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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Policier mis en examen: un peu de courage !

La campagne 2012 manquait de faits divers !... Et voilà que la mise en examen d'un policier, soupçonné d'avoir tiré sur un délinquant sans être en position de légitime défense, suscite la polémique. Remarquez: cette affaire crée un bien beau clivage dans la campagne présidentielle, permettant aux citoyens-électeurs de différencier, clairement, la gauche de la droite.

 

Côté gauche: François Hollande a clairement expliqué qu'il n'entendait pas intervenir dans une affaire judiciaire en cours et qu'il fallait laisser la Justice faire son travail. Il ne dénonce pas, clairement, la mise en examen du policier (qui n'est pas pour autant incarcéré) et en profite pour rappeler que cette affaire témoigne avant tout d'un manque de moyens dont dispose la police face aux délinquants, mieux armés. Il rappelle par ailleurs que le problème de la récidive, dont le jeune abattu était un adepte, n'est pas non plus réglé, malgré les lois successives votées sous l'ère Sarkozy. Soucieux de se présidentialiser, il a reçu les principaux syndicats de policiers, tel un Président en exercice, dans une salle de réunion de son QG de campagne et, tel un Président en exercice, il a expliqué, sur le plateau des "Paroles et des actes", qu'il n'entendait pas légiférer suite à cette affaire. Les policiers ne veulent pas d'une nouvelle loi, y compris d'une présomption de légitime défense, mais attendent plus de moyens pour faire respecter la loi et exercer leur mission d'utilité publique dans de bonnes conditions, sans risquer leurs vies. Côté proposition, le candidat socialiste indique qu'il ferait en sorte que ce fonctionnaire mis en examen conserve son poste ainsi que sa rémunération, afin d'appliquer pleinement la présomption d'innoncence, en attendant que la justice ne prenne la décision finale !

 

Côté droite: Nicolas Sarkozy a rappelé, sur le même plateau télévisé, que son rôle de Président consistait à agir, chaque fois qu'une affaire surgit dans l'actualité et que les acteurs de cette affaire attendent des réponses de la part du politique. Volontariste, il explique que la présomption de légitime défense (une proposition qu'il aurait fait avant le FN et qui était dans son projet dès avant le 1er tour... mais qui, vérification faite, n'est pas dans sa profession de foi !) est désormais nécessaire. Un de ses soutiens (j'avoue ne plus savoir lequel... peut-être M. Guaino) explique en quoi cela consiste: en clair, une inversion de la procédure judiciaire. Normalement, cette procédure est la suivante: événement - audition - mise en examen - enquête - procès. Avec cette nouvelle disposition, cela deviendrait: événement - audition - enquête - mise en examen si culpabilité forte - procès. Soucieux de faire du pied à l'électorat mariniste, le Président-sortant sort également de son chapeau une autre proposition phare du FN en manière de lutte contre l'insécurité: l'application d'une perpétuité rélle, sans remises de peine ni libérations anticipées. De quoi faire un carton dans l'électorat populaire !

 

Mon analyse en trois points: 1- Il est évident que l'attitude de François Hollande, qui a eu l'intelligence de "jouer" au Président en une après-midi, est la meilleure. Les Français sont agacés des lois émotionnelles, même s'ils sont bouleversés par le fait divers qui en est la cause. 2- Je ne vois pas en quoi la présomption de légitime défense, consistant à ce que l'Etat montre "sa pleine confiance en un policier dans l'exercice de ses fonctions plutôt qu'en un délinquant dans l'exercice de ses fonctions", apporterait aux fonctionnaires concernés. Dans tous les cas, une enquête est nécessaire. Celle-ci doit être menée par une justice libre, non soumise aux pressions politiques que MM. Sarkozy et Guéant ont symbolisé dans cette affaire (car, tout en se disant soucieux de l'indépendance de la justice, ils contestent la décision du juge, le non-appel Policiers-sur-les-Champs.jpgdu Procureur... en affirmant de pas s'immiscer dans l'affaire !). 3- Pour un Président qui dit ne pas céder aux pressions de la rue, voilà un bien beau démenti. Quand les syndicats (il est vrai, ils défendent les "faux" travailleurs, pas ceux qui se lèvent tôt et qui triment sans se plaindre !) dénoncent et manifestent, le pouvoir ne plie pas. Quand des policiers, exaspérés par une situation dont le pouvoir en place est partiellement responsable, défilent (illégalement, d'ailleurs - photo), une proposition de loi arrive sur la table... Double-langage, ou (réel) manque de courage politique?

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