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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Les campagnes européennes des grands partis

A un mois du vote, la campagne pour les élections des membres français du Parlement européen démarre timidement. Et un premier constat s'impose: si les Français se passionnent si peu pour ce scrutin, pourtant fondamental, c'est que les grands partis et nos hommes politiques nationaux s'en désintéressent totalement. La meilleure preuve? Dans le discours des dirigeants socialistes, qui auront été parmi les premiers à se lancer dans la bataille, le vote doit permettre aux Français de sanctionner le gouvernement. Encore une fois, on brouille l'enjeu en tentant de profiter d'un mécontentement assez fort, et qui n'aurait jamais été aussi visible et diversifié, plutôt que de convaincre que la gauche européenne peut porter un projet cohérent, passionnant et utile aux citoyens. Le seul message à retenir, pour l'instant: si le PSE obtient la majorité, détenue par le PPE aujourd'hui, il fera l'inverse de ce que fait N. Sarkozy en France. Il n'y a pas pire raccourci que ce genre d'argument. Mener une politique européenne, ce qui suppose des discussions, des tractations et des concessions pour parvenir à l'entente d'au moins une quinzaine d'Etats, n'a rien de commun avec une politique nationale. Car, dans l'état actuel des institutions européennes, le Parlement ne peut pas tout faire seul. Sans compter qu'il faudrait que, sur tous les dossiers, avec des intérêts souvent divergents, tous les socialistes européens se mettent d'accord: ce qui est loin d'être gagné ! Et l'argument suivant, qui consiste à dire qu'en cas de victoire de la gauche, M. Barroso pourrait bien sauter (ce qui serait une bonne chose), n'est pas plus pertinent ni mobilisateur. C'est réduire à des questions de personnes des sujets dont les enjeux sont bien trop importants pour être ainsi caricaturés.
 
Bref, avec de telles méthodes de campagne, les partis politiques ne peuvent que contribuer à éloigner l'Europe de ses citoyens, en la rendant lointaine, technocratique et détestable. Les euro-enthousiastes devraient, au contraire, avoir à coeur de défendre une vision claire des choses. Or, le constat s'impose: le plus efficace, pour le moment, n'est autre que Nicolas Sarkozy. Pleinement engagé dans cette campagne, ce qui contribuer à transformer le scrutin en référendum sur sa politique, il essaie de freiner cette tentation en essayant de faire du vote du 7 juin un référendum sur sa présidence de l'UE. Autrement dit, sur sa manière de concevoir une Europe forte. Et les tracts de l'UMP, qui les a finalisé bien plus vite que ses listes, le montrent bien (photo): le volontarisme du président, avec le slogan "Quand l'Europe veut, l'Europe peut", véhicule une conception européenne assez claire. C'est l'envie de faire bouger les choses, la nécessité d'une présidence active qui ouvre les dossiers et occupe le terrain médiatique (autant d'éléments qui ont fait la force, et la réussite, de sa présidence au second semestre 2008) que le parti présidentiel va porter. Un mélange d'ambition pour une Europe qui protège ses citoyens (par une politique économique, monétaire et industrielle volontaire) et de personnalisation de la campagne sont les deux ingrédients retenus. Au point que je défie quiconque de citer le nom des têtes de liste de l'UMP dans les circonscriptions autres que l'Ile-de-France, données au ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, qui se rêve à nouveau commissaire. Bref, qui affronte le suffrage universel pour un poste, se révélant incapable, pour l'instant, de nous parler de sa propre vision de l'Europe.
 
De la campagne menée par le PS, on retiendra le fiasco du choix des têtes de liste... qui ne pouvait pas mieux illustrer la complexité d'un mode de scrutin proportionnel, dans le cadre de circonscriptions plus qu'artificielles, faisant la part belle aux combinaisons d'appareil. Aussi, quand l'UMP distribuait les postes éligibles en peinant à mettre des noms sur les autres, le PS produisait un affreux mélange fait de parachutage et de cumul. Deux ingrédients qui, à mes yeux, ne rendent pas ces listes attractives. Heureusement, dans ce paysage bien dévasté, trois éclarcies peuvent être soulignées:
1- les deux extrêmes semblent, volontairement ou non, absents de cette élection. Que le FN, qui véhicule des thèses auxquelles les euro-enthousiastes ne peuvent adhérer, et que ce mode de scrutin désavantage quelque peu (par la fragmentation que les huit grandes régions crée), soit faiblement présent à Strasbourg, c'est une bonne chose pour l'UE. Que le NPA s'enferme dans le seul combat de la rue, en attendant la révolution finale, c'est un peu moins réjouissant... même si je ne partage pas ses propositions, tant au plan national qu'européen;
2- face à cela, un groupe politique inattendu mène une campagne efficace, par des tribunes récurrentes dans la Presse Quotidienne Régionale. Le Front de gauche, rassemblant le Parti de Gauche de M. Mélenchon et le PCF, qui porte une vision assez claire et pas totalement inintéressante de l'Europe, pourrait bien créer la surprise en attirant un bon nombre d'électeurs le 7 juin prochain. Et ce, malgré la faible médiatisation dont il dispose à l'échelle nationale: la réunion de lancement de campagne, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Paris, n'a bénéficié que de quelques lignes dans les journaux et de quelques minutes dans les JT. Dommage !
 
3- il reste, enfin, le MoDem de François Bayrou. Même si le troisième homme de 2007 ne semble penser qu'à 2012, en consolidant chaque jour sa posture de recours face au sarkozysme, son parti, largement pro-européen, pourrait profiter de l'anti-sarkozysme ambiant, du faible enthousiasme des socialistes et de l'envie d'une part de la population de voir l'UE opérer un tournant plus social et démocratique. Là encore, le parti centriste, meilleur ennemi du PS, ne fait pas grand chose pour tenter de passionner les Français à ce scrutin. Réserver un tel sort à l'UE, c'est participer à sa marginalisation et à l'échec d'un rêve qui a de moins en moins de saveur. Il faut bien du courage pour, dans ce contexte, essayer de défendre encore l'idée d'une construction européenne plus profonde. Sans tomber dans le sarkozysme béat, on ne peut donc en arriver qu'à une conclusion, provisoire: le dynamisme de Sarko nous empêche de sombrer dans la déprime citoyenne. Je ne voterai pas pour une liste UMP car je ne partage pas leur vision d'une Europe d'abord économique, qui ne laisse pas assez de place à une ambition collective plus sociale ni à une construction politique qui la rende plus grande. Mais je ne sais toujours pas à qui donner ma voix... J'avoue être très déçu de la tournure que prend cette campagne et j'essaie, par mes articles, de me remonter le moral. Et le vôtre?
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