Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Une fusée qui inquiète

Peut-être faites-vous partie, comme moi, de celles et ceux qui aiment regarder, voire contempler, le décollage d'une fusée, qu'elle soit française (depuis Kourou), américaine, russe ou chinoise... Plus que le spectacle, c'est la prouesse technique, cette domination de l'homme sur la nature, qui laisse sans voix: cette capacité à envoyer les plus beaux signes de modernité dans l'espace, pour observer la Terre, ses mécanismes, prévoir les phénomènes météo pour sauver la vie de milliers de personnes, expliquent ma croyance plus forte en la science et dans le progrès humains qu'en un Dieu dont l'existence réelle peine à se manifester, tant la violence perpétrée au nom du "Dieu amour" par ces hommes, également capables du pire, est parfois inexplicable.


Or, les deux (la prouesse technique et la croyance en Dieu) viennent de se téléscoper dans l'actualité internationale récente. Je veux bien sûr parler de ce fait, dont vous avez sans doute déjà entendu parler: le lancement, lundi, par l'Iran, de son premier satellite, dénommé "Omid" (comprennez "Espoir"), marquant la deuxième grande étape (mise en orbite) du projet spatial iranien, dont la première (réalisée en août 2008) consistait en le lancement d'une fusée (photo). Et ce lancement, massivement médiatisé (relayé par les télévisions de Téhéran) et relativement populaire, inquiète les chancelleries occidentales. Il faut dire que ces inquiétudes sont fondées:
- en procédant à ce lancement, l'Iran participe à une sorte de course à la provocation: comme les Etats-Unis et l'URSS au temps de la guerre des étoiles (à savoir qui serait le premier à envoyer un homme dans l'espace puis sur la Lune), l'Iran réalise là un coup politique majeur après le lancement de son programme nucléaire, sachant pertinemment que les réactions indignées des Occidentaux n'auront aucun effet concret;
- en médiatisant l'évènement, le président se garantit un répis en terme de popularité: après les manifestations hostiles au pouvoir, ce lancement est l'occasion, encore une fois, d'exalter la fierté nationale des Iraniens... à quelques mois des élections générales dans le pays;
- en organisant une prière collective pendant le décompte précédant le décollage, Ahmadinedjad fait la preuve que sa politique est liée à des considérations religieuses qui ne peuvent mener qu'au pire;
- en parvenant, en terme technique, à cette réalisation (le président iranien n'a pas manqué de saluer la réussite et le travail de ses chercheurs), l'Iran pourrait bien montrer sa capacité à développer les conditions de frappes balistiques de moyenne portée... pouvant désormais atteindre Israël.
 
Bref, la collusion des projets spatial et nucléaire, sous la houlette d'un même homme (quelle que soit l'ampleur de sa main-mise réelle sur le pays), ont en effet de quoi inquiéter. D'autant que, comme dans l'affaire de l'enrichissement d'uranium voulu par Ahmadinedjad, les déclarations officielles iraniennes sont les mêmes, le ministre iranien des Affaires étrangères assurant que "les activités satellitaires de l'Iran sont uniquement destinées à la paix. Nos capacités militaires ont des visées défensives". Et, comme dans le dossier nucléaire, les Occidentaux ne peuvent s'opposer à ce projet dans le mesure où rien n'interdit à l'Iran de mener un programme spatial. De même que rien ne lui interdit de mettre en place un programme nucléaire civil. Evidemment, dans ce dossier, c'est l'utilisation politique de cette prouesse scientifique qui inquiète les diplomates américains et européens: la vraie mauvaise nouvelle est que des extrêmistes, au discours empreint de religion, puissent avoir entre les mains ces technologies à une grande échelle. D'où la réaction prudente d'Hillary Clinton, tout juste intronisée secrétaire d'Etat (après sa propre prestation de serment): "Il faut tendre la main mais ne pas desserrer le poing". Une sorte de synthèse entre les positions des deux prétendants à l'investiture démocrate, la tâche du vainqueur final, le nouveau locataire de la Maison-Blanche, s'annonçant difficile... à moins que les dirigeants iraniens ne soient sincères. Ce dont on peut douter ! Seules prudence et détermination peuvent permettre de sortir sans difficultés de ce qui est un problème pour l'équilibre et le bon fonctionnement du monde.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Salut Aurélien,L'Iran ne fait franchement rien pour apaiser les tensions! Et les futures élections risquent de ne pas y changer grand chose...
Répondre
A
<br /> Salut Jérémy. Tu as parfaitement raison. Même si on peut penser qu'Ahmadinedjad aura du mal à remporter, au moins de manière éclatante, les prochains scrutins. Il fait tout, justement, pour exalter<br /> la fierté nationale des Iraniens et veut rebooster son image un peu écornée, autour d'un projet populaire. C'est sans doute le principal enseignement de cette opération, d'ailleurs massivement<br /> médiatisée ! Bonne fin de week-end.<br /> <br /> <br />