR en Amérique latine - devient le moyen le plus efficace pour accompagner et encadrer la mondialisation. Car, l'un des objectifs que l'on pourrait fixer pour une UE efficace est d'être à la fois un outil pour profiter des bienfaits d'une mondialisation qu'en tant que phénomène historique, on ne peut pas contester, ainsi qu'une protection contre les méfaits du système capitaliste actuel. S'incrire dans la mondialisation tout en protégeant les peuples de ce qui leur est préjudiciable fait partie du rêve européen. Après avoir construit une paix durable sur le continent, il faut désormais que l'UE apparaisse comme le modèle d'un libéralisme qui place l'homme, et non plus l'argent, au coeur de ses préoccupations.

Et qui mieux que l'UE peut promouvoir ce "vrai" libéralisme, elle qui permet aux capitaux, aux marchandises et aux hommes de se déplacer librement? Ce qui correspond à la définition même du libéralisme.
Sauf que, pour y parvenir, il faut qu'elle s'attque à tout ce qui peut fausser le libéralisme, le premier exemple étant le combat contre les paradis fiscaux qui - et ils sont nombreux en Europe - sont des espaces où les règles du jeu ne sont pas les mêmes qu'ailleurs, permettant aux gagnants de la mondialisation de ne pas participer aux efforts pour l'équité entre les hommes. Ces paradis fiscaux sont l'exemple même d'un méfait de la mondialisation. Dans la même logique, parvenir à fixer des règles pour encadrer la rémunération des patrons, des actionnaires, des traders, ou encore lutter contre les délocalisations permettrait à l'UE d'apparaître comme un modèle avant-gardiste d'un nouvel ordre économique mondial. Et puisqu'il est question d'argent, on touche là à une des premières questions qui se posent aux peuples européens: doit-on créer un impôt européen et harmoniser nos politiques fiscales? Je pense que oui. D'une part, pour permettre à l'Europe de financer de grands projets qui accompagneraient nécessairement la construction d'une UE politique forte. D'autre part, parce qu'une harmonisation des impôts nationaux et locaux à l'échelle européenne permettrait de lutter contre le dumping fiscal à l'intérieur de l'UE.

Si l'Europe peut permettre de resserrer les écarts en la matière serait une bonne chose. Reste à savoir si nos partenaires sont prêts à réaliser cet effort, au nom d'un idéal qui dépasse les seules considérations nationales. Mais, l'Europe se doit aussi être une entité qui compte dans le monde. Qui puisse détenir sa propre armée, chacun des Etats membres participant à cet effort en considérant qu'une armée européenne, mettant tous les moyens militaires des uns et des autres en commun, permettrait de réduire, dans chaque Etat, les dépenses militaires. La mutualisation de l'effort humain, financier et matériel pourrait diminuer, pour chaque Etat membre, des ressources financières utiles dans la réalisation d'autres projets. Renforcer le projet européen universitaire, mettre sur pied un système de santé continental (qui freine le tourisme médical et qui permette aux habitants des pays les moins bien dotés de bénéficier d'une couverture santé performante), définir un SMIC européen... sont autant de projets qui permettraient de donner à l'Europe une dimension concrète, qui permette aux pays les moins développés de l'Union de rejoindre au plus vite le niveau de vie des pays d'Europe occidentale. Bref, une harmonisation par le haut qui fasse la part belle au sort des peuples.

Enfin se pose la question des limites qui, à mon sens, ne trouvera de règlement qu'une fois l'Europe politique achevée. Que l'Europe se dote d'institutions plus démocratiques, et donc plus légitimes, qui lui permettent de prendre des décisions avec une trentaine de membres, c'est une autre urgence. Qu'une Constitution fixe les objectifs de l'Union et qu'un traité éclarcisse nos nouvelles priorités (en matière de santé, d'éducation, d'armée, de diplomatie, de fiscalité...), c'est la condition préalable à tout élargissement. Car, dès que l'Europe sera devenue un vrai projet politique, et non plus seulement économique, elle pourra alors s'ouvrir sans crainte aux pays qui, aujourd'hui, veulent l'intégrer. A terme, accueillir des pays des Balkans, la Turquie, ainsi que ces pays qui, tout en étant européen, ne sont pas encore membres de l'UE (Suisse, Norvège, Islande) et qui pourtant participent à des projets européens, n'est pas une aberration. Il faudra simplement beaucoup de temps, de patience, de négociations et de volonté politique... au service des peuples et de l'intérêt général !

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