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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Si, si, à l'UMP, on ne pense pas qu'à 2012...

Au départ, c'est l'interview de Laurent Gbagbo qui m'a fait acheter l'édition de ce lundi 27 décembre du Figaro: le président auto-proclamé de Côte d'Ivoire (auquel je consacrerai évidemment un article !) avait choisi le plus gros quotidien de la droite française pour crier, à toute la presse occidentale, au complot contre lui. Un complot mené par l'Occident, conduit par la France... Mais, passons. Car, dans les pages "politique française" du journal, j'ai lu un article consacré à la lutte féminine entre Rachida Dati, maire du VIIème arrondissement de la capitale et députée européenne, et Chantal Jouanno, nouvelle secrétaire d'EtatJouanno-Dati.jpg aux sports. La guerre des dames (comme l'indique le titre de l'article) met donc aux prises les deux figures de la majorité (photo). Objectif? Prendre la tête ou la sous-tête de la prochaine campagne des municipales à Paris. En effet, l'ancienne garde des Sceaux, recasée à Strasbourg pour son plus grand bonheur, envisagerait d'être candidate à une primaire de l'UMP pour postuler au poste de maire de Paris. Et elle semble avoir (ô suprise !) une si haute opinion de sa personne qu'elle s'en prend à l'actuelle ministre du gouvernement Fillon IV qui envisagerait, de son côté, d'être la co-listière d'un certain... François Fillon, lequel serait candidat à la succession de Bertrand Delanoë après avoir obtenu, en 2012 (soit à son départ de Matignon), un fauteuil de député dans une circonscription acquise à la droite.

 

Le plus drôle n'est pas la "guéguerre" des deux ambitieuses (il y en a tellement à l'UMP !!), mais la phrase du patron parisien du parti présidentiel. Désireux de jouer les arbitres, Philippe Goujon, patron de la fédération parisienne de l'UMP, se félicite d'abord d'avoir été reconduit à cette fonction (on est jamais mieux servi que par soi-même) avant de déclarer: "Tout le monde doit concourir pour attaquer la politique de Bertrand Delanoë qui est une politique nuisible pour Paris, avec un deuxième mandat raté". Je n'ai pu m'empêcher de rire à la lecture de ce quelques lignes. Voilà que la patron de l'UMP parisienne est capable de lire l'avenir ! Comment peut-il affirmer, dans une interview, que le bilan du maire de Paris est un échec alors même qu'il n'est pas encore à la moitié de ce mandat? Faut-il rappeler que M. Delanoë et son équipe ont été reconduits, sans la moindre ambiguité, à la tête de la capitale il y a deux ans et demi... et qu'ils leur restent plus de trois ans pour achever la mise en place de leur projet? Il est tout de même assez cocace de voir un responsable du parti présidentiel attaquer le bilan du maire de Paris alors que les élus de ce même parti dénonçait l'attitude des socialistes qui consistaient à juger l'efficacité de la politique sarkozyenne à la mi-mandat présidentiel. Bref, d'un côté, les socialistes n'auraient pas le droit de demander au Président de faire un bilan de son mandat avant sa fin et, de l'autre, les élus UMP pourraient asséner un verdict (ici, sans appel) de la politique de la gauche dans la capitale, deux ans seulement après les élections ! C'est grotesque !

 

Mais, passons. Ce M. Goujon ne mérite pas plus d'un paragraphe sur ce blog. Beaucoup plus intéressante est la capacité, quasi générale, des responsables de la majorité à se projeter dans l'avenir... tout en jurant, dans les médias, qu'ils s'occupent à plein temps de sproblèmes des Français aux fonctions qui sont aujourd'hui les leurs. Non moins grotesque ! Ainsi, à part Nicolas Sarkozy, qui doit y penser chaque matin en se rasant, rares sont les dirigeants de l'UMP à avoir les yeux fixés sur 2012. On vient de le voir: Mmes Jouanno et Dati pensent déjà à 2014, ainsi qu'aux législatives de 2012, qui ne leur serviront uniquement de tremplin (en trouvant une place sur la scène politique parisienne)... vers un cumul dont l'une d'elles est déjà coutumière ! Mais, elles ne sont pas les seules. Fillon, lui même, pourtant chef du gouvernement de la France, pense un jour aux sénatoriales (pour prendre la place d'un Gérard Larcher à qui le chef de l'Etat aurait proposé, sans succès, un poste ministériel... y compris Matignon), le lendemain aux législatives de 2012 pour quitters son fief de la Sarthe, s'implanter à Paris, revendiquer le Perchoir du Palais Bourbon et, donc, préparer les municipales parisiennes (qui seraient à la hauteur de ses ambitions post-Matignon).

 

Il est deux autres personnalités de l'UMP (après les soeurs ennemies parisiennes, voici les frères ennemis ambitieux) qui ne pensent pas à 2012... mais à 2017. Il y a d'abord le maire VSD de Saint-Quentin: Xavier Bertrand. VSD? Comprenez: un maire Vendredi-Samedi-Dimanche. C'est une superbe expression, inventée par ma grand-mère (87 ans ce lundi !!), qui permet de dénoncer ces politiciens qui, non contents d'être ministre (du Travail et de la Santé, en l'occurence), conservent leur poste de député (qu'ils reprennent à leur suppléant dès leur départ du gouvernement acté) voire de maire d'une ville de plus de 50 000 habitants. Car l'ancien patron de l'UMP au niveau national a profité de la démission (surprise) du sénateur-maire de la plus grande ville de l'Aisne (pour des raisons de santé) pour se faire élire premier édile d'une ville dont il était (déjà) premier adjoint ! Devenu ministre, M. Bertrand ne renonce pas à ce poste prestigieux... et hautement rémunérateur ! Dans le genre cumulard, présent dans sa ville les week-ends (car bloqué, en semaine, à Paris), il n'a rien à envier à son rival, l'avocat d'affaires Jean-François Copé, récemment nommé à la tête du Parti présidentiel. A M. Copé, je voulais consacrer tout un article... mais, faute de temps, je vais me contacter d'un paragraphe (qui n'en sera pas moins assassin).

 

Je ne veux pas m'éterniser sur le cumul et le mélange des genres qui le caractérisent. Soucieux de bien garnier son porte-feuille, il a tout de même été, pendant plus de trois ans, maire de Meaux, député de Seine-et-Marne et président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Ce qui lui garantissait une réelle visibilité médiatique. Mais ce qui ne semblait lui suffire à remplir son agenda puisqu'il s'est senti obligé de prendre un mi-temps dans un cabinet d'avocats. Officiellement: pour rester en contact avec la vie réelle des Français !! Il faut dire que pour justifier l'injustifiable et conjuger son intérêt personnel avec l'intérêt (soi-disant) collectif, M. Copé est très fort. Il n'y a qu'à écouter ses plus récentes interventions médiatiques pour le comprendre: après avoir laissé son poste à son fidèle, Christian Jacob, l'ancien patron de la majorité n'a pas hésité à dire que ces trois années au Palais Bourbon l'ont transformé. Promis juré, ce n'est plus le même homme: "avant j'étais arrogant et je pensais tout savoir; maintenant, je sais que pour gouverner au service des Français, il faut beaucoup de concertation, de travail d'équipe, de détermination et de concessions". On croirait entendre le "nouveau Sarko" que notre Président nous a servi au moment de la douloureuse réforme des retraites. Cette modestie, de circonstance, ne trompe personne (en tout cas, je l'espère). Davantage préoccupé par son destin personnel, M. Copé est parvenu à imposer à l'Elysée de récupérer l'UMP: alors que Bertrand acceptait un poste ministériel (même s'il n'a pas eu ce qu'il voulait... à savoir la Défense), le toujours député-maire de Meaux sait qu'il aura besoin d'un parti soudé derrière lui pour se lancer dans la bataille des présidentielles de 2017, auxquelles il s'est déjà déclaré candidat. Ah, l'ambition au service des autres, n'est-ce pas beau? En tout cas, la nomination de Copé à la tête de l'UMP confirme une chose: tous les pouvoirs sont à l'Elysée. Car, dans un parti démocratique (le PS, par exemple), le chef est élu par les militants... à l'UMP, quand il n'est pas élu avec un score soviétique faute de concurrents (achetés?), le leader est désigné depuis le Château et n'est qu'une pièce, parmi d'autres, du grand puzzle que le Président recompose de temps en temps. Prochaine étape, en janvier, pour introduire trois nouveaux secrétaires d'Etat?

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