Deux sujets d'actualité retiennent l'attention, dans la mesure où ils contre-disent le fait que les Français seraient hostiles aux réformes et attachés à leur "confortable" situation actuelle. Même si aucun consensus ne caractérisent ces deux dossiers, le fait qu'ils puissent être abordés - notamment en plus haut lieu - montrent que des réformes, certes symboliques, mais porteuses de sens peuvent aboutir. Il s'agit, d'une part, de la question de la multiplication des échelons de décision en France et, d'autre part, du problème de ce mois de mai qui ressemble à un gruyère plein de ponts... et qui pose notamment problème dans l'Education nationale. Je vais donc développer successivement ces deux sujets.
Commençons par l'organisation administrative de notre pays. Régulièrement, il est question de supprimer l'un des échelons qui, de la Région à la commune, en passant par le département et les communautés de communes ou d'agglomération, n'apportent une lisibilité aussi pertinente que n'est claire la politique de décentralisation du gouvernement. Or, dans cette histoire, c'est bien la clarté de la politique de décentralisation qui est en jeu: si la France se décide enfin à donner à ses régions plus d'autonomie de décision dans des domaines plus variés, pour que les décisions se prennent au plus prêts des citoyens, de leur intérêt et celui de leurs territoires, alorsla question de la suppression des départements se posera. Pourquoi ne faudrait-il pas les supprimer? Parce qu'ils constituent des cadres auxquels les habitants se sont habitués. Parce qu'ils représentent une part de notre identité. Parce qu'ils permettent de mener une grande partie de la politique sociale et de solidarité que l'Etat leur a délégué. Parce qu'ils permettent à des élus de ne pas perdre leurs sièges en cas de suppression. Parce qu'ils sont la base de notre système d'immatriculation des voitures.
Mais, pourquoi est-il intéressant de poser la question? Parce que les régions, au nom de la solidarité entre les Français, constituent un cadre plus large qui permet une meilleure entraide entre les territoires. Parce que les régions sont aussi un des cadres de notre identité. Parce qu'elles peuvent récupérer les moyens financiers des départements, en même temps que leur compétence. Parce qu'une telle réforme permettrait de simplifier les démarches de nos concitoyens. Parce qu'à l'heure d'une construction européenne qui semble vouloir avancer vers une Europe politique et sociale, il faut que les échelons de décision coïncident d'un pays à l'autre et que ces échelons aient des compétences similaires. Faute de quoi toute coopération transfrontalière n'a que peu de sens. Faute de quoi l'Europe des territoires et des solidarités serait fragile. Mais, si un processus de régionalisation était entamée en France, il faudrait bien évidemment veiller au maintien de la solidarité entre les régions, pour que l'écart entre les plus dynamiques et les plus fragiles ne se creusent encore davantage. L'Etat serait alors le garant de cet équilibre entre les territoires.
Pour ce qui est de la situation de notre mois de mai et de la multiplication des ponts liés aux jours fériés, elle mérite aussi un débat que France Info, à travers les forums de son site Internet, a ouvert. Et à la lecture des contributions des Internautes auditeurs de la chaîne, on arrive à deux conclusions: 1- nombreux sont ceux qui snt attachés à la commémoration des évènements du passé au nom du devoir de mémoire, le 8 mai devenant le symbole de la lutte contre les fascismes de l'entre-deux-guerre tout en étant plus vraiment la date anniversaire de la fin d'une guerre qui a déchiré le continent. 2- mais, tout aussi nombreux sont ceux qui, comme moi, pensent que lnos enfants n'ont pas besoin de tels jours fériés pour se souvenir de ces horreurs. Les cours d'histoire suffisent d'autant plus que le public des cérémonies de souvenir des armistices aux monuments aux morts des communes n'attirent que peu de ce jeune public. Lequel en profite pour se payer quatre jours de repos considérant que, le jeudi étant férié, les cours des vendredis et samedi matin sont facultatifs. Et ce pendant deux semaines consécutives !
Qu'il existe, dans l'année, quelques jours célébrés pour commémorer ce que l'on considère comme un symbole, je pense que c'est normal ! A condition qu'il s'agisse d'un occasion de parler de l'avenir, de la solidarité entre les peuples, et non de revenir à des évènements du passé qu'il ne s'agit pas pour autant d'occulter. A condition que ces jours fériés ne soient pas trop nombreux et qu'ils soient donc l'occasion de fêtes. A condition que leur caractère soit purement politique et/ou historique et non plus religieux. Au nom de la laïcité à la française, il faut que les grandes dates du christianisme laissent leur place à des grandes dates, pourquoi pas, de l'histoire de l'Europe. Supprimons les 1er, 8 mai et le lundi de Penteôte pour les remplacer par la célébration du 9 mai, passée presque inaperçue, alors q'il s'agit de LA journée de l'Europe, qui commémore le début d'une aventure dans laquelle nous devons nous inscrire. Quatre dates par an, soit une par trimestre, et c'est tout ! Encore faut-il en avoir le courage. Et, si le débat dérive sur le rythme de travail des salariés et des élèves, que le gouvernement en profite pour résoudre ces questions: que les élèves travaillent moins chaque semaine, leur laissant le temps de s'adonner à un loisir bien mérité, mais qu'ils travaillent plus de semaines dans l'année, voilà une piste sur laquelleje reviendrais en évoquant la réforme du lycée ! En attendant, j'attends vos réactions à ces deux sujets intéressants.