Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Du beau spectacle à l'Assemblée

En début d'après-midi, ce mardi, sur France 3, il y avait du sport. Au direct, depuis Val d'Isère, pour les championnats du monde de ski (et la première médialle tricolore, en argent, en super géant féminin), a succédé, comme chaque mardi, la séance de questions au gouvernement. Et le moins que l'on puisse dire est que la séance d'aujourd'hui, dont je n'ai pas vu l'intégralité, a été agitée... pour ne pas dire sportive. Après leur démonstration de force, qui les avaient amené à déserter l'hémicycle la semaine dernière, les députés socialistes (ou plutôt, de gauche) étaient de retour ! Et, pour continuer à protester contre le projet du gouvernement d'encadrer les temps de parole au Palais Bourbon, les élus ont mené une nouvelle fronde. Chacun de ceux qui, dans les rangs socialistes, prenaient la parole pour interroger un membre du gouvernement commençaient son intervention par une phrase du genre: "A mon tour de vous dire que vous ne nous ferez pas taire car, à travers nous, c'est la voix des Français que vous voulez baillonner". Il faut dire que le projet suscite des réactions contrastées, voire franchement hostiles, jusque dans les rangs de l'UMP. Ainsi, le député Daniel Garrigue, qui a claqué la porte du groupe majoritaire pour devenir un élu "non inscrit" en décembre dernier, se désole de ce qu'il considère comme un recul démocratique, déclarant ainsi: "Ce texte remet en cause le principe fondamental du mandat représentatif et individuel qui veut que tout parlementaire soit détenteur d'une parcelle de la souveraineté nationale et qu'il puisse, à lui seul, représenter une minorité politique". Il faut dire que le texte prévoit un encadrement du temps de parole, désormais réparti entre les groupes, qui ont dès lors la charge de le partager entre ses membres. Bref, les non inscrits, les groupuscules n'ayant pas atteint le seuil des 20 membres (comme les trois élus du MoDem) sont presque mis hors jeu. Déjà que notre Assemblée n'est pas très représentative de la population (plus d'un tiers des Français n'y est pas clairement représenté), ce projet n'est rien de moins qu'un nouvel outil de bipolarisation entre les deux groupes dominants.
 
Mais, revenons au coeur de cet article. Car, un autre fait marquant est à souligner. Intervenant au nom du parti socialiste, la députée de Moselle Aurélie Filippetti (photo), élue de la circonscription dont dépend l'usine Arcelor-Mittal de Gandrange a pris la parole, s'en prenant à la politique du gouvernement. Après avoir prononcé la phrase dont je parlais ci-dessus et après avoir constaté le départ du premier ministre, à qui la question s'adresser (elle devait être la dernière intervenante de la séance), la députée, proche de Ségolène Royal, a été combattive. Enumérant les petites phrases et attitudes du président en ce qui concerne la situation du site en question, elle a démontré que les promesses non tenues dans le cas de Gandrange avaient servi d'illustrateur, un peu avant l'heure, de l'inefficacité de la politique économique et du discours présidentiel de Sarko. "C'est le plus beau voyage de noce qu'on puisse faire" disait, alors, le chef de l'Etat. Aujourd'hui, près d'un an plus tard, le constat est là: la promesse de consacrer de l'argent public, pour que l'entreprise continue de tourner plutôt que pour assister les chômeurs qu'une fermeture (ou un amaigrissement) du site pourrait provoquer, a été vaine. Et illustre à merveille que les belles paroles, la déconnade, les engagements intenables ne servent à rien... et ne sont surtout pas dignes de quelqu'un qui prétend dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, à des Français qui ont fini par ne plus être dupes ! Bref, après avoir égrainé les motifs d'insatisfaction de ses électeurs de Moselle, la députée a proposé au chef de l'Etat de retourner à Gandrange, pour se rendre compte des réalités. ce qu'elle avait déjà fait dans une déclaration, faite plus tôt dans la journée, à l'AFP: "A Gandrange, l'année dernière, Nicolas Sarkozy avait promis que l'Etat allait mettre de l'argent pour sauver l'aciérie, pour sauver les emplois. Un an après, rien n'a été fait", a déclaré Mme Filippetti sur Canal+, accusant le président de la République d'avoir "trahi sa parole". "Il a fait des effets de manches, il a donné des coups de menton d'adjudant-chef, et puis ensuite il n'y pas eu les actes à la hauteur de ses promesses", a-t-elle ajouté. "Il faudrait qu'il revienne à Gandrange", comme il l'avait "promis, pour s'expliquer", a poursuivi Mme Filippetti, prévenant qu'"aujourd'hui, les salariés l'attendent non pas avec des grains de riz, comme l'année dernière pour son voyage de noces, mais (...) avec des boulons".
 
Et, à voir la réaction, agacée de la majorité - qui manifestait également sa gêne a chacune des petites phrases d'amorce prononcées par les différents élus socialistes -, on ne peut que conclure que Mme Filippetti a visé juste. Que le fossé entre les paroles présidentielles et les actes du gouvernement se creuse autant que les inégalités dont est (partiellement) responsable la politique menée depuis juin 2007. Un fossé que la grève de jeudi dernier a par ailleurs confirmé, le président affirmant (dans la même phrase !) entendre les revendications des manifestants mais n'ayant pas l'intention de les prendre en considération. Bref, l'opposition a quelque peu bousculé la majorité cet après-midi. Et, on ne peut pas en dire de la majorité elle-même qui fut loin de bousculer le gouvernement. Ces séances de question peuvent être parfois très intéressantes, si elles sont animées et que quelques élus posent de vraies questions, pertinentes. Mais, ces mêmes séances peuvent aussi être d'en profond ennui quand les députés UMP posent des questions qui n'en sont pas. Outre les belles envolées pour rappeler à quel point la politique gouvernementale est excellente, exceptionnelle, juste et forcément réussie (avant même d'être appliquée), il y a des interventions qui mériteraient d'être tout simplement rayées de l'ordre du jour. Exemple, cet après-midi: une élue de la majorité, dont je n'ai pas retenu le nom - qui s'est exprimée avant Aurélie Filippetti -, a posé une question qui devrait rester dans les annales... de l'inutilité. S'adressant à la ministre de l'Economie, elle lui a demandé si elle pouvait réaffirmer "à la représentation nationale" sa détermination à combattre le chômage et à rappeler les mesures prises. Si ce n'est pas pour combler du vide, cela y ressemble. Et l'inénarrable Mme Lagarde de répondre, oh surprise !, que le gouvernement était déterminé à lutter contre le chômage... avant d'énumérer les mesures prises depuis duit-mois par le gouvernement. Quel ennui ! Quelle inutilité ! Et, pendant ce temps, la majorité prive un auditeur, qui n'aurait pu s'exprimer faute d'être assez représentatif, d'une question sans doute plus intelligente. Parfois, pour celles et ceux qui se rêvent parlementaire ou ministre, ce genre de spectacle ne donne pas envie de lancer dans la bataille...

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article