Bravo à ces hommes d'exception

Je suppose que vous vous en êtes rendu compte: ce week-end a été très sportif. Il a vu la victoire de Séréna Williams en finale de l'Open de tennis d'Australie, chez les dames, et celle de Rafaël Nadal sur Roger Federer, chez les hommes. La première devient numéro 1 mondial, tandis que le second, remportant pour la première fois ce titre du Grand Chelem (que le Suisse a déjà gagné plus d'une fois), confirme sa première place au classement mondial. Après sa victoire, et pour consoler l'ancien patron du tennis masculin qui a essuyé quelques larmes, l'Espagnol a trouvé les mots: "N'oublie pas que tu es un des plus grands champions de l'histoire, et que tu vas t'améliorer". Et, heureusement, chacune des confrontations entre les deux hommes (bon nombre de tournois se finissent sur une finale les opposant... un peu comme Schumacher qui finissait par gagner presque tous les grands prix de F1), apporte son lot de suspense et de spectacle. De son côté, et comme on pouvait s'en douter, Michel Desjoyeaux a remporté le Vendée Globe en un peu plus de 83 jours. Un double exploit pour le navigateur breton: d'une part, il est le premier à remporter deux fois cette course; d'autre part, après être parti avec deux jours de retard en raison d'une avarie technique, il a réalisé une spectaculaire remontée avant de dominer très nettement la course... son premier poursuivant, après l'abandon ce lundi de Roland Jourdain, étant désormais loin derrière. Et, après près de trois mois seul en mer, prenant chaque jour des risques (dont certains concurrents peuvent témoigner), tout en accordant régulièrement des interviews par liaison satellite, le skipper va recevoir un chèque de 150 000€ pour sa victoire. Ce qui, comparé aux salaires de certains joueurs de football, représente une misère... Ou l'on voit que l'on peut être à l'origine d'exploits sportifs et concourir dans une discpline porteuse de valeur forte (de solidarité, de courage et de partage) sans forcément gagner plusieurs millions.

Et voilà donc une différence fondamentale entre des sports de pur spectacle (tel le foot), dont les stars sont beaucoup trop grassement payées et les sports encore peu pervertis par tout ce qui caractérise le monde actuel de l'argent-roi (comme le rugby, la voile ainsi que le handball). Dans certaines disciplines, signer le plus gros contrat n'est plus que le seul objectif des sportifs qui ne choisissent leur club qu'en fonction du nombre de zéro sur le chèque, du prestige qui peut être associé à jouer dans un club détenu par un milliardaire russe ou de la concurrence qui peut s'installer avec d'autres joueurs. Bref, les exploits sportifs et la communion avec le public ne semblent plus être leur priorité. A moins que le monde politique fasse pression, notamment à l'échelle européenne, sur le monde sportif pour que des règles soient là aussi introduites (concernant le capital financier des clubs, l'assocation des supporters et joueurs à celui-ci, la rémunération des sportifs ou encore la lutte sans pitié contre les pratiques de dopage). Bref, des décisions courageuses qui changent l'image de ces sports à fric. A l'opposé, nos handballeurs nous ont fait vivre un exploit sportif et un pur moment de bonheur. Au terme d'un match serré, où le mental des Experts (surnom donné à l'équipe masculine, entraîné par Claude Onesta) a clairement exterminé celui - bien fragile - des Croates qui, devant leur public, ont craqué (en multipliant les fausses blessures, les fautes et les signes d'énervement), l'équipe de France de hand est donc devenue, hier, championne du monde (photo)... moins d'un an après avoir remporté le titre de champion olympique à Pékin. Ces hommes d'exception, formant une équipe soudée, ne se prenant pas la tête et qui gagnera en notoriété ce que chaque joueur n'aura pas forcément en €uros, ont eux aussi défendu les valeurs auxquelles nous, public français, sommes attachés. La diffusion en direct de ce grand rendez-vous et la médiatisation de cette belle victoire auront-elles permis aux Français de comprendre qu'en sport comme en politique, le spectacle ne suffit pas toujours à faire gagner le pays? Il faut l'espérer.