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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Redistribution ou cadeaux fiscaux?

La semaine dernière, en Allemagne (plus précisément à Hambourg), une jeune femme de 30 ans a été interpellé en pleine rue en train de donner de la nourriture à des personnes sans domicile fixe. Quel était son crime? Avoir volé la nourriture qu'elle était en train de distribuer à plusieurs traiteurs de luxe (foie gras, caviar, saumon fumé) de la ville. Vite surnommée "la Robin des bois gourmande" par la presse locale, elle sera jugée pour avoir voulu prendre aux riches et donner aux pauvres: il est vrai que cette philosophie n'est pas à la mode, en tout cas dans les pays "occidentaux", où la loi du plus fort fait parfois des ravages. La redistribution par l'impôt est progressivement démolie dans de nombreux pays, à commencer par la France où la stratégie du gouvernement (oups, du président !) profite d'abord aux plus hauts revenus, à savoir ceux qui se sont le plus enrichis ces dix dernières années (voir le rapport publié récemment par Libération) et ceux qui ont le moins besoin de pouvoir d'achat supplémentaire.

Les députés viennent d'entamer la réflexion sur la paquet fiscal, qui met en oeuvre toutes les promesses du candidat Sarkozy en matière de fiscalité: détaxation des heures supplémentaires, bouclier fiscal à 50%, suppression des droits de succession, prise en charge des intérêts des emprunts immobiliers pour les primo-accédants sont notamment au programme des discussions. Mais y aura-t-il vraiment discussion? La question se pose après l'affaire de l'amendement concernant le bouclier fiscal: cet amendement, présenté par le Nouveau Centre, et adopté par la commission des finances, prévoyait d'exclure de ce bouclier fiscal la CRDS et la CSG, considérant que de les inclure, cela ferait trop... quelques heures plus tard, le nouveau président du groupe UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé, affirmait, tout net, que cet amendement serait rejeté par son groupe et donc par l'Assemblée. Vous avez dit ouverture? Il semble clair que les députés, même de la majorité présidentielle, n'est pas leur mot à dire, les promesses de Nicolas Sarkozy devant être appliquée telle qu'elle. Avec une telle conception du débat, à quoi servent nos députés, si ce n'est à enregistrer les décisions présidentielles? Voilà qui est révélateur...

Ajout en date du 11 juillet: à propos des mesures du paquet fiscal, le nouveau président de la commission des finances, Didier Migaud, rappelait, ce matin sur France Info, que l'ancien ministre de l'économie en 2004 (Nicolas Sarkozy) avait commandé une étude sur l'impact économique de deux de ses projets (détaxation des heures sup' et prise en charge des intérêts d'emprunts): la conclusion de cette étude était si négative (les mesures n'auront pas d'impact dynamisant et à long terme sur l'économie) que le locataire de Bercy y avait alors renoncé. Par ailleurs, dans son édition du 12 juillet, l'hebdomadaire Challenges publie un rapport selon lequel les 500 plus grandes fortunes françaises représentent 15% du PIB national, contre 6% il y a dix ans, soit une progression trois fois supérieure à celle de la richesse nationale !!

Mais, il n'y a pas qu'en France que cette stratégie s'applique: de l'autre côté de l'Atlantique, on croit aussi aux vertus de la "bonne croissance", qui serait le fruit des plus aisés, ceux qui ont les moyens de relancer l'investissement ou de consommer encore plus. George Bush mène, depuis son élection, la même politique, si bien que les riches sont moins imposés (en pourcentage) que les plus modestes. Et c'est aussi le cas de l'Angleterre de Tony Blair. Exemple: outre-Manche, les 500 000 Britanniques les plus riches (plus d'un million de dollars de revenus) sont imposés à hauteur de 20%, contre 42% pour les 20% de la population les plus modestes !! La situation est telle que Gordon Brown, qui se réclame lui aussi de la rupture, s'est engagée à réduire des inégalités qui se sont creusées, "en passant au crible les niches fiscales". Par ailleurs, aux Etats-Unis, une enquête calculant l'évolution des salaires des patrons et des salariés révèle que ceux des premiers ont progressé plus vite que ceux des seconds: si, si, vous ne rêvez pas ! Entre 1936 et 1990, un patron gagnait en moyenne 40 fois le salaire de ses employés. Depuis 1990, cette proportion n'a fait que grimper, atteignant le chiffre record de 1 pour 300 en 2000, avant de redescendre aux alentours de 1 pour 180 aujourd'hui: ne marcherait-on pas sur la tête? Essayez de calculer, dans les conditions actuelles, le nombre d'années qu'i faudra à un salarié pour gagner le salaire mensuel de son patron.

La théorie économique qui favorise la redistribution équitable des richesses (qui ne nie pas qu'un patron doit être payé pour ses compétences, ses mérites, ses -bons- résultats et sa prise de risques) est-elle pour autant à enterrer? 1300 millionnaires américains répondent "Non" en signant un manifeste, à l'initiative de Warren Buffett, troisième plus grosse fortune mondiale (il est milliardaire !), qui demande à l'amdinistration Bush de ne pas supprimer les droits de succession, comme elle en a le projet. Voilà qui est intéressant. Les arguments de ces richissimes personnes sont plutôt simples: 1- "tous les barreaux de l'échelle économique sont plus écartés qu'il y a une génération et ils continuent de se séparer" selon l'ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton. 2- ces personnes rejettent la nouvelle richesse, qui ne consiste plus en la création de richesses et d'emplois par l'exploitation d'un secteur d'activité, mais en l'accumulation de flux financiers qui apportent moins à la richesse globale nationale. 3- les largesses fisclaes n'ont d'effet stimulant sur la croissance que si elles concernent les plus modestes: et le milliardaire de préciser qu'il a "été taxé à hauteur de 17,7% sur les 46 millions de dollars qu' [il a] encaissé l'année dernière, tandis que [sa] secrétaire, qui empoche annuellement, 60 000 dollars, a reversé au Trésor 30% de ses revenus". 

Voilà quelques arguments sur lesquels le président, qui imite son homogue américain en matière de politique économique et fiscale, dans la lignée d'une droite ultralibérale, ferait bien de se pencher à défaut d'écouter ces nouveaux partenaires centristes ! Alors, redistribution ou de nouveaux cadeaux aux foyers les plus riches en espérant un retour de croissance que, d'avis d'experts, on ne sent pas venir? La réponse est déjà donnée, alors que les conséquences de ces largesses sur le budget de la nation inquiètent déjà nos partenaires européens, qui ont tout de même autorisés la France à revenir à l'équilibre budgétaire avec deux ans de retard sur un calendrier qui concerne tous les autres pays. Il paraît que ce paquet fiscal n'est que la première mesure (et quelle mesure !) d'un plan plus vaste de réformes encore plus audacieuses. On attend de voir...

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