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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

La France, toujours la plus forte?

Même en pleine semaine de détente, où je pensais plus à me reposer ou visiter de beaux lieux d'histoire, je n'ai évidemment pas pu échapper à la médiatisation de cette épidémie du virus H1N1, dit "grippe porcine" puis "grippe mexicaine" et enfin "grippe A". Il faut dire qu'au nom du principe de précaution, et parce que ce virus peut (ce n'est qu'une possibilité à ne surtout pas négliger), infecter et tuer des centaines, voire des milliers de personnes, il fallait mener cette campagne d'information... qui a d'ailleurs fait défaut dans des pays comme l'Espagne, nettement plus touchée que nous (d'après les décomptes de cas avérés par l'OMS). De là à dire que la France est évidemment le mieux préparée de tous les pays du monde (j'ai entendu, une fois, cette affirmation !), il y a un pas que les membres du gouvernement franchissent plutôt deux fois qu'une. Et bon nombre d'observateurs, membres de l'opposition ou éditorialistes, de rappeler le fameux épisode du nuage de Tchernobyl qui devait s'arrêter aux frontières de la France (exemple bien connu de tous, tant il nous est ressorti dès que possible). D'autres, aux capacités d'analyse bien plus développées, rappellent les petites phrases d'une certaine Christine Lagarde, ministre de l'économie, confrontée l'an dernier à une autre contagion, qui a déjà laissé bien plus de personnes sur le carreau: la crise financière. A l'époque, elle nous jurait, la main sur le coeur, que la France était protégée de tout risque de dégradation de son économie, grâce à ce modèle social que notre Président n'avait, deux ans plus tôt, pas de mots assez durs pour le condamner. Et le premier des ministres allait même jusqu'à dire, une fois la crise arrivée, que ce même modèle serait la force de la France pour aborder plus sereinement que les autres le fameux moment du redécollage. Bref, une fois la crise passée (on nous en promet la fin pour début 2010), tout ce qui symbolisait le délitement de la responsabilité individuelle (en un mot, l'assistanat) devenait la meilleure des protections.
 
Je ne vais pas souligner le décalage entre les discours et la réalité. Les dernières prévisions de l'UE pour la croissance française en 2009 (-3%) ou encore les révélations de Libération sur de nouvelles pertes de la Société générale dans des opérations plus que douteuses, devenues symboles d'un capitalisme fou non régulé, sont là pour le montrer. Je ne soulignerais pas plus longuement le caractère anesthésiant des belles paroles ministérielles, qui permettent de mieux faire passer des réformes paraît-il vitales pour le pays mais largement contestables (et contestées). Je ne m'attarderais pas non plus sur le manque de réactivité et d'audibilité des socialistes, qui laissent une place extraordinaire à d'autres opposants, NPA et syndicats en tête. Ce qui m'intéresse surtout, c'est cette capacité de nos politicien(ne)s à prétendre que la France est, quoi qu'il se passe dans le monde, toujours la meilleure. Ici, on parle du pays le mieux préparé au monde pour faire face à une éventuelle propagation du virus. De fait, en terme de stocks de masques (photo) et de médicaments, désormais réservés aux hôpitaux, notre pays dispose d'une couverture plus que convenable. Mais, n'est-ce pas faire preuve d'un très inquiétant égoïsme que de le clamer si souvent et si fort? Que la France soit parmi les plus protégées, et qu'elle puisse faire face à une situation qui deviendrait (on ne sait jamais) hautement dangereuse, tant mieux ! Et il faut en féliciter les gouvernements successifs de ces dernières années qui, depuis l'apparition du virus H5N1 (celui de la grippe aviaire venue d'Asie), ont constitué ces stocks si précieux. Mais que se passera-t-il si nos voisins sont moins bien couverts? Si, comme en Espagne en ce moment, le niveau d'information et les stocks de médicaments ne sont pas aussi satisfaisants? Faut-il se satisfaire d'être l'île la mieux protégée au milieu d'un océan infesté? Comme le souligne l'éditorialiste du journal local Le Courrier de l'ouest, que j'ai eu l'occasion de feuilleter pendant ma semaine de vacances, ce qui nous menace bien plus dangereusement que le virus H1N1, c'est l'égoïsme.
 
J'entendais, lors d'un de ces très nombreux reportages diffusés dans les médias, que les laboratoires ne pourraient pas fabriquer simultanément le virus contre la grippe saisonnière (qui, rappelons-le, tue des centaines de personnes chaque hiver) et celui, s'il est rapidement découvert, qui pourrait protéger les plus faibles (notamment les jeunes) du nouveau virus. Et, dans le même temps, on apprend que Roselyne Bachelot a échoué à convaincre ses homologues européens d'interrompre les vols à destination et en provenance de Mexico. N'aurait-il pas été plus pertinent de mettre en place un plan de coordination sanitaire européen, demandant aux laboratoires français de produire un seul vaccin (contre la grippe saisonnière) mais en quantité suffisante pour en procurer à nos voisins, pendant que les laboratoires allemants ou espagnols interrompraient leurs productions de ce vaccin pour se concentrer sur la production du vaccin anti-grippe A en quantité suffisante pour nous en fournir? Le problème est que, chacun dans notre coin, avec des réunions de crise qui adaptent les mesures nationales aux recommandations données par l'OMS, et sans chercher à saisir l'occasion pour nous protéger, tous, Européens, nos dirigeants échouent encore. A démontrer aux citoyens de l'Union que l'Europe peut servir concrètement à quelques chose. Mais aussi à développer un sens toujours plus aigu de la coopération et de la confiance entre les Etats membres. Un exemple? L'institut Pasteur a mis au point, très récemment, un nouveau test qui permet de dire si un malade est infecté par le virus de la grippe A en moins de douze heures... alors que, dans les premiers jours, il a fallu attendre au moins trois jours pour connaître l'existence des premiers cas sur notre sol. Là encore, chaque institut européen cherche, dans son coin, a réalisé ce test. N'y serait-on pas arrivé plus vite en coordonnant nos actions? Soulignons, pour finir, que la réactivité du gouvernement français, l'information transparente donnée par les ministres concernées, la régularité des réunions de crise et la prise des décisions nécessaires - au nom du principe de précaution - me font dire que l'Etat a bien joué son rôle. Et que la crise a été convenablement gérée... même si elle aurait sans doute pu l'être encore davantage.

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C
Bonsoir! Vous avez tout à fait raison de souligner ce discours irresponsable des dirigeants de notre pays quand ils soutiennent qu'il n'y a de difficultés que chez les autres...
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