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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Aéroports: libérez les otages !

Chaque fois, c'est la même rengaine: "il est intolérable que des grévistes empêchent les honnêtes citoyens d'aller travailler et de voyager... surtout quand il s'agit d'aller rejoindre leur famille pour passer les fêtes de fin d'année!" s'exclament ministres et élus de la majorité. Et celui qui doit jouer le rôle du "plus responsable" (aujourd'hui, Thierry Mariani, ministre des Transports) d'appeler à trouver un équilibre entre le droit de grève et le droit à la circulation des passagers ! Bien dit ! En cette période de Noël, ce n'est pas la SNCF qui joue le rôle du méchant. Un temps, au début du mois, on aurait pu l'imaginer puisqu'un des syndicats de conducteurs avaient lancé un appel à la grève pour les quatre week-ends de décembre... avant que, rapport de force inversé, la direction accepte les négociations et donnent satisfaction aux revendications syndicales.

 

Cette fois, le nominé dans le rôle du "méchant" est... le personnel de sécurité des principaux aéroports français ! Et, invariablement, le gentil est interprété par cette foule d'anonymes, interviewée par les reporters des médias nationaux, qui hésite entre soutenir le mouvement du bout des lèvres et dénoncer les conséquences de la grève pour leur quotidien... Jusqu'à ce qu'un audacieux clame son ras-le-bol d'être pris en otage ! Le mot est lâché. Les politiciens s'en emparent. Et le débat repart: voilà le gouvernement confronté à une nouvelle prise d'otages. Que fait-il? Il menace ("si vous ne lâchez pas les otages, nous interviendrons"). Puis, il agit (vote d'un nouvelle loi en urgence sur le service minimum dans le secteur aérien + envoi de la police pour suppléer les agents de sécurité manquants à l'appel).

 

Problèmes? La méchante opposition s'en mêle:

1- Le patron du groupe des députés PS fait remarquer qu'en menant une concertation et des négociations en amont (avant que la grève ne prenne l'ampleur qu'elle connaît actuellement), le mouvement aurait été évité. Opposition 1 - patronat 0.

2- Grâce aux reportages incessants dans les JT, le citoyen lambda constate une choses: la très grande majorité des grévistes (aussi bien les leaders syndicaux que les manifestants portant leurs banderoles dans les halls d'embarquement) est "de couleur". Très peu de blancs parmi les agents de sécurité: signe d'une France qui laisse aux grands noirs et aux grands maghrébins les tâches de vigiles des supermarchés, de videurs de boîtes de nuit... et maintenant d'agents de sécurité dans les aéroports?

3- A force d'explications détaillées, entendant tous les points de vue, le téléspectateur avisé constate également que la sécurité a été confiée à des sociétés privées qui, 11 septembre oblige, sont contraintes d'engranger des dépenses majeures dans le matériel (portiques, scanner en 3D...). De là à dire que l'argent ainsi englouti ne tombe pas dans les poches d'agent mal considérés, sous-payés et exploités dans des conditions de travail peu enviables (horaires décalés, bien au-delà des 35 heures hebdomadaires), il y a un pas que les syndicalistes franchissent.

 

Et, pendant ce temps, la majorité s'active à rédiger cette nouvelle loi sur un service minimum dans le domaine aérien. De l'avis général à droite, la même loi dans le domaine ferroviaire (SNCF, RATP et autres sociétés de bus urbains) a produit ses effets. Outre que "aujourd'hui en France, les grèves ne se remarquent plus" (dixit le président Sarkozy), il semblerait que le dispostif n'ait que des avantages. Ainsi, les députés UMP s'apprêtent à la généraliser... avant quatre ans de retard (l'un d'eux n'ayant pas peur d'affirmer, face aux caméras, que "nous nous sommes arrêtés en chemin; il faut donc achever le travail commencé"). Le but du texte? Obliger les grévistes à se déclarer 48 heures auparavant pour que la direction puisse, légalement, les court-circuiter en réorganisant les plannings en fonction des personnels non grévistes (y compris ceux qui ne devaient pas travailler ce jour-là) ou en mobilisant des armées de réservistes. C'est ce que le subtile ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a prévu dans le cas présent: déployer des centaines de policiers dans les aéroports pour remplacer les grévistes. Et si on constitutionnalisait le droit de piétinement du droit de grève? Au nom des milliers de futurs otages qu'une telle disposition permettrait de sauver...

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