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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Peut-on (encore) vivre sans téléphone?

"Maintenant, j'attends la 21 décembre sans crainte... car je viens déjà de vivre la fin du monde": c'est avec retenue (ou humour?) qu'un utilisateur de Twitter commentait la grande panne du réseau Orange. Pendant près de douze heures, notamment entre la nuit de vendredi à samedi, les uilisateurs d'Orange (et des opérateurs qui utilisent son réseau, tel Free) ont été victimes d'une panne majeure qui les empêcher d'envoyer tout SMS ou de passer tout appel. "Echec du réseau" pouvait-on lire sur les écrans de nos portables. L'information a fait la "Une" de tous les journaux télévisés... Et, ce qui m'étonne, c'est que le mot "otages" (habituellement employé pour les usagers de la SNCF bloqués par les grèves de cheminots !) n'ait été prononcé ni par les utilisateurs interrogés dans Paris, ni par les journalistes qui sont partis les rencontrer pour leur grand reportage de l'été ! Car, à écouter ces gens (notamment les plus jeunes), ces quelques heures sans téléphone ont été un véritable supplice. Certes, il y a des cas, très minoritaires, pour lesquels cette panne de réseau a pu être problématique, comme ces personnes qui, à la descente d'un train, attendaient une personne pour les conduire. Pour les autres, ceux qui n'arrivaient plus à se donner rendez-vous, on voit bien qu'ils sont, effectivement, devenus otages, non de la panne, mais de cet appareil sans lequel leur vie est, semble-t-il, si morne !

 

Les interviewés l'ont bien expliqué: de nos jours, on n'existe plus (socialement) sans téléphone. Avec les smartphones (pour lesquels il faut débourser un forfait tout compris qui montre que la crise est toute relative !), chaque utilisateur peut aller sur son compte Twitter ou Facebook. Sans téléphone, il faut attendre d'être chez soi, sur un ordinateur connecté à Internet, pour pouvoir alimenter ces réseaux sociaux et rester en contact avec le monde. Avec les smartphones, chacun peut avoir une conversation instantanée avec son amoureux(se), ses amis, pour des échanges de SMS illimités pour se raconter tout et n'importe quoi. Sans téléphone, il faut attendre d'être chez soi, sur un ordinateur connecté à Internet, pour pouvoir tchatter avec ses amis ou, pire, utiliser un téléphone fixe pour avoir une "vraie" conversation ! Heureusement, le smartphone, sans réseau, sert aussi de baladeur MP3 pour passer le temps dans les transports en commun ou pendant un jogging. La jeunesse actuelle ne peut plus se passer de cet outil, et rêve sans doute du moment où la médecine pourra le lui greffer ! C'est en ces circonstances que je me rends compte de mon archaïsme: personnellement, j'ai un téléphone "banal" (il est à écran tactile, mais déjà terriblement démodé) avec un forfait bloqué avec 1h de communication, 50 SMS (les payant un par un, je les limite au strict nécessaire)... et toute connexion à l'Internet me coûte une fortune.

 

Désireux de ne pas être trop à côté de mon époque, je me suis inscrit, la semaine dernière, sur Twitter... notamment pour suivre l'actualité de quelques artistes qui m'intéressent (Laurent Ruquier et quelques-uns des humoristes de son émission "On n'demande qu'à en rire"), ainsi que les tweets de quelques hommes politiques. Après dix jours dans ce monde (dès que j'allume mon ordinateur, un onglet Twitter reste ouvert en permance), je dois dire être bien déçu. Là encore, je vois le décalage entre ce qui attire les jeunes de mon âge et mes propres préoccupations. Au final, sur Twitter, à peine 5% des messages ont de l'intérêt. Pour le reste, on navigue entre raconter sa vie (en insistant sur ce qui a le moins de saveur) et faire sa promotion (la plupart des artistes rappelant leurs dates de tournée, le nombre de places restantes... et à quel point leur dernier spectacle à cartonner). Bref, Twitter servirait, en théorie, à créer du lien. Je l'imaginais comme un outil de dialogue et, pourquoi pas, de débat et de réflexion. Au final, ce n'est qu'une façon d'étaler sa vie privée à des inconnus... Mais, c'est tendance ! Que certains s'en donnent à coeur joie, cela les regarde. Ils y trouvent sans doute un intérêt. Pour ma part, je pense qu'après une phase de curiosité, je vais vite décrocher... et abandonner mon compte jusqu'à ce que je le clôture.

 

Ce qui me chagrine encore plus, c'est que la jeunesse française y soit devenue "accro"... et de plus en plus jeune. Aujourd'hui, impossible de fréquenter la cour d'un collège sans voir des dizaines de téléphones sortis pour envoyer des SMS, écouter la musique, réaliser une vidéo (quelque fois au détriment d'un adulte... et postée sur le Web). Alors que la loi empêche aux établissements de les interdire (officiellement, les élèves peuvent avoir leur téléphone sur eux, mais l'usage en est interdit dans l'enceinte d'un collège !), rares sont les élèves à ne pas en posséder un. Rares sont ceux qui n'ont pas ces smartphones de dernière génération, couplés à un forfait tout illimité... payés par des familles qui demandent une aide sociale pour payer la cantine ou les fournitures scolaires ! Mais passons. Une question se pose: les jeunes d'aujourd'hui pourrait-il se passer de leur téléphone? Oui ! Ce n'est qu'une question d'éducation des parents. La preuve? Lors d'un séjour pédagogique, j'ai été amené, avec d'autres collègues, à confisquer les téléphones (des appareils coûteux, que je n'ambitionne même pas de posséder) de nos élèves (45 des 49 participants en possédaient un !). Durant trois jours (sur les 5 du séjour), ils n'y ont eu accès qu'au moment des repas (matin, midi et soir) pour donner des nouvelles à leurs parents (trois fois par jour, cela semble raisonnable). Ils en étaient privés pendant la journée (que ce soit dans le bus ou dans les musées) ainsi que la nuit. Nombreux ont été les élèves à nous remercier, en fin de semaine, de les avoir "désintoxiquer" le temps d'une demi-semaine... car, sans téléphone, ils ont dû trouver d'autres moyens de s'occuper (en chantant dans le bus ou en jouant, le soir, dans la cour de l'auberge où nous étions logé). Ils ont appris, en sortant de l'individualisme dans lequel leur téléphone les enferme, à partager des moments collectifs ! Rien que pour cela, résistons !

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