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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

La méthode Hollande: ça change !

L'interview du 14 juillet: François Hollande était très attendu pour cet exercice qu'il a remis à l'honneur alors que son prédécesseur ne s'y pliait pas. Personnellement, je l'ai regardé en différé sur Pluzz, n'étant pas chez moi à la mi-journée. Et, au final, j'ai trouvé l'exercice plutôt réussi, tant sur la forme (je l'ai trouvé à l'aise, ni trop rieur, ni trop expert... n'imposant pas cette avalanche de chiffres et de précisions à laquelle Sarko pouvait se livrer pour prouver qu'il maîtrisait ses dossiers !) que sur le fond. En effet, le nouveau chef de l'Etat s'est justifié d'abord sur sa pratique du pouvoir avec des mots simples: "La popularité n'est pas un talent, mais un mérite: il faut la mériter et ne pas se donner en spectacle"; "Je m'efforce d'exercer simplement une fonction exceptionnelle" précisant, plus tard, que ses déplacements en train, s'ils sont considérés comme un gadget par ses adversaires, resteront la règle dans la mesure où ils permettent d'associer la normalité voulue à une baisse du coût pour l'Etat. M. Hollande n'oublie pas d'expliquer le choix de Lionel Jospin, "un homme intègre", pour diriger la commission sur la moralisation de la vie politique ou de Jean-Pierre Jouyet, ancien ministre du gouvernement Fillon, à la tête de la Caisse des dépôts (parce qu'en plus d'être un ancien hollandais, camarade de promotion à l'ENA, il est aussi le plus compétent de sa génération pour cette fonction, ce que confirme sa désignation par les commissions compétentes des deux Assemblées).

 

Enfin, le Président a tenu à préciser ses positions sur des dossiers majeurs: concernant la situation au Sahel, il précise que la France n'interviendra pas directement mais soutiendra, au Conseil de sécurité de l'ONU, une intervention militaire des Africains pour lutter contre Al-Qaida au Maghreb islamique; concernant la situation européenne, il se félicite d'avoir fait bouger les lignes, d'avoir imposé certains de ses engagements électoraux à nos partenaires... tout en rappelant, avec humour et lucidité, qu'il est un des rares dirigeants de gauche (pour un des principaux Etats, en tout cas) dans une Europe toujours dominée par la droite ! Soucieux de montrer qu'il a beaucoup travaillé sur la scène internationale, il a, tel Sarko, fait la liste des sommets auxquels il a participé depuis son accession à l'Elysée (G8, UE, OTAN) pour mieux rappeler que son ambition est de lier les politiques internationale, européenne et franco-française. Réaliste, il confirme donc que toute politique nationale dépend du contexte mondial et que nombre de décisions importantes pour le pays se prennent hors de Paris. Enfin, concernant sa façon de gouverner, il a rappelé sa volonté de ne pas tout décider tout seul: cette ère-là étant achevée, il a inventé un triptyque "expertise, concertation, plan de stratégie à moyen terme" pour montrer que toute législation suivra un chemin précis. Par rapport au précédent quinquennat, il existe donc un cap et une méthode: ça change ! Sans compter l'ambition de consulter les partenaires sociaux et de ne pas se limiter au court terme...

 

Ce qui marque également le début du quinquennat Hollande, c'est la juste séparation des pouvoirs exécutif et législatif. En effet, contrairement à l'ère Sarkozy, où les parlementaires de la majorité étaient fréquemment reçus à l'Elysée ou à Matignon (pour être brossés dans le sens du poil à l'occasion d'un "petit-déjeuner de travail" ou pour être rappelés à l'ordre après un vote contraire au souhait du Président), les parlementaires de l'actuelle majorité sont libres de mener leur travail, sans intervention intempestive du chef de l'Etat. D'ailleurs, cet équilibre entre les deux pouvoirs, on pouvait l'observer à l'occasion du 14 juillet. Je m'explique. Soucieux de ne pas recevoir les deux journalistes (Laurent Delahousse et Claire Chazal, plus efficaces que le duo Pujadas-Ferrari) à l'Elysée, qui ne sont plus la résidence du Président mais seulement ses bureaux, François Hollande a choisi l'Hôtel de la Marine, menacé d'être vendu sous Sarkozy. Or, cet Hôtel magnifique, bordant la place de la Concorde (à gauche sur la photo aérienne ci-dessous), est situé à l'opposé du Palais Bourbon par rapport à l'Obélisque. Les deux monuments se font face et, si l'on dessine cette situation au sol, on pourrait tracer une balance: au centre, l'Obélisque forme une tige soutenant les deux établissements qui représentent, chacun, un plateau. Bref, géographiquement, le chef de l'Etat se situait face à l'Assemblée, à égalité. Un symbole fort !

 

Concorde vue ciel

 

Preuve que le législatif travaille sans pression de l'exécutif, l'épisode de la refiscalisation des heures supplémentaires a prouvé que chacun tient sa place... à tel point que j'envisage de transformer cet épisode en exercice pour mes prochains élèves de 3ème afin de leur faire comprendre le parcours d'une loi. Cet exercice expliquerait les étapes suivantes:

1- L'exécutif donne l'impulsion: le ministre de l'Economie évoque le projet gouvernemental de revenir sur la défiscalisation des heures supp' voulue par l'équipe précédente.

2- Le législatif discute du projet: l'Assemblée s'empare du dossier et, par une discussion en commission, les députés évoquent la refiscalisation dès le 1er janvier, soit une disposition rétroactive (qui, paraît-il, ne serait pas anticonstitutionnelle).

3- L'exécutif reprend la main et rend un arbitrage: soucieux de préserver l'intérêt général et constatant un désaccord au sein de la majorité, le Premier ministre évoque la date du 1er juillet pour relayer la volonté du Président.

4- Le législatif prend la décision finale: prenant appui sur l'arbitrage de Matignon, les députés discutent du projet en séance plénière et votent la refiscalisation à partir du 1er août.

Bref, le pouvoir exécutif impulse et fixe le cap. Le pouvoir législatif discute, amende et vote la loi finale, au nom de l'intérêt général des électeurs français.

 

Complément en date du 2 août: comme chaque année, je réserve une semaine de vacances fin août. Avec deux idées en tête: prendre un grand bol d'air juste avant de reprendre le travail (depuis trois ans, je pars après le 20 août); profiter des heures supplémentaires versées par le Rectorat sur ma paie de juillet. En effet, dans l'Education nationale, il existe deux types d'heures supp': pour les activités régulières, inscrites dans l'emploi du temps, on touche des HSA (Heures Supp' Année), versées chaque mois; pour les travaux imprévus (aide aux devoirs, préparation de voyages scolaires, encadrement d'un concours...), l'Etat paie des HSE (Heures Supp' Effectives), versées en fin d'année scolaire, après que le principal de l'établissement a confirmé que ces heures ont bien été réalisées. Or, cette année, ces HSE n'ont pas été versées fin juillet... Je les toucherai donc vraisemblablement fin août, quand je serai alors rentré de ma semaine de vacances ! L'explication? Si elles m'avaient été payées le 27 juillet, je n'aurais pas à payer d'impôts sur ces heures supp' tandis qu'en me les versant après le 1er août, elles deviennent imposables... L'Etat socialiste aurait-il manoeuvré pour récupérer une part de ces sommes? Je le crains.

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