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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Le sarkozysme s'exporte... en Italie

On entend souvent la comparaison de Sarko avec Berlusconi, le récent vainqueur des élections anticipées italiennes et qui, pour la quatrième fois, détient le pouvoir en Italie. Homme d'affaires, qui réalise une partie de sa fortune dans le monde des médias (ce qui crée des conflits d'intérêt bien évidents !), il est le seul (et auto-proclamé) sauveur de la droite, la figure emblématique d'un courant de pensée qui semble n'avoir d'autres personnalités à proposer au pays. En dehors de moi, de mes idées et de ma pratique de pouvoir, rien de bien intéressant... et, de ce point de vue, la comparaison tient la route. A ce détail près que les liens entre l'homme politique et le monde des affaires sont moins étroits dans le cas français (malgré les amitiés de Sarko avec foule de grands patrons et de dirigeants de groupes de média). En observant les premières mesures prises par le gouvernement italien, on pourrait croire que le sarkozysme s'y est exporté tant les décisions récentes sont copiées sur celles des premiers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy. Il est bien évident que Berlusconi, qui n'a jamais caché son amitié ni sa proximité politique avec Sarko, n'a pas copié sur le président français. Que deux gouvernements, de droite, prennent des mesures similaires, voire carrément identiques, à quelques mois d'intervalle, semble tout à fait logique. Le problème vient du fait que ces mesures puissent se généraliser à l'Europe, partagée presque équitablement entre gouvernements de droite et de centre-gauche.

Dans le cas italien, c'est l'influence de la Ligue du nord, ce parti aux idées assez tranchées, qui se ressent: devenu le principal soutien du grand parti berlusconien, construit autour de la personne d'Il Cavaliere, la Ligue du nord a placé certains de ses hommes aux postes clés du gouvernement et dicte une partie de la politique gouvernementale, imposant ses choix à toute l'Italie. Ce qui n'est pas de bonne augure: l'un de ses projets phare consistant à réaliser le fédéralisme fiscal qui permettrait à l'Italie du Nord, développée, industrialisée et par conséquent prospère, de ne participer qu'a minima à l'effort de cohésion nationale, qui permet d'éviter le naufrage économique et social d'une Italie méridionale en difficulté. Un peu comme dans le cas belge, où les riches Flamands ne veulent plus payer pour ces fainéants de Wallons, profiteurs des systèmes de redistribution. Si un tel projet venait à son terme, ce serait une catastrophe... la victoire de l'individualisme sur la solidarité, celle de la division (en l'occurence adminsitrative) sur l'entraide et la juste répartition des richesses. Mais, déjà, les mêmes ressorts caractérisent les deux grandes réformes qu'est en train de mettre sur les rails le gouvernement transalpin.

Sous l'influence du ministre de l'Intérieur, qui l'était déjà en 1994, M. Maroni (photo, ici avec Silvio Berlusconi), l'Italie vient de modifier sa politique d'immigration, en rompant avec les régularisations massives voulues par la gauche - et dont on ne peut nier les méfaits - et en jouant la carte de la xénophobie, qui caractérise la Ligue du Nord. Ainsi, le ministre promet de s'attaquer prioritairement aux Roms, ces clandestins venus de Roumanie (pourtant membre de l'Union Europénne ET de l'espace Schengen depuis un an et demi), promettant aux Italiens de les protéger de cette communauté qui menace la sécurité du pays. Bel exemple d'amalgame entre immigrés forcément illégaux et criminalité, qui ne peut que toucher la corde raciste d'une partie des Italiens ! La peur de l'étranger, qui menace la cohésion et l'identité de la nation, comme principe de gouvernement: quelle désolation ! Enfin, sur un autre thème, Berlusconi IV a adopté son propre paquet fiscal, reprenant nombre des dispositions de celui de Sarko (heures sup' défiscalisées, réduction d'impôts pour les plus fortunés, accès à la propriété). Sans oublier de promouvoir la famille traditionnelle (limitation du droit à l'avortement, pas de mariage homosexuel), sorte d'appel du pied à un Pape qui montrait récemment son inquiétude.
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J
Comment pouvez-vous dire que Berlusconi est le leader de la droite "auto-proclamé" puisqu'il a remporté, haut la main, les élections?<br /> Quoique l'on puisse penser de cet homme, et personnellement, je n'en pense pas beaucoup de bien, il gouverne l'Italie à l'issue d'élections démocratiques dont personne ne conteste la validité!<br /> D'autre part, les flamands ne sont pas aussi riches que vous semblez le penser. En tout état de cause, dans la jeune histoire de la Belgique, ils furent, il n'y a pas si longtemps, les vrais pauvres, en révolte contre les vrais riches des Pays Bas. <br /> Les choses ne sont pas aussi manichéennes que vous semblez l'imaginer.
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A
<br /> Je vous réponds en deux temps:<br /> 1- pour ce qui est de Berlusconi, vous aurez compris ma position sur sa personnalité et sur - c'est le plus important - le contenu de sa politique. Quand je parle de leader "auto-proclamé", je ne<br /> conteste pas le résultat des élections législatives anticipées: comment pourrais-je le faire alors que l'Italie est une démocratie où les électeurs sont libres de faire leur choix? Je parlais de<br /> l'emprise de Berlusconi sur son parti: au sein de la droite - et non dans le pays - il est l'homme providentiel, l'homme puissant, sans qui rien ne semble pouvoir se faire. D'après ce qu'en disent<br /> les médias français, il n'y a au sein de cette droite italienne aucune personnalité qui puisse rivaliser avec l'actuel chef du gouvernement.<br /> <br /> Contrairement à la gauche où des primaires peuvent permettre de faire émerger une des multiples personnalités qui aspirent à diriger le parti. A droite, cela semble impossible: la longévité de<br /> Berlusconi, et son emprise - essentiellement psychologique, et peut-être financière - sur son parti est un phénomène inquiétant. Les démocraties ont besoin d'un renouvellement de leurs dirigeants,<br /> et non d'une alternance de quelques personnalités, qui peuvent diriger en dix ans trois gouvernements différents ! Le problème vient donc de la droite elle-même et non de la démocratie italienne,<br /> que je ne remets nullement en cause ici !!<br /> <br /> 2- en ce qui concerne les inégalités différenciant les deux régions belges - inégalités qui se retrouvent entre les deux régions italiennes - je m'appuie sur des données statistiques que relayent<br /> les médias français: dès qu'il est question du fédéralisme belge, on compare le taux de chômage, le taux de création d'entreprises ou la part de la population sous le seuil de pauvreté... autant<br /> d'indicateurs qui montrent l'existence d'un écart, et non d'un fossé - ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit - entre Flandre et Wallonie. Si une partie de la population flamande, comme<br /> certains habitants de l'Italie du Nord - indéniablement plus industrialisée et urbanisée que l'Italie du Sud - adhèrent aux revendications fédéralistes de certains partis, c'est que cet écart<br /> est vécu, ressenti, par la population !!<br /> <br /> Parfois, pour mieux comprendre des choses complexes, avec lesquelles on est pas nécessairement familier (je ne suis pas un spécialiste de l'économie belge ni de la vie politique italienne !!), on a<br /> besoin de forcer le trait... sans trop s'écarter de la vérité. C'est ce que je dois faire au quotidien pour expliquer à de jeunes collégiens ou lycéens la complexité du monde d'aujourd'hui. Et<br /> c'est aussi ce que j'essaie de faire ici... au moins, cela provoque le débat. Et c'est ce que je rercherche !!<br /> <br /> <br />