Le voyage de Kaboul en inspire d'autres

22 Octobre 2009

Hier soir, profitant d'une pause dans mon emploi du temps chargé de cette semaine de pré-vacances, j'ai rédigé un petit "billet d'humeur" sur le renvoi de trois Afghans par la France, sur un vol en provenance de Londres dans lequel 24 autres hommes, de la même nationalité, avaient pris place un peu plus tôt. Ce matin, deux des mes chroniqueurs "préférés" - dont les textes, souvent pleins d'ironie, soulèvent de vrais problèmes - ont, eux aussi, fait le voyage à Kaboul. Le premier, dont j'ai entendu la chronique ce soir (je l'écoute, en rentrant du boulot, sur i-Tunes, faute de pouvoir l'entendre en direct, à 7h55), dénonce une attitude électoraliste, de la part d'un Besson qui, tel son chef, veut ratisser sur sa droite. Et l'ancien (et toujours) complice de Marc-Olivier Fogiel d'expliquer, à son tour, que la situation à Kaboul doit être suffisament bonne pour que ces trois clandestins y soient renvoyés... avec les plus grandes des attentions. En effet, à en croire le ministre de l'Immigration, invité de France Info ce matin, ces trois hommes vont être logés, pendant 15 jours, dans un hôtel de la capitale afghane. Pour faciliter leur retour au pays, ils disposeront par ailleurs d'un petit pécule (2000€): pour la droite française, l'argent fait le bonheur, est le plus grande des valeurs ! Et pourtant, toutes les enquêtes le montrent: les immigrés renvoyés, de force ou non, dans leur pays avec de l'argent donné par la République française (se donnant, ainsi, une image humaniste !) finissent toujours par revenir chez nous. Les Afghans n'y feront pas exception. Quelle politique inutile... mais je vous laisse écouter Guy Carlier, sur Europe 1, en cliquant ICI.

Quant à Jean-Pierre Gauffre, dans le même style, mais sur France Info une heure lus tôt, ce journaliste a préféré parler de l'occasion donnée à ces Afghans de participer au prochain second tour des présidentielles. Sous le titre "L'apprentissage de la démocratie", voilà le texte de sa chronique du 22 octobre: "Quelle bonne idée, cette reconduite au pays d'Afghans en situation irrégulière... Croyez-moi ou pas, mais qu’on renvoie les Afghans chez eux, c’est très bien: c'est même carrément pour leur bien, il faut qu’ils le comprennent. D’abord, Eric Besson a dit que pour les trois qui ont été renvoyés la nuit dernière, il n’y avait aucun risque. Ils étaient pas très loin de Kaboul et c’est une région absolument tranquille, sans le moindre danger. Moi, ce que dit Eric Besson, je le crois (...) Je vais vous dire, ça me donne même des idées pour mes prochaines vacances en famille. Je savais pas trop où aller; j'aime bien les vacances tranquilles et reposantes, pour ne rien vous cacher. Mais la Creuse, l’Ardèche et le golfe du Morbihan, je vous avoue que j’en ai un peu marre. Alors que là, maintenant que je sais que les environs de Kaboul sont peinards, ça m’ouvre de nouvelles perspectives… Une semaine en camping-car, j’ai rien contre…

Et puis écoutez, il y a quand même une logique à renvoyer ces Afghans chez eux. Si on remonte le film, pourquoi est-ce qu’ils sont venus en Europe ? D’abord pour fuir la guerre, l’insécurité, la dictature. Or, on sait bien que tout ça, c’est terminé là-bas: on peut demander aux soldats français, ils confirmeront… Et on a un prix de Nobel de la paix qui va y renforcer ses effectifs militaires, juste pour être sûr que ça reste calme.

C’est donc le moment idéal pour revenir au pays… D’autant que comme ça, c’est formidable, ils pourront voter au deuxième tour des élections présidentielles, le 7 novembre prochain. Ca devrait les mettre en joie. Ils ont appris les rudiments de la démocratie dans la jungle de Calais, ils vont pouvoir les mettre en pratique dans les bureaux de vote de Kaboul; parce qu’on sait bien que parfois, à trois voix près, ça suffit pour faire basculer le résultat d’une élection. Si tout le monde va à la pêche le jour du vote, on peut avoir l’air malin au moment du dépouillement… Demandez à Jospin, il se souvient encore du jour de son départ en retraite… Voilà pourquoi, par ce retour des charters, Eric Besson et la France participent très directement au rétablissement de la démocratie en Afghanistan, en faisant progresser le taux de participation électorale. On est dans notre mission, y a rien à dire… Mais évidemment, vous n’êtes pas obligés de me croire". Je n'aurais pas la prétention de dire que ces deux analystes de la vie politique (car, au fond, avec dérision, ils livrent des analyses parfois plus pertinentes que celles de leurs homologues "experts") lisent Jes6. Au fond, tous ces constats n'étaient pas bien difficiles à trouver... Mais, comme le suggère certains auditeurs, plutôt que de dénoncer la politique du gouvernement, essayons de proposer des solutions. Je vous laisse le soin d'en débattre, en postant vos commentaires. Et, pour vous y aider, vous pouvez écouter Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur, répondant aux propos de M. Besson, ce matin sur France Info. Interrogé par Jean Leymarie, le sénateur de Belfort revient d'Afghanistan et s'explique sur ces politiques de reconduite aux frontières vers ce pays...

Jean-Pierre Chevènement, invité de la matinale de France-info
envoyé par FranceInfo (source: site Internet de Dailymotion)