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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Qui peut encore dire que l'opposition n'a pas de propositions?

Hier, jeudi 30 décembre 2010, la France aurait du célébrer un anniversaire (car il s'agit d'un événement qui, au-delà des querelles partisanes, appartient à l'histoire de la République française): le 90ème anniversaire de la naissance du PCF, alors nommé SFIC. Comprenez: Section Française de l'Internationale Communiste. C'était l'époque où les communistes, que l'on appelait bolcheviques en URSS, prirent le pouvoir lors de la Révolution de 1917 et envisageaient de l'étendre au reste du monde, en commençant par l'Europe. C'était l'époque où, en France, la gauche se reconstruisait après une Première guerre mondiale qui fut l'occasion d'un renforcement des partis de la droite. Lors du Congrès de Tours, qui eût donc lieu en décembre 1920, la SFIO (Section Française de l'Internationale Socialiste) se partagea en deux: d'un côté, majoritaires, les jeunes militants, plus révolutionnaires et radicaux que leurs aînés, voulaient entamer le virage communiste et, de l'autre, les élus emmenés par Léon Blum souhaitaient garder leur socialisme modéré (que l'on dirait aujourd'hui "de gouvernement"). Le futur PCF venait de naître et, avec lui, un futur grand parti qui, dans l'après Seconde guerre mondiale, à la faveur de la guerre froide, allait tenir une place majeure sur la scène politique française. Voilà pour le cours d'histoire. Revenons au présent: hier, dans les médias, l'anniversaire du PCF fut évoqué pour rappeler qu'il fut un grand parti... pour mieux souligner qu'il n'en est désormais plus rien. Les scores de Robert Hue et Marie-George Buffet ont ainsi été rappelés.

 

Pourtant, la gauche radicale, baptisée "gauche de la gauche" depuis quelques années (pour dire, en fait, "gauche du PS", ce dernier étant LA référence de la gauche française), a su se transformer et s'adapter à la réalité politique du pays. Prenez le Parti de gauche. Au départ, l'initiative de Jean-Luc Méléchon de se créer son propre parti (le Parti de gauche) en claquant, avec fracas, la porte d'un PS, ne me réjouissait pas: ce nouveau parti, pensais-je, allait contribuer à parcelliser encore un peu plus une gauche, déjà, en morceaux... et donc, à obscurcir son discours en montrant aux Français ses points de friction plutôt que ses éventuels sujets d'accord (pour bâtir un projet de gouvernement par exemple). Près de deux ans plus tard, le bilan est moin négatif: en dénonçant un PS trop libéral, ayant tendance à ne pas réaliser (quand il est au gouvernement) les engagements pris devant les électeurs, M. Mélenchon est parvenu, avec les communistes et, espère-t-il, avec l'extrême gauche, à bâtir une alternative "de gauche" au PS avec l'espoir de le devancer. Ainsi, avec son Front de gauche (né pour les européennes et renouvelé à l'occasion des régionales), il a reconstitué le paysage de la gauche française: un parti social-démocrate (le PS), une grande formation écologique (Europe Ecologie) et un regroupement des anti-libéraux (le Front de gauche). A la faveur de la crise, ces derniers ont obtenu une plus grande visibilité, leurs idées anti-système recevant un écho plus grand dans l'opinion (taxation des banques et des flux financiers, augmentation des impôts pour les plus riches, hausse des bas salaires, critique de l'Europe bruxelloise...). Et, alors que la France attend les voeux de Nicolas Sarkozy, ce soir à 20 heures, le PCF mettait en ligne une vidéo parodiant les voeux du Président en y plaçant son discours et ses propositions. "Censurée" par Dailymotion (sous prétexte que les images utilisées appartiennent à l'INA), cette vidéo est accessible sur Youtube - la voici:

 

 

Après l'avoir visionnée, nombreux, parmi vous, penseront que le PCF se ridiculise, utilisant toujours les mêmes méthodes dans le seul but de critiquer le pouvoir en place (en le taxant d'incompétence, par exemple). Sauf qu'une telle vidéo, qui n'est pas si corrosive, a un énorme mérite: montrer aux Français que la gauche réfléchit à une alternative à la politique de l'UMP. De là à dire que les propositions énoncées ici sont crédibles, il y a un pas que je ne franchirai pas. Cependant, alors que le bilan économique et social de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement est loin d'être bon (la faute à la crise, mais pas seulement...), la prochaine présidentielle se jouera (surtout) sur la capacité de la gauche (et du PS en particulier) à proposer une nouvelle offre politique, faite de mesures à la fois novatrices et réalistes. S'engager à augmenter les salaires les plus précaires n'est pas une promesse: la vidéo parle d'un "Grenelle" pour atteindre un SMIC à 1600€; la gauche doit pouvoir s'engager, y compris en baissant le niveau des cotisations patronales, à sortir de la précarité, voire de la pauvreté, les millions de Français qui y sont encore plongés. S'engager à revenir sur la réforme des retraites, tout juste bouclée, n'est pas uen promesse: la vidéo parle de revenir à l'âge de départ à 60 ans; la gauche doit pouvoir s'engager à garantir un âge minimal de départ en retraite à 60 ans en proposant de nouvelles solutions comme, par exemple, l'entrée plus précoce des jeunes apprentis sur le marché du travail... En bref, la gauche ne doit pas avoir peur d'avancer des solutions anti-libérales, jugées irréalistes et démagogiques par la droite, telles que l'interdiction des licenciements économiques, la mise en place d'un salaire maximal au-dessus duquel aucun patron ne pourra aller (Mélenchon le fixe à 330 000 € l'an), l'instauration d'une 6ème semaine de congés payés, la taxation des flux financiers privilégiant la spéculation à l'investissement, etc. Mais, dans le même temps, une baisse des impôts payés par les entreprises qui joueront le jeu du développement durable et du partage équitable des richesses produites.

 

Avec cette vidéo des communistes et les propositions concrètes avancées par Jean-Luc Mélenchon, la gauche radicale fait la preuve qu'elle a des idées, que ses militants peuvent proposer une alternative à la politique sarkozyenne. Qui peut encore dire que l'opposition n'a pas de propositions?

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S
<br /> Proposer, proposer, j'ai toujours l'impression que le PS se réduit toujours à des "propositions", des "appels à l'unité", toute une rhétorique de la procrastination. Après chaque point devrait être<br /> abordé en détail. Il me semble que ce n'est pas le manque de propositions que doit craindre le Ps mais l'image qu'on en garde c'est qu'il ne les tiendra qu'en fonction des sondages... La droite<br /> applique ce qui l'intéresse, en dépit des sondages. N'y a-t-il pas place pour une autre approche, plus construite? Un exemple, vous connaissez sans doute le milieu enseignant mieux que moi,<br /> considérez vous qu'un salaire net de 4000 euros pour un enseignant chercheur à l'université soit justifié ? La plupart des études internationales montrent le manque de compétivitié scientifique de<br /> notre recherche, et ce n'est pas faux. Je propose par exemple qu'un réduise de 500euros par mois le salaire des professeurs d'université pour créer des postes de jeunes chercheurs, jeunes diplomés<br /> rémunérés 2000 euros par mois. En gros, quatre chercheurs renoncent à 1/8 de leur revenus pour financer un jeune chercheur. Ce principe pourrait être appliquer dans d'autres sphères économiques :<br /> la notion de répartition/redistribution mérite d'être repensée, ne croyez vous pas?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> A mon tour, cher Sacha, de vous présenter mes plus sincères voeux de bonheur et de réussite pour cette année 2011 !!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Que le PS fasse des propositions, vous n'en doutez pas. Et moi non plus: j'ai d'ailleurs récemment agréablement surpris de voir que le parti, dans son projet, proposait de limiter à 20 fois le<br /> SMIC la rémunération maximale d'un dirigeant d'entreprise... tout au moins dans les entreprises où l'Etat, de par son poids dans le capital, peut l'imposer. C'est un bon début, je pense.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Certes, le PS, et la gauche en général, garde une mauvaise image de leur pratique du pouvoir: une part importante des Français croit qu'une fois au pouvoir, elle n'appliquera que partiellement<br /> ses projets... non en fonction des sondages, mais des impératifs de "réalisme" ou de "pragmatisme" face à nos voisins. Avec un discours du style: "on ne peut pas être le seul à faire cela...".<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je pense que le PS gagnerait à ne pas proposer un catalogue de mesures. Il devrait se limiter à quelques engagements forts, susceptibles de montrer la voie retenue et d'être appliqués<br /> immédiatement après une éventuelle victoire électorale. C'est ce que Sarko a fait dès l'été 2007 avec son paquet fiscal qui envoyait un signal clair à son électorat. Le PS doit donc trouver le<br /> sujet qui lui permettre de reconquérir l'électorat perdu... sous peine de le voir fuir du côté de Mme Le Pen !<br /> <br /> <br /> <br />