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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Pour une Europe de la diplomatie et de la défense

Il y a un mois, les pays membres de l'OTAN se retrouvaient à Strasbourg et Kehl pour le sommet marquant le 60ème anniversaire d'une Alliance, dont la France rejoignait le commandemant intégré. Le débat était alors vif. Et, alors que la campagne pour les européennes ne fait que démarrer (très timidement), la question d'une Europe de la défense se pose toujours. En effet, l'un des arguments avancé par la majorité consistait à dire que la France ne pouvait pas continuer à participer à des missions de l'OTAN sur plusieurs terrains dans le monde sans prendre une part plus grande à la prise de décision et au commandement de ces opérations. Bref, être à l'intérieur de la structure plutôt qu'à l'extérieur devait permettre à la France de peser davantage et de réduire en conséquence l'emprise américaine sur cette Organisation. Par ailleurs, au moment de la guerre en Irak, tous les membres de l'Alliance ne se sont pas rendus sur ce terrain, ce qui montrerait qu'il n'y a aucune obligation à suivre les décisions prises à Washington et que tout pays membre de l'OTAN peut garder un semblant d'indépendance. En théorie, ces arguments tiennent. Sauf que, d'une part, sans être membre du commandement intégré, des militaires français ont coordonné, ces dernières années, des opérations de maintien de la paix. D'autre part, alors que le président Obama rappelle que les Etats-Unis ont vocation à garder leur leadership sur le monde (donc, à porter l'étendard de la démocratie), il apparaît clairement que l'OTAN reste le bras armé d'une Amérique, certes moins arrogante. Mais, dans un tel contexte - où l'OTAN est en partie concurrente d'une ONU totalement affaiblie -, on ne peut croire sérieusement que l'Europe pourrait constituer un pôle fort face aux Etats-Unis... alors que des pays atlantistes, comme le Roayume-Uni ou la Pologne (c'est leur droit le plus absolu), n'y sont pas prêts. Accorder tant de poids à l'OTAN, au détriment d'une ONU où aucun pays ne peut, seul, avoir le pas sur l'autre (ils sont cinq à avoir un droit de veto), c'est renforcer ces atlantistes... et, par conséquent, enterrer toute possibilité d'une Europe de la défense. Les mêmes logiques qui avaient conduit à l'échec de la CED (Communauté Européenne de Défense), quand la RFA faisait davantage confiance à Washington qu'à ses partenaires européens pour la protéger, jouent aujourd'hui.
 
Seule une volonté politique européenne, totalement européenne (sans connexion avec quelque autre pays que ce soit), peut changer les choses. Et ce n'est donc sans doute pas pour demain. D'autant que personne ne semble en faire une prioriré. Et, pourtant dans un monde multipolaire, où la menace terroriste et celle que crée la mondialisation ultra-libérale se font de plus en plus pesantes, l'une des solutions correspond à ce que l'on appelle la régionalisation. C'est-à-dire la création d'associations politiques d'Etat d'un même continent pour, collectivement, être plus forts et mieux protégés face à ces risques. Ce qui n'empêche nullement des partenariats avec les autres parties du monde, qui restent évidemment nos alliés dans ces combats contre les mêmes ennemis. Dès lors, construire une UE cohérente, où tous les Etats membres auraient des législations sociale et fiscale similaires, une même monnaie, construiraient une citoyenneté commune (avec carte d'identité européenne), en plus des libertés de circulation et des contrôles aux frontières extérieures - déjà existantes -, devrait apparaêtre comme prioritaire. Dans ce schéma, l'Europe doit parvenir à se construire seule, sans le soutien des ses partenaires extérieurs. Et cette unité doit aussi se retrouver sur les plans diplomatiques et militaires. J'ai déjà eu l'occasion de le dire et le répéter: constituer une armée européenne, appelée à remplacer les armées nationales qui disparaîtraient en intégrant cette nouvelle identité, c'est permettre à chaque Etat de réduire son budget militaire en mettant en commun une partie de l'argent qu'ils y consacrent. Seule, l'armée française ne pèse plus. En ne constituant qu'une seule armée, puissante et moderne, au niveau de l'UE avec tous les Etats-membres, c'est donner à la diplomatie européenne une chance d'être crédibles.
 
Prenons un exemple concret: le conflit au Proche-Orient. Aujourd'hui, l'Europe est totalement inaudible. Les voyages sur place de Javier Solana, le diplomate en chef de l'UE (équivalent de ce ministre des Affaires étrangères que crée le traité de Lisbonne, ratifié d'un cheveu par la République tchèque cette semaine), passent totalement inaperçus. Or, en pouvant identifier la parole européenne à un homme qui serait connu de tous nos partenaires, et en donnant à notre diplomatie commune une force armée - dont les missions consisteraient d'abord à du maintien de la paix -, c'est donner à l'UE l'occasion de devenir une puissance politique véritablement écoutée. A la fois rivale et complémentaire avec les autres puissances politiques, que sont la Chine et les Etats-Unis... avec lesquelles nous ne partageons pas toujours les mêmes valeurs. Sauf qu'aujourd'hui, la classe politique européenne est à des années-lumière de cela. Quand on entendait les réactions de nos partenaires au retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, ce qu'ils considéraient tous comme nécessaire, on comprenait que notre pays n'avait pas à choisir entre Europe de la défense et l'OTAN, l'un devant faire partie de l'autre. Un discours auquel je n'adhère pas pour une raison essentielle: si nos partenaires étaient cohérents, ils devraient accepter sans trop de problème l'intégration de la Turquie dans l'UE, dans la mesure où elle est un allié devenu incontournable dans la lutte contre le terrorisme, de par son engagement dans l'OTAN. Puissance émergente à l'échelle de la Méditerranée, notamment pour son rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien (elle agit donc là où l'UE actuelle est absente), la Turquie porte les mêmes valeurs que celles auxquelles nous sommes attachés et, sur le plan diplomatique, elle devrait trouver facilement sa place dans une Europe diplomatique cohérente. Le refus de voir ce pays intégrer l'UE est donc symptomatique de ce manque d'ambition politique d'un personnel politique qui se présente comme euro-enthousiaste... et ne veut pourtant pas voir l'Union devenir une puissance complète et originale ! A nous d'en tirer les leçons.
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