Nucléaire et armes de destruction massive

C'est assez rare pour être souligné: l'ancien premier ministre socialiste, Laurent Fabius, s'est félicité de la teneur du discours du chef de l'Etat sur la philosophie nucléaire française. Jacques Chirac, à l'occasion d'une visite officielle à L'Ile Longue, la base opérationnelle nucléaire française (près de Brest), a rappelé que l'arme nucléaire n'était pas utilisée contre des terroristes, mais ne pouvait être un recours qu'en cas de menace d'un pays tiers sur la France, ou l'un de ses alliés. Le président ajoute ainsi aux conditions d'emploi de cette arme l'aide apportée aux alliés, en plus de la défense du territoire et des populations. Ce discours, largement salué à l'exception des associations luttant contre le nucléaire, a surpris, le thème n'ayant jamais été réellement évoqué depuis 1995, quand Jacques Chirac, tout juste élu, reprit les essais nucléaires. Cette doctrine nucléaire repose sur le bon sens, d'autant plus que le chef des armées a introduit la notion de progressivité dans l'emploi de la force de frappe, en insistant sur le besoin d'un recours aux moyens dits conventionnels.

Au-delà de ce constat, il faut rappeler la supériorité (nécessaire) de la diplomatie sur l'usage de la force. L'engagement de tout un pays dans une guerre a des conséquences durables et considérables, comme l'illustre à merveille la guerre d'Irak: des familles américaines en attente de voir leurs "boys" rentrer à la maison, d'autres ménages détruits par la mort d'un mari, mais aussi (et on en parle moins) les ravages de la guerre sur les populations civiles irakiennes ! L'emploi de la diplomatie est toujours préférable, d'autant que les bons diplomates savent se sortir de situations délicates, chacun pouvant modifier (même légèrement) ses positions, en tout cas suffisamment pour donner à la partie adverse un gage de bonne foi. La volonté politique est encore une fois la clé du problème: le XXIème siècle sera le siècle de la diplomatie et de la quête de la paix, aussi bien au Proche-Orient, qu'en Corée du nord ou en Iran (où le président semble chercher la colère de Bush, tant la multplication des propos anti-Isarël se multiplie).

Sur le plan de la défense, la France doit profiter de sa situation favorable dans le monde pour montrer sa présence: nos îles d'Outre-mer nous offrent l'occasion d'être présents partout dans le monde, à proximité des grandes zones de conflit. Développons notre présence sur ces îles en implantant des bases opérationnelles, dotées selon les besoins... la défense dispose d'un budget conséquent qu'il serait dangereux (pour le pays comme pour les Français) de réduire, comme beaucoup à gauche le réclament ! Attention: si des économies peuvent être faites (par une réorganisation de notre armée), il fat bien sûr les faire... pour réduire notre déficit (la défense, comme tous les ministères, est un gouffre). Voir, à ce sujet, le livre très intéressant d'un socialiste, ancien conseiller statégique de Lionel Jospin: Face à la guerre, de Louis Gautier, paru cette semaine - éditions de la Table ronde (22,50 €).