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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Quand la France revient 300 ans en arrière

En pleine affaire Jean Sarkozy, le chef de l'Etat a, hier, défendu son fils... comme bon nombre de ministres et courtisans. Sauf que Sarko père, qui n'est plus à une contradiction, l'a fait le jour même de la présentation de sa nouvelle réforme des lycées, plus "light" que la précédente. Le problème? D'un côté, il soutient son fils, paraît-il compétent (alors qu'il n'a aucun diplôme universaitaire reconnu - dans le cadre du LMD, le premier est la licence à Bac+3) et motivé, qui demande à être jugé sur ses actes. De l'autre, il souhaite une refonte du lycée (général et professionnel) pour qu'il devienne un meilleur outil d'ascension sociale, permettant de récompenser les jeunes pour leurs capacités et leur mérite. En revalorisant baccalauréat et filières "en perte de vitesse", il souhaite recréer les conditions d'une vraie égalité des chances... au sein de laquelle la promotion par la naissance n'a pas sa place. N'y aurait-il pas comme une contradiction? Sincèrement, j'applaudis au discours du président sur le lycée: cette réforme est une nécessité. Mais, le soutien aveugle qu'il témoigne à son fils, bien né mais peu qualifié pour le poste qu'on lui prête, me dégoûte: pour paraphraser François Fillon, il n'y "a pas lieu de polémiquer". Pour le premier ministre, l'élection (car ce n'est pas une nomination !) du prince Jean est dans l'ordre des choses. Pour moi, cette candidature est illégitime... et il n'y a donc pas lieu de polémiquer ! Il suffit de stopper cette mascarade.
 
La gauche dénonce un fait du Prince. Elle a raison. La majorité, elle, s'enferme dans une logique de Cour inédite. On savait, depuis Mitterrand, que le président de la République, de par ses pouvoirs constitutionnels et sa pratique du pouvoir, pouvait s'avérer être un vrai monarque. Sous Sarkozy, c'est pire encore: il place ses hommes de confiance aux places stratégiques, il est entouré d'une Cour de courtisans qui ne pensent qu'à le flatter - pour sauver leurs postes -, lui et son épouse, la si charmante Carla Bruni. On savait qu'une première Dame pouvait avoit de l'influence sur son président de mari: sous Pompidou, madame se chargeait de la culture, de la décoration du Palais; sous Chirac, Bernadette s'occupait du volet caritatif de la présidence; sous Sarkozy, la "reine" place ses fidèles, apporte au roi ses soutiens du monde culturel. Et tout ce petit monde, formant une belle bulle déconnectée des réalités de de la France d'en bas, nous offre ce spectacle bling-bling... qui écoeure jusqu'à l'électorat du président. Et c'est cette logique de Cour qui est à l'oeuvre dans "l'affaire Jean Sarkozy", au point quelques parlementaires de droite (ainsi que des ministres, en "off") s'inquiètent de voir une partie de l'électorat, dégoûté par la distribution des bonnes places, s'enfuir.
 
Certes, s'il accède à la présidence de l'EPAD, comme il l'expliquait hier soir sur France 3 Ile-de-France, il le devra à trois élections consécutives, au sein du groupe UMP-NC, puis par l'ensemble du Conseil général des Hauts-de-Seine et, enfin, par le Conseil d'administration de cet établissement. La stratégie de com' du fiston est déjà rodée. Il n'a pas choisi l'antenne locale de France 3 au hasard: pour ne pas donner une dimension nationale à cette polémique, il tient à s'adresser à ses électeurs, les habitants de son département pour leur délivrer un message simple: "je veux que l'on me juge sur mes actes et mes résultats" (plagiant son père). Comme Nicolas, Jean est - plus précocement - dévoré par l'ambition. Son prochain objectif: la présidence du département des Hauts-de-Seine, également entre les mains de Patrick Devedjian, le super-cumulard frappé par la limite d'âge à la tête de l'EPAD. Finalement, comme le dénonce la Verte Cécile Duflot, c'est tout le système Hauts-de-Seine, presque mafieux (j'emploie, à dessein, un terme fort), qui perdure: après Pasqua, Sarkozy père et Devedjian, Sarkozy fils va cumuler les grandes fonctions pour faire de ce département le plus riche de France une belle rampe de lancement.
 
Il faut dire que ce fief sarkozyen est tout acquis à la cause du roi et, par contrecoup, de son fils. N'est-ce pas le groupe UMP-NC qui est en train de valider la candidature, mûrement réfléchi, de Jean Sarkozy à la tête de l'Epad? Evidemment. Les époux Balkany (bien connus pour être des élus irréprochables !), qui veillent sur le fiston pour en faire un vrai politicien, disposent d'une influence considérable dans le coin. Et, pour plaire au locataire de l'Elysée, la majorité alto-séquanaise (c'est le nom des habitants de ce département) joue les lèche-bottes: une élue, interrogée sur le profil du prince Jean, a même affirme qu'il "est le meilleur d'entre nous". Conseiller général depuis un an et demi et, déjà, le meilleur de tous ! Quand on vous disait que le talent est héréditaire... là, on ne peut plus en douter. Mais, cela signifierait-il que les autres conseillers généraux, malgré leur expérience passée et leur plus grand âge, sont de vrais nuls? Vu leur attitude et leur effacement dans cette affaire, c'est presque sûr... Et ne parlons pas des ministres qui, pour garder leurs fonctions (alors que se profile le remaniement d'après-régionales, où chacun sera jugé), utilisent la même brosse à reliure. Sauf qu'eux seront, au printemps prochain, reconduits ou virés sur leurs résultats... et pas sur leur niveau de fayotage, évidemment !
 
Chose intéressante que celle qui consiste aussi à regarder ce que la presse étrangère dit de cette affaire. Inutile de lire les titres de l'empire berlusconien, qui ne doit être nullement choqué de cet acte de népotisme, déjà pratiqué dans la péninsule. En revanche, que ce soit en Espagne ou en Allemagne, les grands quotidiens ironisent sur les compétences inées du fils du président, s'étonnant qu'on puisse accéder à un poste de si hautes responsabilités à seulement 23 ans, sans le moindre bagage universitaire convaincant. Mais, qu'ils sont nuls ces journaux ! Ils n'ont pas compris que Sarko, en ardent pourfendeur du capitalisme qu'il est (devenu), était en train de nous démontrer qu'il faut tout changer: finis les PDG ultra-compétents et vieillissants, qui nous ont conduits là où nous sommes. Vive les PDG ultra-jeunes sans diplômes ! Plus sérieusement, il serait temps que le pouvoir comprenne que l'élection du prince Jean nous ramène 300 ans en arrière: on savait déjà le Parlement réduit au rôle qui était le sien sous l'Ancien Régime (enregistrer les décisions élyséennes), malgré quelques rébellions médiatiques. Voilà que le Dauphin, marié à une autre héritière (on croirait rejouer le mariage du futur Louis XIII à l'Espagnole Anne d'Autriche), va obtenir des responsabilités. C'est tragique mais, en attendant le dénouement, il vaut peut-être mieux en rire. Ecoutez la chronique de Stéphane Guillon, ce matin, sur France Inter. En vous souhaitant, à tous, une bien agréable journée (qui s'annonce ensoleillée) !
 
Jean Sarkozy, prince des Hauts de Seine
envoyé par franceinter (source: site Internet de Dailymotion)
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A
<br /> Trois éléments pour compléter cet article:<br /> <br /> 1- le prince Jean, dans sa stratégie de com' (puisqu'il est désormais entouré d'une équipe qui le conseille: sur quels médias intervenir? et pour dire quoi?), a tapé un grand coup hier. Il a<br /> dénoncé "les requins" qui l'attaquent, lui, "le dauphin", sur des faits sans rapport avec sa candidature (son nom, son âge, la religion de sa femme, etc).<br /> <br /> A moins d'être devenu complètement stupide, j'ai plutôt entendu les socialistes parler de ses compétences, de son absence de diplôme... qui, à son âge, sont des handicaps que rencontrent tous les<br /> jeunes de 23 ans (c'est mon âge) pour trouver un job !<br /> <br /> 2- tout aussi drôle, et vraiment bien trouvé, l'initiative de quelques militants du MJS (le Mouvement des Jeunes Socialistes) qui demandent à Nicolas Sarkozy de les adopter pour qu'ils puissent<br /> porter son nom et, ainsi, sans avoir à présenter ni diplômes ni expérience (deux lignes cruciales dans un CV "normal"), trouver un job dans les plus brefs délais. Là encore, l'attaque sur le nom ne<br /> sert qu'à mieux souligner l'absence de compétences suffisantes du prince Jean pour accéder à de telles reponsabilités.<br /> <br /> 3- c'est une information reprise par le Canard Enchaîné, que je veux relayer: il semble que l'Elysée ait orchestré cette prise de pouvoir du dauphin sur la Défense (alors que je pensais le<br /> contraire !). En fait, Sarko veut se débarasser de Devedjian, à qui il a donné le hochet du ministère de la Relance, lequel avait promis de nettoyer les écuries des Hauts-de-Seine.<br /> <br /> De deux choses l'une: d'une part, Sarko a eu raison de ne pas repousser, par décret, la limite d'âge des dirigeants d'étalissements publics (de 65 à 70 ans), ce qui aurait provoqué une polémique<br /> tout aussi pertinente. Cependant, écarter Devedjian parce qu'il représentait une menace sur la pérennité du système Sarkozy, est une faute politique...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> C'est tout simplement inique.Encore 3 ans dans le meilleur des  cas ou 8 ans de Sarkozy...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je viens d'entendre un propos encore plus effarant: celui de Valérie Pécresse, une de ces lèche-bottes du sarkozysme, dont le poste au gouvernement n'est pourtant pas menacée (puisqu'elle le<br /> quittera en vue des régionales).<br /> <br /> La ministre de l'Enseignement supérieur a dit sur France Info: "je vous rappelle que ce n'est pas une nomination, mais une élection. Or, Jean Sarkozy va être élu par ses pairs du Conseil général<br /> des Hauts-de-Seine". Et depuis quand connaît-on le résultat d'un scrutin avant même qu'il ait eu lieu?...<br /> <br /> La réponse est simple: le prince Jean est le candidat d'une majorité UMP-NC de courtisans voulant plaire à l'Elysée, qui a peut-être donnée la consigne. Il sera le seul prétendant (à croire que<br /> personne n'est plus compétent que lui pour présider l'EPAD !). Quelle farce !!<br /> <br /> <br />