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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

La vraie menace, c'est le Balouchistan !

L'information est rampante depuis plusieurs jours. Alors que la communauté internationale fait mine de s'inquiéter de l'avancée du projet nucléaire iranien, en mettant en scène une indignation franco-anglo-américaine à la tribune de l'ONU, la vraie menace est ailleurs. D'après des spécialistes du Moyen-Orient (et même si la parole de ces "experts" est toujours soumise à caution), Ben Laden et ses lieutenants auraient changé de base. Sorti d'Afghanistan depuis les bombardements massifs de l'OTAN dans le nord de ce pays, le leader d'Al-Qaida et ses hommes auraient quitté la région du Pakistan frontalière du voisin afghan pour cette région du Balouchistan. Une information qui resterait anecdotique si, au cours des dix derniers jours, l'avancée talibane au Pakistan ne s'était pas clairement manifestée. Premièrement, par un attentat qui a frappé, le 5 octobre dernier, le bâtiment du PAM, le Programme Alimentaire Mondial, dépendant de l'ONU, à Islamabad, faisant cinq morts parmi les employés des Nations Unies (quatre Pakistanais et un Irakien), ainsi que plusieurs blessés. Dans un communique de l'AFP, les talibans pakistanais revendiquent l'attaque. Un texte qui précise que "le TTP (Mouvement des Talibans au Pakistan), qui a fait allégeance à Al-Qaïda, est le principal responsable de la vague d'attentats qui a fait près de 2.150 morts au Pakistan en un peu plus de deux ans". Déjà en progression en Afghanistan (en en contrôlant une bonne moitié sud), les talibans avancent également au Pakistan, cherchant à destabiliser le régime central - bien faible - du Président Zardari. Deuxième fait: un groupe de terroriste a, ce samedi, attaqué le quartier général de l’armée pakistanaise à Rawalpindi (une ville-garnison située à 14 kilomètres de la capitale, Islamabad)... faisant plusieurs morts dans les rangs de l'armée pakistanaise (photo: portrait d'une victime, déposé sur son cercueil fleuri).
 
Le point commun à ces deux attaques? Les terroristes ont revêtu des costumes de l'armée nationale afin de pénétrer dans les lieux qu'ils ont attaqué. Prendre les forces de l'ordre par surprise et utiliser des techniques "nouvelles" (comme celle, apparue en Arabie saoudite, avec la "bombe anale" - remplacement le port d'une ceinture d'explosifs): c'est ce que choisissent les talibans. Ce qui leur donne un nouvel avantage... à un moment où, d'après les états-major et médias occidentaux, les barbus reculent. De moins en moins bien implantés dans leurs régions d'origine, soumises à des bombardements intenses - comme la fameuse vallée de Swat -, les talibans reculeraient, notamment après la mort d'un de leurs leaders. Sauf que ces deux attaques, ciblées et rapprochées dans le temps, illustrent la capacité de nuisance de ces terroristes. Bref, il serait bien imprudent de considérer que le Pakistan n'est pas une menace pour l'embrasement possible de la région. De fait, plus que l'Iran, voire même l'Afghanistan - où la coalition continue ses efforts de développement -, c'est bien le Pakistan qui est l'élément le plus instable. Avec un pouvoir central chancelant. Et, surtout, une bombe nucléaire qui n'est pas à l'état de projet... mais une réalité. La bombe iranienne est une menace, pour le moment, invisible. Dans les mains des talibans la bombe pakistanaise constituerait la plus grande menace de tous les temps récents pour l'Occident, et l'ensemble de la région.
 
Se le cacher (ou feindre de le faire) est une erreur. Détourner l'attention des citoyens en brandissant le chiffon iranien en est une autre. Stabiliser le Pakistan, qui avait été tenu d'une main de fer par le général Mousharraf (comme l'Irak l'avait été par Saddam Hussein), est une absolue nécessité: régler le différend avec le voisin indien, lui aussi doter de l'arme suprême; participer au développement économique du pays, dont une frange de plus en plus grande vit à l'occidentale (voir, à ce sujet, le portrait des deux faces du Pakistan, ce soir, dans la très bonne émission de France 2, "Un oeil sur la planète", en 2ème partie de soirée !); poursuivre la traque des leaders d'Al-Qaida, tant côté pakistanais que côté afghan; associer les Etats voisins à la stabilisation, plus générale, de toute la région. Voilà des objectifs sur lesquels OTAN et pays de bonne volonté ne doivent pas hésiter à "investir". Certes, il faudra continuer à envoyer des troupes, à depenser des millions de dollars... mais, le monde civilisé est en guerre contre le terrorisme. C'est à ce prix que la bombe la plus menaçante pour l'avenir du monde sera désamorcée. Le problème, dans cette partie du globe, c'est que tous les dossiers sont liés les uns aux autres. Obama a fait le premier pas en liant les sorts de l'Irak et de l'Afghanistan. Nos diplomates doivent aussi comprendre que ni l'Iran, ni le Pakistan, ni même le conflit israélo-palestinien ne sont pas des problèmes déconnectés les uns des autres. D'où l'idée, que je renouvelle aujourd'hui, de convoquer une grande conférence internationale, réunissant tous les acteurs, sous l'égide de l'ONU (que Ban Ki-moon prenne, enfin, l'intiative, bon sang !), pour discuter de tous ces problèmes. Après son Nobel, qui est une incitation à la poursuite du dialogue entre les nations, le président américain doit saisir l'occasion. Et vite !
 
Et, à l'heure où je termine de rédiger cet article, une brève, diffusée au 20 heures de France, est tombée: un nouvel attentat-suicide, perpétré sur un marché bondé d'une ville du nord-ouest du pays, a visé un convoi militaire. On ne sait évidemment pas si les talibans en sont à l'origine; même si c'est plus que probable (compte-tenu du contexte). En tout cas, le bilan provisoire fait état d'au moins 40 morts. Le carnage continue...
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S
<br /> <br /> J'ajoute du même site mediarabe une série d'articles qui attestent des projets bellicistes de l'axe hezbollah-iran.. Une réalité bien loin des chances qu'une négociation peut offrir..<br /> <br /> http://www.mediarabe.info/spip.php?article1692<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> Justement, je me suis posé la question : que peuvent apporter des négociations avec l'Iran ? Je crois qu'il faut distinguer un régime et le peuple (qui est d'ailleurs fort divers : entre les<br /> perses,aéris, kurdes, bakhtyari, luristani, baloutches, arabes, turkmènes etc). Le régime des mollahs est plus que contesté dans la population comme on a pu le voir, et ses soutiens sont les<br /> basidjis, une milice de près de 6 millions d'affiliés qui encadrent la population (vous êtes sur d'avoir un milicien dans votre voisinage) et ils ont tout pouvoir sur vous. Que faire dans ce cas ?<br /> Négocier avec un régime honni qui n'a que la surenchère violente pour s'accorcher à ses subsides. Les revenus du pétrole ont été confisqués par les caciques du régime (qui d'ailleurs font transiter<br /> vers la turquie une partie de la drogue afghane... bénéfice oblige) tandis que la population s'est appauvrie. Pour toutes ces raisons, je pense qu'il ne faut pas négocier avec des oppresseurs, que<br /> ce soit l'iran ou ses pantins ultra violents hezbollah et hamas. Je vous invite à lire cet article du courageux Mediarabe ( http://www.mediarabe.info/spip.php?article1750 ) qui nous rappelle que le<br /> proche orient régle ses différends par la force pas par la négociation à l'occidentale..<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Evidemment: ce qui est valable pour la Russie l'est aussi pour l'Iran. On doit différencier le régime en place du peuple qui ne l'a pas forcément démocratiquement choisi.<br /> <br /> Ceci dit, dans les relations internationales, on est bien obligé de négocier avec quelqu'un. Tout illégitime que soient les dirigeants iraniens, ce sont eux qui sont présents à la table des<br /> négociations, à l'ONU, ou auprès des gouvernements occidentaux via leurs ambassadeurs.<br /> <br /> On ne peut pas non plus les ignorer... ce qui risquerait de provoquer, dans la population, un sentiment anti-occidental sur lequel le régime ne manquera pas de surfer pour renforcer ses positions.<br /> Et on sera alors parvenu à l'inverse de ce que l'on voulait.<br /> <br /> Je le redis: tout cela est compliqué. Et, je crois, que la main tendue d'Obama est un coup à tenter. On verra bien ensuite !<br /> <br /> [Je prend note, avec intérêt, de vos conseils de lecture]<br /> <br /> <br />
S
<br /> Bonsoir Aurélien, tout d'abord, je vous envoie mes voeux virtuels de rétablissement rapide. Finalement, être contraint de rester à la maison vous laisse plus de temps pour la blogosphère ! Pour<br /> revenir à votre article, je me permetterais plusieurs remarques. L'Iran soutient logistiquement les milices contre lesquelles se battent les forces de l'Otan en Afghanistan : même un reportage de<br /> France24 le montrait (même si ce n'était pas son but). Un Iran belliqueux dont on se demande pourquoi, étant doté de réserves faramineuses en pétrole et gaz, aurait subitement besoin de se doter<br /> illico de la technologie nucléaire... Cet élément de déstabilisation régionale est aussi une zone de transit pour les combattants irakiens qui se sont repliés en Pachtounistan VIA le Balouchistan<br /> qui fait frontière entre le Pakistan et le pays des Mollahs. Un balouchistan réparti entre les deux pays et qui a tenté par la guerre civile d'obtenir son indépendance, ce qui a donné lieu à un<br /> terreau propice à toutes sortes de milices en provenance du proche orient... La boucle est bouclée, si je peux me permettre de le dire. Je pense que la question sous jacente est celle des<br /> frontières et des peuples: les frontières sont héritées de la colonisation britanniques et du Grand Jeu avec les Russes.. Dès lors doit on maintenir des Etats artificiels comme le Pakistan quand la<br /> diversité des peuples y est telle qu'un Pathan de Peshawar n'a pas le même mode de vie qu'un Sindhi de Karachi ou qu'un Baloutche de Quetta. Le Pakistan est au bord de l'implosion parce qu'il est,<br /> à mon avis, une création artificielle qui n'a tenu que grâce à des projets bellicistes : extension vers l'Afghanistan, conquête du Kashmir qui a mené à plusieurs guerres et autant de défaites face<br /> à l'Inde. Quand on sait que le chef de la mafia de Bombay est réfugié au Pakistan et qu'il a fourni le soutien logistique pour les attentats de novembre 2008, on se pose la question s'il y a<br /> vraiment une solution à l'occidentale fondée sur le seule développement économique. Car, qui dit richesse ne dit pas nécessairement occidentalisation : les saoudiens sont les promoteurs d'un islam<br /> intégriste qui prend le pas sur les islams régionaux généralement plus impregnés d'histoire et de traditions locales. DAns tous les cas, l'Otan ne peut se permettre, je pense de partir en<br /> abandonnant à nouveau la région à toutes les milices salafistes,qui, tôt ou tard, reprendront leur projet de conquête religieuse violente.. Iran, Pakistan, c'est le quitte ou double : une victoire<br /> OU une défaite, mais aucune négociation possible!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bonjour Sacha et, merci de ces précisions.<br /> <br /> Je retiens deux choses de votre remarque:<br /> - le Pakistan est une mosaïque d'ethnies comme certains pays africains. Le redécoupage des frontières est, évidemment, une solution de long terme... mais est-il possible d'engager un tel chantier?<br /> Les pays en question, leurs dirigeants et leurs habitants, sont-ils prêts à bouleverser ces limites? Pas sûr. D'autant qu'une partie de la population, celle qui vit à l'occidentale (et à laquelle<br /> le 1er reportage d'un Oeil sur la planète était consacré, hier soir), se satisfait de cette mosaïque ethnique. Pour eux, qui vivent "bien", c'est une richesse.<br /> <br /> Le problème, dans ces pays créés de manière artificielle, c'est que la pauvreté ambiante crée une concurrence et des replis communautaires. Telle ethnie se dit victime de la domination, politique<br /> et économique, de l'autre... qui devient sa rivale. Ce fut un objet de débat, par exemple, en Irak, au moment de la transition après la chute de Saddam. Si on règle la question des conditions<br /> de vie de tous les habitants de ces pays, les rivalités disparaîtront et la paix sociale s'installera.<br /> <br /> - il est clair, enfin, de ne pas négliger la menace iranienne. C'est certain. L'instabilité actuelle du Pakistan me semble plus inquiétante. Mais, les problèmes que connaît la région n'étant pas<br /> déconnectés les uns des autres, la question iranienne se pose aussi. Et surtout ce financement, par les mollahs, des milices qui, aussi bien côté pakistanais que côté libanais ou palestinien,<br /> gangrène tout le Moyen-Orient, créant des foyers d'instalibilité. Négocier avec l'Iran, c'est peut-être parvenir à affaiblir l'action du Hamas ou du Hezbollah...<br /> <br /> Tout cela est très complexe. La remise à plat de toutes les questions, à travers des discussions qui sont le gage d'une acceptation de toute décision prise par les peuples concernés, m'apparaît<br /> donc nécessaire. Après la victoire militaire de l'OTAN dans la région !<br /> <br /> <br />