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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Birmanie: le drame d'un monde imparfait

Plusieurs semaines après le passage du cyclone Nargis sur la Birmanie (photo), une réflexion sur ce que ce drame a pu révéler de la marche de notre monde semble nécessaire. Car, de ce genre de drame, des leçons - utiles pour l'avenir - peuvent être tirées. Beaucoup de choses ont déjà été dites, notamment pour déplorer le fait que la junte birmane au pouvoir, auquel aucun nom n'est associé (une dictature sans visage ni identité en quelque sorte), n'ait pas ouvert ses frontières à une aide humanitaire venue de nombreux pays et symbole de cette entraide internationale efficace, avant tout porteuse d'une solidarité magnifique que les peuples peuvent s'apporter. Mais, au-delà de cette seule information, il peut être tiré d'autres conclusions de ce drame birman. J'en compte quatre.

1- le hasard a voulu que la Chine soit frappée par un autre phénomène naturel, un séisme, dans la région du Sichuan, quelques jours plus tard. Et ce hasard a, d'une certaine manière, bien fait les choses. On a pu ainsi comparé la dictature au pouvoir en Birmanie à celle qui dirige la Chine. Malgré l'absence criant de libertés et de respect des droits de l'homme et des minorités dans le pays hôte des prochains JO d'été, on a pu mesurer les progrès réalisés par la Chine. L'ouverture de ses frontières à l'aide humanitaire internationale, decidée par les autorités de Pékin quelques heures après le drame, montre que le pays est en train de s'ouvrir - certs, timidement - sur le monde. L'ouverture économique et sa conversion à l'économie de marché ne sont un secret pour personne. Il faut s'en réjouir, mais aussi savoir s'en méfier: la Chine est l'une de ses puissances émergentes qui a fait sien le modèle capitaliste. Des entreprises s'enrichissent sans que la majorité de la population semble en profiter. La misère des habitants des zones les plus reculées du pays ne regresse pas, l'exemple de ces campagnards venant à Pékin pour travailler sur les chantiers olympiques et gagner l'argent nécessaire à la survie de leur famille le montre. Sans protection sociale, logée dans des cabanes sans la moindre hygiène, entassés à six ou huit par chambres, ces ouvriers ne toucheront leur salaire qu'à la fin des travaux. La réussite du modèle économique chinois doit donc être sérieusement nuancé, mais son ouverture sur le monde saluée. Même si le dialogue avec Pékin reste une nécessité, la plus grande fermeté - en ce qui concerne les grands principes qui définissent l'humanité - face à ce qui est toujours une dictature doit prévaloir ! Ces progrès notables, qu'il faut encourager, contrastent avec la situation birmane... où l'on peut aisément imaginer ce que subit la population.

2- ces deux évènements (cyclone en Birmanie et séisme en Chine), dont les bilans humain, matériel et économique auront été particulièrement lourds, démontrent une nouvelle fois cette inégalité face aux risques naturels et technologiques. Les sociétés les plus fragiles sont celles de ces pays pauvres, où les moyens de secours sont obsolètes et les conditions de vie des risques supplémentaires auxquelles les populations doivent faire face. Ce monde dans lequel les inégalités de développement perdurent n'est pas viable: aider les pays pauvres à se développer, à accéder à la démocratie et à des richesses mieux partagées, est une absolue nécessité... à moins qu'on se contente de ce modèle où, dans nos pays, des ONG sont prêtes à intervenir dès que nécessaire. Un jour, j'ai eu l'occasion d'écrire que je souhaitais la disparition du parti des Verts, ce qui signifierait que l'enjeu écologique serait enfin pris en compte par tous les partis politiques à la hauteur des nejuex qu'il représente. Aujourd'hui, je souhaite que ces ONG disparaissent elles aussi, afin que les pays actuellement pauvres, parce que nous aurons aidé à les développer, n'auront plus besoin de l'aide occidentale de manière aussi massive qu'aujourd'hui. Loin de moi l'idée de voir ses ONG disparaître pour que cessent les dons financiers que je leur fais mensuellement (je suis, au contraire, très fier, d'aider ces populations nécessiteuses !). Malheureusement, le développement équilibré des pays pauvres n'est pas pour demain... quand on voit les efforts - minimalistes - de nos gouvernements !

3- pendant que des milliers de personnes étaient menacées par des épidémies ou le manque d'eau et de nourriture, les militaires au pouvoir en Birmanie organisaient, dans la partie la moins touchée du pays, ce référendum constitutionnel dont ils se sont félicités de voir le résultat conforme à leurs attentes. Pendant que les uns crèvent, sans que l'aide internationale puisse les atteindre assez vite, les autres continuent de ne penser qu'à leur pouvoir. De telles pratiques, que le mot "anti-démocratique" qualifie mal (parce qu'il est bien trop faible !), sont scandaleuses...

4- et, dans cette affaire, les pays riches ne peuvent que déplorer l'attitude de ces dictateurs. Nous ne pouvons rien faire de plus que commenter une situation qui nous épouvante. Nos gouvernements sont aujourd'hui impuissants pour se débarasser de ces dictateurs qui prospèrent en plusieurs points de la planète. Doit-on entrer en guerre contre tous ces pays pour déloger, comme en Irak, des dictateurs au risque d'aggraver la situation et de plonger ces pays dans des affrontements ethniques et/ou religieux? Doit-on poursuivre le dialogue en espérant que, dans leur infinité bonté et au nom du peuple qu'ils affament, ces dictateurs redeviennent raisonnables et, du jour au lendemain, de grands démocrates? Faut-il organiser un boycott économique de ces Etats, en privant nos entreprises de contrats juteux et au risque d'affamer encore un peu plus les producteurs de ces pays? Doit-on recourir à un "droit d'ingérence" que M. Kouchner voulait utiliser dans le cas birman au sein du Conseil de sécurité de l'ONU et entrer de force dans les pays touchés par de telles catastrophes? Cela fait beaucoup de questions. Des questions qui montrent que, malgré leur passivité (le conflit israélo-palestinien en est l'illustration parfaite), nos diplomates font un métier bien difficile. Des questions auxquelles il faudra pourtant bien répondre un jour... et plus tôt sera le mieux !
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