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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Où en est le Proche-Orient?

J'avais à peine dix ans, en novembre 1995. Un évènement majeur se produisit et, à l'occasion d'un cours d'éducation civique en classe de CM2 (c'est peut-être à ce moment que mon goût de cette matière, que j'enseigne aujourd'hui, est né... c'est même sûr !), mon institutrice nous fit travailler sur un article de presse qui le relatait (et que je possède toujours, soigneusement conservé dans mon cahier de l'époque). Le 4, à Tel-Aviv, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin, un homme de paix, était assassiné. Ce fut le début de mon intérêt pour ce conflit qui, sans exagération ni arrière-pensée, est devenu le coeur de ma réflexion sur le monde d'hier, d'aujourd'hui et, surtout, de demain. "La paix n'a pas de frontières" disait M. Rabin. "La paix n'est pas bon marché, mais la guerre a un coût infiniment supérieur" disait, quant à lui, son successeur, et actuel président de l'Etat hébreu, Shimon Peres (en 1997). Prix Nobel de la paix tous les deux, membres du Parti travailliste, ils ont été les artisans de plusieurs tentatives pour normaliser les relations d'Israël avec ce voisin avec lequel il se bat depuis si longtemps (photo ci-dessous: Shimon Peres à gauche et Yitzhak Rabin à droite, entourant le Palestinien Yasser Arafat - image tirée du blog Jeunesse citoyenne). Jusqu'à aujourd'hui, toutes ces tentatives ont échoué. Et, dans chaque camp, on cherche des bouc-émissaires: pour les uns, les terroristes d'en face, des extrêmistes sanguinaires qui utilisent les civils comme bouclier (ce qui est évidemment 100% vrai !), jusifient de ne faire aucune concession. C'est la position qu'exprime, en ce moment, le nouveau Premier ministre, Benjamin Netanyahu qui, pressé par l'administration américaine de réviser sa position et de faire des propositions, a tenu un discours qui en a déçu plus d'un. Explications.


Et d'abord un petit retour en arrière. Il y a sept mois, fin décembre 2008, se déroulait la guerre dite de Gaza, lancée par Tsahal pour écorner le Hamas, coupable de lancer des roquettes sur le sud du territoire d'Israël, notamment dans cette région de Sdérot avec laquelle je témoignais alors ma solidarité. A l'époque, deux évènements laissaient entrevoir le bout du tunnel: l'élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis (même si le conflit proche-oriental n'est, Afghanistan et Irak obligent, pas sa première priorité) et la tenue d'élections législatives dont le résultat fut plus serré que prévu. La possibilité d'une coalition du centre et de la gauche, sous l'impulsion d'une femme - Tzipi Livni -, apparaissait comme une bonne nouvelle, à l'heure où M. Peres dirige l'Etat hébreu. Désormais, alors que les perspectives d'une paix réussie, qui serait acceptée par les deux parties, semblent s'éloigner, ce sont les prochaines élections dans les territoires palestiniens, notamment la présidentielle, qui vont focaliser notre attention. Et retarder encore un peu plus un éventuel règlement du conflit. La communauté internationale, et la très absence Union européenne, vont vouloir attendre la relégitimation de Mahmoud Abbas, pour relancer un processus sérieux. En espérant, évidemment, qu'une autre mauvaise surprise ne vienne pas changer la donne, à savoir un renforcement du Hamas en Cisjordanie, alors que sa popularité décroît nettement dans la bande de Gaza. La situation serait alors périlleuse, avec un Iran toujours aussi menaçant après la réélection truquée d'Ahmadinejad et le durcissement du régime de Téhéran.
 
Bref, le contexte géopolitique régional n'est pas des plus sereins pour espérer une paix durable. Suffirait-il qu'Obama s'investisse davantage? Peut-être. Mais, le locataire de la Maison-Blanche a déjà fait bouger les choses, en tendant la main aux pays arabes et musulmans qui ont entre les mains une des clés du problème, ainsi qu'en définissant les contours d'un projet de paix (deux Etats viables côte à côte et Jérusalem partagée pour en être les capitales). Il a par ailleurs nommé un haut représentant, habile diplomate, dont les talents sont reconnus, pour réaliser les négociations. Sauf qu'en réponse aux propositions de Washington, qui a abandonné la position du soutien sans faille à Israël (qui ruinait ses chances d'apparaître comme un juste médiateur), le premier ministre israélien n'a pas été à la hauteur. Certes, sur un point, il a reculé: fruit du travail diplomatique de l'administration américaine, il a prononcé le mot "Etat palestinien", suscitant l'extase des commentateurs. Sauf qu'il ne suffit pas de deux mots magiques pour décoincer la situation et résoudre durablement le problème. Surtout quand, dans la suite du discours, il liste toutes les conditions sans lesquelles son gouvernement refusera tout accord. A-t-on déjà vu un diplomate annoncer l'ouverture d'une discussion, en listant tout ce que la déclaration finale devra contenir, et sans avancer le moindre début d'une concession? Dialoguer sur des positions figées, c'est impossible ! Netanyahu n'aura réussi qu'une chose: en apparaissant si exigeant (ce qui se comprend, du côté de ces Israéliens vivant dans la peur des bombes), il a réussi à faire passer le modéré Abbas pour un interlocuteur peu fiable et fermé, lequel s'est évidemment empressé de rejeter des discussions sur la base de ce qu'annonçait Bibi. Comment pouvait-il en être autrement?
 
Il va donc falloir réunir au moins trois conditions pour parvenir à un accord entre Israéliens et Palestiniens. 1- le peuple palestinien va devoir montrer au monde, et à son voisin, qu'il n'est pas composé de terroristes en puissance, séduit par les sirènes d'un extrêmisme religieux et combattant hors d'âge; 2- le gouvernement israélien, dont l'équilibre est précaire compte-tenu de la disparité de sa composition, va devoir comprendre qu'on ne peut pas demander tant de concessions à l'adversaire (disons plutôt, le partenaire !) sans en faire soi-même, à moins de vouloir porter la responsabilité d'un échec; 3- le communauté internationale va devoir faire preuve d'unité et de fermeté pour qu'un grand sommet régional, regroupant tous les acteurs et mettant tous les sujets sur la table, soit réuni. L'UE va devoir enfin se bouger le c... en demandant un cessez-le-feu généralisé pendant le mois, les deux mois, les six mois que dureront les négociations. Chaque pays désignera un représentant pour le Proche-Orient qui, en plus du ministre des affaires étrangères, sera chargé des discussions. "Le désarmement extérieur passe par le désarmement intérieur. Le seul vrai garant de la paix est en soi" (le Dalaï-lama). Méditons sur cette pensée d'un homme de paix qui nous invite à un travail intérieur. Les Israéliens (j'entends par là, leur gouvernement) n'obtiendra la paix que s'il fait l'effort de la désirer au plus profond de ses tripes. je ne rends par les Israéliens responsables des malheurs qui leur arrivent. Disons que les torts sont partagés. Ceux qui n'arrivent n'a pas à cete conclusion ne sont, selon moi, pas prêt à une paix durable. Y compris du côté palestinien, iranien, libanais ou syrien... où les extrêmistes cultivent la mort, la haine de l'autre, en exploitant honteusement la détresse des leurs. Il faudra du courage, de l'audace et de l'humilité aux négociateurs pour parvenir à ce que nous voulons tous... le jour où ils décideront d'y arriver !
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S
Vous m'aviez parlé d'un article sur le proche-orient. Alors je me permets de réagir sur plusieurs points. 1- Il est généralement omis que les implantations juives en "Cisjordanie" = Judée et Samarie historique, ne sont bien souvent que des villages batis à l'emplacement de localités juives détruites par les arabes lors de la guerre de 48-49. (J'ai écrit un article à ce sujet sur le Gush Etsion). A-t-on tiré les leçons de l'histoire ? Ce n'est pas en nettoyant la région des populations juives que les pays arabes ont voulu la paix. Procéder de la même façon ne mènera à rien, si ce n'est à légitimer l'extrémisme et une forme de racisme. En quoi cela pose problème qu'une ferme et des champs soient cultivés par des familles juives? Est-ce un obstacle pour la paix? 2- Vous allez me dire "Et les check points?" Il n'y avait pas de check points tant qu'il n'y avait pas d'attaques terroristes. Et il n'y aurait pas de présence militaire de protection si les civils juifs n'étaient pas l'objet d'attaques constantes (à ce sujet une série d'articles de mon blog montre que les attentats existaient bien avant la soit-disant occupation, et prouve que le problème n'est pas à chercher de ce côté. Comment expliquer sinon les attaques incessantes depuis les années 1950? ) 3- L'Union Européenne est au contraire omniprésente, notamment dans le financement d'écoles, des salaires des fonctionnaires, d'ONG politiques judéophobes. C'est surtout au niveau des contrôles qu'elle devrait réagir. Est-il acceptable que 41% des sommes allouées aux fonctionnaires, employés administratifs, paient en réalité des miliciens (et donc oppriment la société arabe en premier chef) ? Est-il normal qu'un français paie la rédaction et diffusion d'un manuel scolaire appelant au meurtre des israéliens et aux attentats suicides ? Enfin, doit-on accepter que l'Europe finance avec les USA une institution (l'UNRWA) qui dispose de 19 000 fonctionnaires quand moins du tiers travaillent dans le monde pour les 30 millions de réfugiés du HCR ?<br /> 4- Ce sont des questions qui forment la réalité du conflit. On entend ici ou là que Netanyahu ne veut pas la paix. Mais avec qui ? Le hamas ou la fatah (qui dans leur charte appelent à la destruction d'Israel) Pour leur laisser quel Etat ? C'est la société civile arabe qui doit être reconstruire sur des bases saines avant de parler de paix. Pour info, la plupart des chrétiens de "cisjordanie" partent s'établir en israel pour ne plus subir les persécutions des autorités... Significatif. Ma dernière remarque concerne une conférence internationale. A quoi servira-t-elle quand on voit déjà l'incurie de l'ONU et les multiples conférences sur l'Afghanistan qui n'ont conduit à rien ? Je crois qu'il y a des sujets bien plus importants, comme la misère endémique en Afrique, le sida, la malnutrition de centaines de millions d'enfants...
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A
<br /> Merci de toutes ces précisions. Je vais prendre, dans le courant de la semaine prochaine, une fois la rentrée (et toutes ses difficultés organisationnelles) passée, le temps de mieux lire votre<br /> blog. Et surtout d'y réagir. Car, le conflit au Proche-Orient me passionne depuis longtemps. Je l'explique dans l'article. J'ai largement parcouru le Net et la blogosphère au moment de l'attaque<br /> sur Gaza pour mieux comprendre ce que les médias français expliquent parfois mal...<br /> <br /> De votre commentaire, je retiens deux choses:<br /> - que l'UE soit impliquée financièrement dans la région, sans prendre garde à la destination de cet argent, j'en avais conscience. Ce que je déplore c'est son manque d'activisme diplomatique (comme<br /> l'absence de Tony Blair le prouve), laissant à la Turquie, à Moubarak ou Obama les opportunités. Pour l'Européen convaincu que je suis, qui n'attend que le jour où l'Europe diplomatique existera,<br /> c'est un crève-coeur;<br /> <br /> - sur la conférence internationale, nous sommes d'accord sur le peu de poids que l'ONU a dans le monde désormais. Mais, une grande réunion avec tous les acteurs (UE, Etats-Unis, pays arabes,<br /> protagonistes régionaux, Russie) aurait peut-être des effets, comme celle qui a vu la naissance de l'Union Pour la Méditerranée. J'ose l'espérer. Mais, vous ne semblez pas partager cet avis?...<br /> <br /> A bientôt sur nos blogs.<br /> <br /> <br />