La crise de la droite française?

Le gouvernement serait-il dans la tourmente? En tout cas, pour cette rubrique "vers 2007", et quelques semaines après un premier état des lieux à gauche, voyons ce qui se passe dans le parti majoritaire. Unité de façade, division profonde en réalité, entre les villepinistes, ces anciens chiraquiens qui soutiennent le nouveau poulain de l'Elysée après le crash de Juppé, et les sarkozystes, assurément hostiles aux deux têtes de l'exécutif. Et quoi qu'on en dise, tout est affaire de personnes et d'ambitions, les uns préparant le premier ministre à disputer l'objectif 2007, les autres tentant de maintenir la suprématie, officiellement incontestée, officieusement très disputée, du premier flic de France. On critique, à droite, l'absence de programme à gauche et la course à la candidature... mais, à droite même, rien n'est mieux: le seul programme qui existe est celui d'un seul homme, que ni ses conseillers ni les militants ne peuvent contester et amender. Et, quoi qu'il en dise, le chef du gouvernement pense à l'Elysée car, pour lui comme pour les fidèles chiraquiens, la victoire de Sarkozy serait une semi-catastrophe.

Une chose est sûre, en ce début de mois de mai: le clan Chirac est agonisant, plogeant la France dans une atmosphère malsaine de fin de règne. Pourvu que cette année 2006 soit vraiment une année utile, comme le président l'a souhaité, et comme les ministres (Michèle Alliot-Marie dernièrement) l'a affirmé. Le monde continue à tourner, et la France ne doit pas se plonger dans une ambiance pré-électorale trop tôt... sinon, ça lui sera préjudiciable. Des élections anticipées? peu probable, Chirac aime trop le pouvoir pour le quitter et, comme les présidents de la IIIème République qui n'osèrent plus recourir au référendum, il ne dissoudra sans doute jamais l'Assemblée, son premier échec l'ayant immunisé. La droite est tellement en difficulté que l'ancien premier ministre, Alain Juppé, qui prépare son retour an France à l'été, affirme de pas avoir d'ambitions nationales. Il ne veut pas hériter d'une démocratie, dans un tel état, ni d'une place discréditée aux yeux de l'opinion... bref, le gouvernement va mal.

Restent alors trois hypothèses. 1/ Chirac, comme il l'avait fait avec Raffarin, va user Villepin jusqu'au bout pour garder la main sur Matignon, et donner à son chef de gouvernement une infime chance de redresse la barre à son profit. 2/ Chirac, comme le Monde l'annonçait dès samedi, offre Matignon à Sarkozy comme un cadeau empoisonné: tout le monde connaît la malédiction de Matignon qui veut que tout premier ministre en fonction, candidat à l'Elysée, et quelque soit sa popularité, s'effondre. Demandez à Chirac en 1988, Balladur en 1995 ou Jospin en 2002 !! Chirac aurait donc demander à son ministre de l'intérieur de réfléchir à la possibilité de composer un gouvernement... à suivre mais peu probable. 3/ Enfin, et il ne faut pas le négliger, Chirac se résigne à ne pas entraver la route de Sarko en nommant à Matignon une chiraquienne, Michèle Alliot-Marie (on ne peut moins charismatique), pour éviter l'agonie de Villepin (20% d'opinions favorables, moins bien que Raffarin -il faut le faire- et presque au nivau record d'Edith Cresson -qui était descendue à 18%). Cette solution donnerait à Chirac une dernière année moins catastrophique et limiterait d'amoindrir les chances de la droite pour 2007. A moins que Chirac préfère lui voir succèder Ségolène Royal plutôt que Nicolas Sarkozy, ce qui ne serait pas étonnant.