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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Police-justice: le gouvernement contre-attaque

On se croirait revenu près de trois ans en arrière... quand un certain Nicolas Sarkozy régnait, depuis plus de quatre ans, sur la place Beauvau. Sans doute le plus beau poste que ne pouvait lui offrir Jacques Chirac (à l'exception de Matignon, sur lequel l'actuel chef de l'Etat avait des vues). Un ministère où il eût l'occasion de prouver son talent pour, à grands renforts de communication, faire croire, à son électorat, que les faits de délinquance reculaient, et que la police investissait les quartiers pour y démenteler réseaux et trafics. C'était l'époque des camions de CRS envoyés dans les cités sensibles de région parisienne. Trois ans plus tard, c'est du côté de l'Immigration, avec son plus beau disciple, Eric Besson, qu'il faut chercher ces grandes opérations médiatiques... Immigration et sécurité: voilà d'ailleurs, les deux grands thèmes sur lesquels la droite va faire campagne pour les régionales. Ce n'est pas du ressort des régions, me direz-vous? Oui, mais ce qui compte, c'est de battre la gauche, récupérer un maximum de régions (notamment les plus visibles) pour crier au triomphe sarkozyen, le soir du second tour. Et, pour cela, on a besoin de l'électorat d'un FN qui, à la faveur de l'affaire Mitterrand et après deux années de sarkozysme d'ouverture, quitte le navire. A tel point que des sondages pointent déjà la remontée du parti frontiste, notamment dans les régions où il est bien implanté. Laquelle devrait permettre à l'extrême-droite de se maintenir dans plusieurs régions et, à la faveur d'une triangulaire, faciliter la reconduction de la gauche. Cela devrait être le cas en Nord-Pas-de-Calais, Picardie et PACA, sur laquelle l'Elysée semble déjà avoir fait une croix, alors qu'il s'agissait d'une des deux régions, avec l'Ile-de-France, à faire basculer.
 
Et voilà donc que Brice, l'ami de 35 ans, refait surface. Après la sombre affaire des propos racistes, dans laquelle il s'était lui-même enlisé - alors qu'il essayé d'en sortir -, voilà l'Hortefeux d'artifice ! Belle expression, lue dans Marianne, et que je ne peux m'empêcher de reprendre. Notre ministre de l'Intérieur en revient aux méthodes de son patron, lequel avait assuré, aux forces de l'ordre, qu'avec Brice, c'est comme ci j'étais encore aux commandes ! D'ailleurs, quelques jours plus tard, il traversait la rue qui le sépare dudit ministère pour y faire une incursion surprise. Cette obsession de la sécurité, typique de la droite, est d'autant plus étrange que les résultats ne sont pas au rendez-vous: depuis 2002, la situation ne s'est guère améliorée. Les chiffres le prouvent. Alors, qu'est-ce qui a changé? L'opposition ne sait pas le dire tout haut, là où la droite excellait dans la dénonciation d'une gauche angélique ne sachant pas traiter le problème de la délinquance. De fait, la droite fait preuve d'une plus grande réactivité et d'une tolérance zéro qui manquaient pendant les années Jospin (que je ne connais pas assez bien pour, vraiment, les juger). Preuve de cette fermeté? L'arrestation, la comparution immédiate et la condamnation à de lourdes peines des fauteurs de trouble dans les rues de Poitiers le week-end dernier. Appartenant aux mêmes mouvements de l'ultra-gauche, qui avaient semé la terreur à Strasbourg en marge du sommet de l'OTAN, ces militants ultra-violents ont été condamnés comme il le fallait. Face à de tels actes (la destruction des vitrines de nombreux commerces du centre-ville, dans des excès de rage inouïs), la justice se doit d'être exemplaire. Aucune pitié pour ces dangereux militants, qui croient servir leur cause en usant de la violence... et qui enterrent eux mêmes leurs revendications, sur lesquelles personne ne revient. Ils n'en valent pas la peine !
 
Sur ce dossier, en allant sur place dès le lendemain, le ministre a agit comme il se doit. Avec la plus grande fermeté. Sans pour autant succomber à la tentation d'une loi de circonstance (une spécialité de la droite sarkozyenne). Se contentant de demander à la justice d'avoir la main lourde. Il a par ailleurs tenu à mettre les leaders de ces mouvements en garde: le ministère n'hésitera pas, à l'avenir, à recourir à la loi du 10 janvier 1936 relative aux groupes de combat et de milice privée. "Cette loi prévoit, à côté d’une dissolution prononcée par le juge, une dissolution administrative applicable à certaines associations et groupements de fait. C’est une loi qui déroge au principe de la liberté d’association [et qui] a été complétée par des ajouts successifs qui étendent son champ d’application au-delà de la protection contre les groupements paramilitaires. En son état actuel, elle permet la dissolution par décret du Président de la République, pris en Conseil des ministres, des associations ou groupements de fait qui présentent un certain nombre de caractéristiques tenant soit à leur activité, soit à leur organisation, soit à leur but" (source: site Internet de la RAJF, la Revue d'Actualité Juridique Française). Elle fut créée dans un contexte particulier, qui favorisa la montée en puissance du Front populaire: celui du renforcement des ligues d'extrême-droite qui, se refusant à s'organiser en partis politiques, menaient des actions spectaculaires et collectives... comme celle qui fit une centaine de morts en février 1934 dans les rues de Paris. Aujourd'hui, confronté à un phénomène inquiétant, le ministre Hortefeux brandit donc la menace d'une dissolution de ces groupuscules. Et il a raison.
 
Reste un autre volet de la politique sécuritaire du gouvernement: l'attente de résultats, qui feraient briller les statistiques, livrées en "une" du 20 heures. On ne reviendra pas sur les limogeages et "promotions-sanctions" des préfets qui n'ont pu empêcher un évènement qui a déplu au Président. Voilà que les membres de la Préfectorale ont créé, à l'initiative du Préfet d'Ile-de-France, une association... dont les réunions visent à leur permettre de discuter et mettre en commun leurs méthodes de travail et, peut-être un jour, leurs revendications. L'initiateur de ce groupe, invité de France Info, ce mardi matin, confirmait que rester en place en moyenne deux ans et deux mois était insuffisant pour permettre à un Préfet de faire correctement son boulot. Au fond, c'est comme les ministres: avoir trois ministres de l'Education ou du Travail en un quinquennat, cela ne permet pas de faire avancer les choses. Changer de préfet à chaque nouveau locataire de l'Elysée ou, pendant le quinquennat, à chaque évènement encombrant, est contre-productif. Certes, cela permet d'avoir la main-mise sur ce corps de fonctionnaires, et les obliger à obtenir les résultats attendus pas Paris. Mais, comme message envoyé à la population et à ceux qui troublent l'ordre public, il y a mieux... Bref, police et justice sont de plus en plus confrontés à des manques de moyens (le non-remplacement de fonctionnaires affectent, moins fortement mais tout de même, ces secteurs) et il n'en est pas moins inquiétant de constater que la politique du chiffre continue. Contribuant à les couper des citoyens et à dégrader leur image. Si la justice relaxe les deux policiers impliqués dans un accident dans lequel deux jeunes avaient trouvé la mort (et dont ils ne sont, effectivement, pas responsables), de belles émeutes et dégradations d'espaces publics sont à craindre. L'Elysée ferait bien d'en prendre conscience.
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