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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Sarko n'est plus le maître de l'actualité

Autrefois (il y a quatre ou cinq ans, déjà), on vantait les mérites du ministre de l'Intérieur de l'époque: la criminalité était en baisse, son volontarisme médiatique séduisait les classes populaires qui voyaient enfin un homme politique agir, l'homme en question faisait l'actualité imposant aux médias les sujets sur lesquels droite et gauche s'affrontaient. Aujourd'hui, le même personnage, devenu président de la République, n'envoûte plus ses concitoyens: les chiffres de la délinquance (et le ressenti sécuritaire) sont en berne; ses déplacements en province s'apparentent davantage à du bougisme sans conséquence qui, en plus, fait exploser le budget de l'Elysée (quand les Français d'en bas peinent à finir leurs mois); pire, ils ne dictent plus les thèmes qui font débat dans la classe politique malgré le soutien de médias-amis (contrôlés Sarko-au-Congres.jpgpar certains de ses proches). D'aucuns y verront la confirmation qu'il n'est pas taillé pour la fonction... qu'il est davantage un super premier ministre qu'un chef d'Etat. Cette hypothèse est, en partie, validée par le dernier discours, prononcé par le chef de l'Etat devant des étudiants américains, à l'occasion de sa réception par le couple Obama: lors de cette intervention publique (photo: le président Sarkozy devant les présidents des deux chambres du Congrès américain), il s'est fait une joie de commenter l'adoption du projet de loi sur la réforme du système de santé américain en rappelant, sourire aux lèvres, que la France l'avait fait depuis bien longtemps. Une déclaration bien inélégante; jugez-en: "L'idée que cela fasse un débat d'une telle violence que de vouloir que les plus pauvres d'entre vous ne soient pas laissés dans la rue, seuls, sans un centime, face à la maladie... excusez-moi, mais, nous, cela ne fait guère que 50 ans que nous avons résolu le problème". Bref, voici un président qui se donne en spectacle, rabaissant son public (le peuple "ami" américain) sur le mode "eh, bien, nous, on a fait aussi bien, voire mieux, depuis longtemps"... Na-na-nère ! C'est cela, être le président d'une nation qui se veut grande? C'est davantage une faute politique, bourrée d'arrogance et de paradoxe (car, voir vanter un libéral comme lui notre modèle social, qu'il voulait pilonner avant la grande crise, c'est assez drôle) !

 

Mais, cette explication d'un Sarko affaibli (au point qu'il a perdu les élections régionales, plus qu'elles n'ont été gagnées par ses opposants) n'est pas suffisante. L'actualité, c'est désormais l'opposition qui la provoque. Adoptant un ton plus ferme et tapant sans détour sur la politique gouvernementale, Martine Aubry impose des thèmes. N'est-ce pas la ténacité des socialistes et des responsables de la gauche de la gauche (tel M. Mélenchon) qui a fini par obliger la majorité à se déchirer (pour une fois que les rôles ont changé !) sur le bouclier fiscal? Moins récent, ne sont-ce pas les attaques de l'opposition qui ont mis sur le devant de la scène les affaires du prince Jean ou du salaire Proglio, toutes symptomatiques d'un pouvoir qui conduit la France dans le mur... au profit d'un clan? Plus récemment, n'est-ce pas la présidence de la République qui tente d'imposer des polémiques dont tout le monde se fout, avec la complicité de l'inutile Rachida Dati, en ce moment? Comme si ces sujets étaient susceptibles d'aider les Français à surmonter l'inflation, l'explosion du chômage, la crainte du lendemain, la hausse des loyers et du prix de l'essence à la pompe... Ou l'on voit que, depuis quelques mois, la droite n'est plus maîtresse de ce calendrier qu'elle détenait depuis des années. Pire: les parlementaires de la majorité entendent imposer l'examen, à l'Assemblée, d'une proposition de loi suspendant l'exécution du bouclier fiscal, au nom de la solidarité en temps de crise. Bref, le chef n'est plus le chef absolu, qui dicte à ses troupes la bonne conduite et qui enferme le Parlement (donc, les élus de la nation) dans un rôle d'enregistrement de ses décisions, comme sous l'Ancien Régime. Pis encore: la "pause" qu'il entendait décréter à l'automne 2011, pour s'assurer une campagne électorale sans remous (et qu'il avait subtilement présentée comme un moment propice pour mettre à plat toute notre législation pour la rendre plus efficace), n'aura pas lieu... car, a contact de leurs électeurs, les députés (inquiets de leur propre avenir) lui ont fait comprendre que l'immobilité pourrait lui coûter cher. Quitte à continuer de bouger dans tous les sens, en produisant des décisions impopulaires, injustes et inefficaces !

 

Au temps de la comm' à outrance, c'est aussi par cette voie que le président du Conseil général de Seine-Saint-Denis a mis le président au défi: en affirmant vouloir présenter un budget en déficit (ce que la loi lui interdit), Claude Bartolone entend rappeler, via le débat public, que l'Etat ne tient pas ses engagements financiers à l'égard des collectivités locales qui s'en trouvent financièrement étranglées. La situation n'est pas bien complexe à comprendre: avec la crise, les dépenses sociales des départements (ces collectivités qui versent les RMI et autres RSA au nom de l'Etat) ont explosé; avec la réforme de l'Etat et les transferts de compétence à outrance, les recettes se sont amoindries (puisque l'Etat cumule des retards de paiement impressionnant à l'égard de ces mêmes collectivités). Conséquence: si nos départements veulent continuer leur rythme de dépenses sociales, pour construire ce bouclier social (évoqué à l'occasion des dernières régionales) que l'Etat ne concrétise pas, les budgets présentés s'en trouvent déficitaires, faute de pouvoir équilibrer ces dépenses avec les recettes correspondantes. On savait que l'Etat doit quelques millions à une Sécu elle aussi en déficit. Voilà que les Français aperçoivent, grâce à la témérité des socialistes, la réalité de la situation financière de l'une de leurs collectivités (à laquelle ils tiennent d'ailleurs le plus) ! Dans les mois qui viennent, la gauche devrait encore restée maître de l'actualité. Viendra la question des primaires et de la façon avec laquelle il faut les organiser (à quelle date, avec quels critères de candidature, avec quels électeurs, etc). Viendra aussi le débat, interne au PS (dans un premier temps), de la proposition de non cumul des mandats. A priori, les socialistes devraient en faire leur règle, en mettant en place, dès les législatives de 2012, le principe de mandat unique des parlementaires. Reste à savoir si la droite s'engagera dans la même voie, si ce projet doit être inscrit dans la Constitution. Le temps n'est pas encore venu d'en parler mais je crois que les Français, avec le message qu'ils ont envoyé lors du dernier scrutin, réclament une classe politique plus exemplaire et des élus plus à l'écoute. Interdire aux présidents d'un exécutif local d'être en même temps sénateur (ce qui les oblige à s'éloigner de leur département), c'est apporter une réponse (incomplète, mais symbolique) aux attentes des Français. Et ce débat, le PS devra l'imposer pour le mener jusqu'au bout !

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M
<br /> <br /> Salut Aurelien,<br /> <br /> <br /> Content que tu te remettes a ecrire. Ce que tu dis est juste, la seule chose c'est que cette situation empire depuis 35 ans. Tous les problemes ne sont pas nés sous Sarkozy. Non pas que je<br /> veuille le defendre, je ne suis pas encarté, ce n'est pas mon truc. Les deficits et l'endettement  sont faramineux comme le rappellent les rapports de la cour des comptes que tout le monde<br /> oublie (c'est plus pratique). Les effectifs de la fonction publique n'ont cessé d'augmenter depuis 1980  mais c'est tellement mal géré (par clientelisme ou electoralisme et la je vise droite<br /> et gauche) qu'on en arrive a manquer de tout malgré plus de deux millions de fonctionnaires dans les ministeres.<br /> <br /> <br /> La reforme des retraites demandée par Rocard en 1989 (dejà) n'a jamais été abordée en raiosn des intérêts particuliers de chacun. Hamon propose d'augmenter les prélèvements sur les entreprises,<br /> pourquoi pas , mais il ne faudra pas se demander pourquoi elles delocalisent ou n'embauchent pas après ça. On a en France les taux de prélèvements fiscaux et sociaux les plus lourds de la zone<br /> OCDE !!<br /> <br /> <br /> Ta  reflexion est tres juste sur le transfert de competences et de moyens mais dans bp d'administrations ca c'est fait sur 20 ans !!! c'est trop long et aucn ajustement ne s'est fait.<br /> <br /> <br /> L'opposition au bouclier fiscal est un leurre alors qu'on doit plutot amorcer une grande reforme fiscale. Car malgré le taux d'imposition le plus élevé d'Europe (apres la Suede), on a reussi<br /> l'exploit d'etre en deficit budgetaire depuis 30 ans !!! grand exploit de tous nos gouvernants. On 'investit plus car oon ne depense que dans les depenses courantes (c'est à dire les salaires).<br /> Une grande reforme permettrait de donner plus de moyens aux collectivités locales entre autres. La taxe rpo n'etait pas la solution. Je l'ai pratiqué en entreprises, ca plombe les comptes, c'est<br /> la taxe la plus lourde sur une entreprise ajouté a ça un taux d'imposition sur les entreprises le plus haut d'europe, je ne vois pas comment on peut créer de la richesse et de l'embauche.<br /> Bref  tableau pas rejouissant. Avec ça la crise la pire depuis 1929 et des propistions inexistantes a droite ou a gauche, je suis plutot pessimiste meme en cas d'alternance.<br /> <br /> <br /> Sarko a deux maintenant pour se bouger mais je ne pense pas qu'en ecoutant la rue on puisse gouverner, cela voudrait dire que tout le monde peut le faire, ce qui n'est pas le cas. On cederait a<br /> la demagogie alors qu'on doit gouverner à long terme, mais la on y est pas encore et on n' y arrivera jamais a mon sens.<br /> <br /> <br /> Quant au cumul des mandats, ca sera rapide avec la reforme des collectivités locales :-))<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> Matt<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Salut Matt !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je t'avais promis d'aller faire un tour sur ton blog il y a quelques jours. Je n'ai pu que le parcourir, après avoir lu les articles de Pelion sur "la voix de l'Européen". Je te réponds... et je<br /> file poster des commentaires sur ton blog.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Concernant tes remarques, ici, j'approuve aussi certaines de tes analyses. Malheureusement, j'aborde peu les politiques menées avant la période Jospin qui est la première que j'ai vraiment vécu<br /> (j'avais 11 ans en 1997). Et puis, par principe, et même si je suis historien, je ne regarde pas en arrière. Je suis tout à fait d'accord sur le fait que la gauche n'a pas brillé sous Mitterrand<br /> ou Jospin. Mais, je préfère me concentrer sur la manière avec laquelle la gauche d'aujourd'hui peut changer les choses...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Plusieurs de tes remarques sont extrêmement justes:<br /> <br /> <br /> - le poids de la fiscalité sur l'entreprise. Je suis de ceux, rares à gauche, à considérer qu'une baisse des cotisations est nécessaire. Les entreprises ne sont pas les ennemies des socialistes<br /> et si nous voulons créer ou péreniser des emplois, il faut mener une politique économique cohérente. Et celle proposée par B. Hamon ne l'est pas...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> - concernant le nombre de fonctionnaires, Sarkozy a donné l'objectif de revenir à la situation de 1993. Or, avec une population de 6,5 millions supérieure à ce qu'elle était il y a 17 ans, on<br /> arrivera à un moindre taux de fonctionnaires/habitant, donc à des services publics fragilisés ! C'est mathématique. Je ne dis pas qu'il ne faille pas alléger certaines administrations mais<br /> l'exemple (médiatisé) des enseignants non remplacés prouvent que ls suppressions de postes conduisent à un service public de moindre qualité. Car, avec la meilleure des volontés, les<br /> fonctionnaires en place ne peuvent pas faire le travail que deux personnes (même une et demie) faisait auparavant... sauf à modifier la qualité du service !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> - gouverner avec la rue n'est pas une bonne chose. Je te suis tout à fait. L'opinion publique est trop sensible au court terme et réagit de manière plus sentimentale que réfléchie. Et il est du<br /> rôle des politiques de gouverner à long terme en ayant tous les enjeux et paramètres en tête... Cela dit, quand le niveau de mécontentement franchit un certain niveau (et avec l'abstention, la<br /> poussée du FN et la force des actions syndicales dans les usines, il a été franchi), les gouvernants doivent en tenir compte. Ce qui ne signifie pas renoncer à des réformes, ni annuler celles qui<br /> ont déjà été entérinées. Mais, modifier le cap.<br /> <br /> <br /> Or, Sarko garde le même cap, a annulé la taxe carbone. La réforme des retraites nous en apprendre beaucoup sur son degré de compréhension du mécontentement populaire.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tout aussi amicalement, à très vite.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Si je vous suis bien, il ne resterait plus à droite que ... Sarko ! Ce qui d'une certaine façon ferait bien les affaires de la gauche. Ici en Lorraine, c'est 50.2% des voix (bon, la participation<br /> n'était pas au top), région traditionnellement à droite. Alors il y a de quoi avoir des perspectives dans deux ans !<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Disons plutôt que Sarko incarne une droite qui, en 2007, se rêvait invincible car cohérente et en phase avec les idéologies de la plupart de ses membres. Le discours du candidat UMP était si bon<br /> que ses challengers potentiels y trouvaient leur compte.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Désormais, après trois ans de pouvoir, le mode de gouvernance et le décalage entre les belles paroles et des actes qui ne sont pas conformes à une certaine idée de la droite font que, dans sa<br /> famille politique, Sarko est contestée par des gens qui voudraient une autre voie. Face au bouclier fiscal pro-riches, certains veulent plus de justice sociale et fiscale. Plutôt que la poursuite<br /> du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, certains (comme le désormais ministre Baroin) préféreraient maintenir les effectifs pour garantir des services publics efficaces...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Si des voix se font entendre à droite, pour incarner un libéralisme moins sauvage et destabilisateur, c'est parce que la politique menée par Sarko est trop "à droite" au goût de certains. En tout<br /> cas, nettement plus "à droite" que son programme de la dernière présidentielle !<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Je ne sais pas ce que vous pensez Aurélien de l'ascension de D. de Villepin. Mais il me semble que c'est lui le plus "dangereux" pour la gauche, tant le président actuel paraît dépasser par sa<br /> propre logique communicationnelle : les slogans-choc, les engangements non tenus, les couacs de sa majorité bling-bling, je pense qu'il ne parviendrait pas à l'emporter. Qui croit encore à son<br /> image d'homme d'action ? Au grenelle ? etc etc En revanche, en tant qu'hostile à Sarkozy, Villepin peut incarner une alternative à la gauche d'autant plus crédible qu'il dispose d'un capital<br /> sympathie (comme victime des abus de pouvoir du président).<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> En ce qui concerne le parcours de Dominique de Villepin, j'aurais tendance à reprendre l'analyse de Marianne sur l'ascension de... François Fillon. L'hebdomadaire explique que les<br /> Français prêtent à ces deux hommes, aujourd'hui populaires, les très de caractère qu'ils ne trouvent pas chez Sarko. Ainsi, Fillon apparaît comme un libéral provincial sachant négocier, se<br /> remettre en question et prêt à reculer pour écouter le peuple... parce que l'opinion fait de Sarkozy le portrait d'un homme parisianiste, enfermé dans son monde d'en haut, incapable de la moindre<br /> auto-critique et qui persiste dans l'erreur !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Est-ce à dire que Fillon (ou, ici, Villepin) proposent une véritable politique alternative, que ce soit dans le cap et le contenu des réformes qu'ils seraient amenés à effectuer? Pas si sûr.<br /> Bref, Fillon (et Villepin) sont populaires, surtout à gauche, et quelque peu à droite, parce qu'ils représentent l'anti-sarkozysme qui, en ce moment, ne fonctionne plus... Rien de plus.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Concernant Villepin lui-même, son capital sympathie n'est qu'éphémère. Quand il était aux affaires, il n'avait pas le même statut aux yeux des Français... et l'épisode CPE reste dans les<br /> mémoires. Or, il n'y a pas que la sympathie (deux ans avant l'échéance) qui compte. Il y aura le projet, les idées de réforme, les valeurs mises en avant... Or, en 2010, il est trop tôt pour en<br /> juger. Villepin restera à la mode quelque temps. Puis, il disparaîtra quand les Français liront son programme !<br /> <br /> <br /> <br />