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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Promouvoir une nouvelle gouvernance

C'est le dernier volet de mes dix propositions de réforme. Et il concerne davantage la pratique du pouvoir et n'a donc pas de contenu précis. Il s'agit pour moi d'exposer ma vision de la politique et de proposer aux lecteurs quelques pistes pour parvenir à une gouvernance plus démocratique qui, dans la cadre de la réforme constitutionnelle que je veux promouvoir, ouvrirait une nouvelle ère pour le débat citoyen. La première des choses à rappeler est que le rôle d'un dirigeant, et donc d'un décideur politique, est de prendre une décision sur la base de faits établis, de rapports et de prévisions sur un sujet donné: parce qu'il ne sait pas tout sur tous les thèmes d'actualité, l'homme politique reçoit d'experts et de conseillers tous les renseignements dont il doit avoir connaissance pour prendre, dans les meilleures conditions, les meilleures décisions. Meilleures, parce qu'elles préservent d'abord l'intérêt général et permettent au pays d'avancer. Meilleures, parce qu'elles mettent en pratique les valeurs et les principes qu'il est censé défendre, et pour lesquelles il a été élu.

Et, pour ce faire, la première des décisions est de prendre de la hauteur, de s'éloigner de la dictature de l'opinion (et des sondages) et de réfléchir avant d'agir dans la précipitation. On voit où mène la dictature des enquêtes d'opinion: pour reprendre l'analyse pertinente d'un lecteur de Marianne, dont la lettre a été récemment publiée, on ne peut que constater les dégâts de ce phénomène au sein du PS. Après avoir choisi Ségolène comme candidate, sous la pression des sondages, les socialistes - raillés dans les médias, sur la blogosphère et dans les chaumières pour son inaudibilité - s'apprêtent à choisir le populaire Bertrand Delanoë comme premier secrétaire. Pour quelle raison? Parce qu'il est populaire ! Or, occuper l'espace médiatique, multiplier les sujets de discussion pour ne jamais s'attarder sur aucun, voilà une méthode qui tue le débat citoyen. Si l'on veut redorer l'image de la politique auprès de nos compatriotes et permettre à la société de prendre le temps de réflexion, puis de se faire un avis sur chacun des sujets, il faut gouverner autrement. Arrêter de communiquer à tour de bras. Je ne veux pas d'un président qui ne voit dans les "erreurs de communication" ses seules faiblesses, ou qui ne supportent pas les ministres qui ne communiquent pas et qui, dans l'ombre, agissent - sans dire tout haut qu'ils agissent.

Eh bien, moi, je veux un(e) président(e) qui laisse ses ministres agir, en rencontrant les partenaires sociaux et les acteurs du monde associatif concernés par les sujets évoqués. Et gouverner pour moi, cela se résume à un tryptique: non pas "l'habituelle valse à trois temps [où se succèdent] annonce d'une réforme d'envergure, polémique et révision à la baisse des ambitions" (dixit une journaliste de Marianne), mais "proposer, discuter et synthétiser". Le président de la République fixe un cap et demande à son gouvernement de faire une pré-proposition, qui sert ensuite de base à la négociation avec les professionnels du secteur sur les modalités d'application de la mesure puis, sur la base de cette discussion, rédige un projet de loi final, augmenté des propositions qu'il aura retenu des débats. De leur côté, les parlementaires pourraient rédiger leurs propositions de loi à partir de débats citoyens organisés dans leurs cirscriptions, de manière à associer les citoyens à la prise de décision. Dès lors se pose la question de la représentativité syndicale puisque, lorsque le gouvernement lance une discussion, l'assocation des citoyens à la décision doit se faire par le biais de syndicats et associations patronales représentatives des forces qu'ils doivent représenter. La démocratie doit aussi se décliner dans l'arène sociale et permettre aux salariés-citoyens de voir leurs intérêts défendus par des syndicats représentatifs des tendances idéologiques de ceux-ci.

Mais, ce qui resterait le meilleur moyen de redonner aux citoyens la place qu'ils méritent dans une démocratie, c'est de leur donner à intervalle régulier la parole par l'organisation de référendums populaires. Certes, au niveau local, les collectivités territoriales ont la possibilité d'organiser de telles consultations pour des considérations locales. Certes, grâce à la réforme des institutions, les citoyens pourront se saisir de leur nouveau droit à provoquer, avec l'appui d'une partie des parlementaires, l'organisation d'un référendum... ce qui aurait pu être le cas avec le cas de la réforme-privatisation de la Poste. Mais, ces possibilités institutionnelles ont-elle une utilité si nos dirigeants n'y ont pas recours pour les aider à prendre les bonnes décisions sur des sujets d'importance? Car, je suis de ceux qui n'ont pas peur du peuple. Certes, il peut se détourner de la question posée pour sanctionner une équipe en place. Mais, si le gouvernement défend l'intérêt général et met en place ses promesses, il n'a théoriquement rien à craindre. Et s'il explique clairement ses objectifs, son ambition et le fond de son projet, en faisant acte de pédagogie, le risque est encore moins grand. Car, lorsqu'il est conscient des enjeux et qu'il se passionne pour le sujet d'un tel référendum, le peuple prend toujours la bonne décision... Et, reconnaissons-le, en disant "Non" en mai 2005, le peuple français a envoyé un avertissement à une Europe technocratique dont il ne veut plus. Et, même si l'Europe connaît des temps difficiles, l'envie d'une Europe plus sociale n'a pas empêché l'adoption de nouvelles règles de fonctionnement - par le biais d'un simple traité -.

C'est donc une nouvelle méthode de gouvernement, où la pédagogie remplace la communication, et où la défense des intérêts des citoyens se manifeste dans l'action du gouvernement et dans les budgets qu'il décide de voter, que j'appelle de mes voeux. Car, quand on entend le ministre de l'Immigration parlait des droits des immigrés reconduits à la frontière et que, dans le même temps, la part du budget du ministère consacrée à l'intégration diminue de 60% alors que la part destiné aux expulsions et à l'asile augmente de 5% (pour représenter cinq fois le montant de la première), on mesure le gouffre qui existe entre les paroles et les actes. Car, lorsqu'un ministre parle, on le croit... même si les données qu'il avance ne sont pas toujours vérifiables. Plus de clarté dans les organismes statistiques (chiffres du chômage par l'INSEE, par exemple) est par ailleurs indispensable pour que le gouvernement les utilisent non pas pour défendre leur politique, mais pour prendre les mesures permettant de lutter contre les phénomènes ainsi mis en valeur. C'est donc toute une philosophie qui est à revoir... et à mettre en avant lors de la prochaine présidentielle !
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