Sondage: de quoi avez-vous peur?

Aujourd'hui, Jes6 fête un anniversaire: après plus de deux ans et demi de publication, voici le 500ème article que, symboliquement, je réserve à la communauté "Pour un monde meilleur" (que j'ai créée et à laquelle vous pouvez contribuer). Et je vous invite à réfléchir à ce monde que nous voulons tous améliorer en vous proposant, par le biais des commentaires, de répondre à la question d'un sondage auquel j'ai participé (sondage en ligne de la société Insites), portant sur les problèmes auquel le monde actuel est confronté. Il s'agit de répondre à deux questions: d'une part, "parmi les problèmes suivants, lequel vous préoccupe le plus?", puis "classez les problèmes restants du plus préoccupant au moins préoccupant en les numérotant de 2 à 11". Voici les problèmes soulevés (avec, entre parenthèses, l'ordre dans lequel je les ai moi-même coché): la menace accrue des pédophiles (5) - la pollution de l'air au niveau local (10) - la guerre en Irak (7) - l'immigration (9) - l'économie (3) - le réchauffement de la planète et le changement climatique (6) - le crime (4) - la montée des extrêmismes religieux (1) - la pauvreté dans le monde (2) - l'émergence de nouvelles puissances économiques (8) - l'étalement urbain (11).

Ainsi, selon moi, le tiercé gagnant des menaces les plus sérieuses est le suivant: la montée des extrêmismes religieux, la pauvreté dans le monde et ce que ce sondage appelle bien vaguement "l'économie". Et je m'en explique. Je considère que chacune de ces trois menaces étant la cause des autres proposées par le sondage, elles sont les plus dangereuses et c'est à elles qu'il faut s'attaquer prioritairement. Ainsi, l'extrêmisme religieux est la cause de bien des maux, au premier rang desquels le racisme qui se nourrit d'amalgames, souvent entretenus par l'extrême droite: quiconque ne sait pas faire la différence entre "arabe" et "musulman" ou entre "islam" et "islamisme" ne peut que reprocher aux étrangers (tous mis dans le même sac) des désordres dont ils ne sont pas responsables. Ainsi voit-on souvent associer, en Italie actuellement par exemple, la nécessité de maîtriser les flux migratoires ("l'immigration" dans le sondage) et celle de freiner la délinquance, imputée à ces étrangers en situation irrégulière. Lutter contre l'extrêmisme religieux, contre ces terroristes qui tuent des civils innocents au nom de Dieu, parce qu'ils ne partagent pas les mêmes croyances, est une absolue nécessité... qui se fait de plus en plus pressante. Et seule l'unité de tous les gouvernements démocratiques du monde, pays musulmans compris, peut y parvenir.

En deuxième position vient la pauvreté qui est la source de bien des problèmes dans les pays qu'elle frappe, mais aussi dans nos pays. L'immigration clandestine de milliers d'Africains vers l'Europe n'a d'autre explication que la misère dans laquelle ils sont plongés, eux et leurs familles. Et c'est pour en sortir qu'ils risquent leurs vies: en voyant dans nos démocraties un eldorado accessibles (l'Espagne n'est pas si éloignée du Maroc via Gibraltar ou ses enclaves de Ceuta et Melilla), des familles cotisent pendant plusieurs mois pour payer au chef de famille le billet d'un aller vers l'un de ces pays. Et désormais, le drame qui s'est joué hier au large des côtes espagnoles le prouvant, ce sont des familles entières, avec femmes et enfants (les premières victimes d'un naufrage ou d'une traversée longue et dangereuse), qui prennent le risque. Objectif: y travailler au noir pour toucher une paye souvent dérisoire, sans protection sociale, qui représente des mois voire des années de travail dans leurs pays d'origine, et qui peuvent faire vivre des dizaines de membres de leurs familles. Eradiquer la pauvreté, notamment en Afrique, en mettant en place les fameuses politiques de co-développement, qui ne peuvent cependant se faire qu'avec des gouvernements démocratiques, est une urgence absolue. Sans développement des pays pauvres, on ne peut espérer venir à bout d'une immigration clandestine, que les actuelles dispositions d'immigration "choisie" ne font que renforcer. L'Afrique a besoin de démocratie, d'un soutien politique fort et d'investissements qu'elle doit savoir assurer elle-même: elle ne doit pas être vue que comme un marché où les grands groupes doivent signer des contrats et faire des bénéfices dont les populations ne sont pas les premières bénéficaires.

Une Afrique qui devient le terrain de jeu d'une Chine en pleine croissance. C'est parce que la Chine a intégré le dogme libéral dans sa pratique économique et commerciale qu'elle est menaçante. Sa présence en Afrique n'est pas une bonne nouvelle pour le continent: ses entreprises viennent y prendre des marchés et non pas aider les Africains à sortir de la misère. C'est bien le modèle économique qui domine actuellement, "l'ultra-libéralisme capitalistique", qui est en cause: et c'est donc ce que le sondage appelle "l'économie" que je passe parmi les premières menaces qui planent sur un monde où les inégalités entre les hommes et entre les pays se continuent de se creuser... Solidarité et épanouissement des hommes étant la priorité des priorités, je ne place les problèmes écologiques et spatiaux (aménagement du territoire à travers "l'étalement urbain" mentionné par l'enquête) que dans les dernières places. Non qu'ils soient secondaires. Mais il s'agit de problèmes aux conséquences nettement moins graves que ne peuvent l'être celles qu'engendrent la pauvreté ou le fondamentalisme religieux. Pour être meilleur, notre monde a besoin d'un autre modèle de développement qui ne mette pas les hommes en concurrence (qu'elle soit économique, sociale ou religieuse). Mais, j'ai bien conscience d'être ici à la limite de l'utopie !