Paris-Strasbourg en deux heures vingt !

C'était aujourd'hui l'inauguration officielle de la ligne à grande vitesse est européenne (et non est-européenne !) qui relie désormais Paris à l'Allemagne via Strasbourg. Ce projet, médiatisé par le record du monde de vitesse, a été largement relayé auprès des populations: la motrice du record a été installé pendant une semaine sur les berges de la Seine à Paris (j'y étais personnellement: photo), permettant aux touristes de rencontrer le conducteur du record, et permettant de visiter ce train qui est entré dans l'histoire du chemin de fer français... mais aussi européen. Car, cette ligne est avant tout un projet européen qui permet de relier Paris, l'une des capitales européennes qu'est Strasbourg et les grandes villes de l'ouest allemand.

Mais cette ligne, qui sera ouverte commercialement demain (avec les premiers voyageurs), n'est que le point de départ d'un plus vaste projet de "Dorsale européenne" (appelée aussi la Magistrale) qui vise à relier les grandes capitales européennes: ainsi, les Allemands ont à coeur de voir Paris reliée à Vienne (Autriche) et Bratislava (Slovaquie), en attendant d'aller encore plus à l'est. Paris devient ainsi le noyau ferroviaire des lignes à grande vitesse, quatre principales branches partant de la capitale française: vers le nord-ouest avec le Shuttle (direction Londres), vers le nord-est avec le Thalys (vers Bruxelles et Amsterdam), vers l'est avec le TGV est européen (direction Strasbourg et Francfort, Stuttgart et Zurich) et vers le sud-ouest (direction l'Espagne). Le TGV au service de l'intégration européenne, voilà de quoi être fiers !

Petit bémol: ce bijou technologique, qui permet de diviser par deux les temps de parcours, a un prix... et ce sont les usagers qui vont payer. Quoi de plus normal (dans la mesure où ils accèdent à un service de très haute qualité) ! Heureusement, le TGV concurrençant l'avion, celui-ci devrait coûter moins cher, et les prix de la SNCF pourraient baisser, surtout si vous réservez longtemps avant votre voyage (ce qui n'est pas évident). La baisse devrait toutefois être minime car la SNCF a déjà des arguments commerciaux efficaces: 1- durant tout le trajet, les hommes d'affaires (première cible de l'opération) peuvent travailler contrairement à l'avion (les phases de décollage et d'atterissage n'y sont pas propices) ; 2- les gares, quand elles ne sont pas en plein centre-ville (gare de l'est à Paris ou gare de Strasbourg, rénovée à cette occasion), sont reliées aux différentes villes des régions traversées par le réseau TER.

Reste quelques perdants: certaines viles, déjà enclavées de par leur situation géographique, sont les oubliées du projet, les liaisons TER avec les nouvelles gares (Champagne-Ardenne, Meuse et Lorraine) ne sont pas à la hauteur: ces villes ne connaîtront donc pas le développement, déjà promis à des cités comme Reims, Nancy ou Mulhouse. Toutefois, des projets seraient à l'étude pour résoudre au plus vite ce défi: on peut d'ores et déjà se féliciter de voir la SNCF jouer pleinement son rôle d'aménageur du territoire, mettant ses compétences aux services des entreprises et des territoires.