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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Les Jeunes Populaires à côté de la plaque

"Tout ceux qui veulent changer le monde; venez marcher, venez chanter": qui n'a pas entendu, dernièrement, ce refrain, entonné par un choeur de jeunes, visiblement entousiastes... dans un clip qui a fait le buzz sur la Toile? La semaine dernière, avant même sa présentation officielle, la dernière trouvaille des Jeunes Populaires (les Jeunes de l'UMP) faisait déjà parler d'elle: reprenant une chanson de Luc Plamondon, cette vidéo fut largement décrite avec ironie et, parfois, moquerie. Dévoré par la curiosité, je me suis donc rendu sur le site des Jeunes de l'UMP pour regarder cette vidéo et y voir plusieurs ministres danser au milieu de jeunes militants. Et j'avoue avoir passé un bon moment: voir ces responsables politiques, plus ou moins à l'aise, répéter une chorégraphie digne de ces tubs de l'été qui font la joie des ados... je n'ai pu m'empêcher de rire. Sans véritable moquerie. Mais par simple amusement... en me posant cette question: comment peut-on être descendu si bas? On savait que le ridicule ne tue pas. Mais, ont été bien inspirés ceux qui sont absents de ce clip, tels Roselyne Bachelot ou Christian Estrosi, qui n'a pas caché son désintérêt pour un tel exercice. Et, pourtant, tous les ingrédients d'un potentiel succès sont là. Comme pour composer le gouvernement, les participants au clip ont été sélectionnés par casting: les figures solides du mouvement (comme Rama Yade, incontournable avant son prochain renvoi ou Jean-Pierre Raffarin, qui s'est donné "à fond") ponctuent la vidéo; les ministres les plus populaires (avec ces femmes qui, telles Mmes Lagarde ou Pécresse, se sont vraiment prêté au jeu) ont été mobilisés; des personnalités tout juste arrivées dans l'arène politique (tels David Douillet ou Gilbert Montagné) ont été récupérées; la jeunesse dans sa diversité a été représentée (avec des femmes enceintes, des sourds et muets utilisant la langue des signes, un handicapé en fauteuil roulant et, évidemment, des Blacks et des Beurs !)... Et, pourtant, la mayonnaise ne semble pas prendre. Peut-être parce que les ficelles sont justement trop grosses: c'est ce qu'expliquait Stéphane Guillon, dans son billet du 15 décembre. Après avoir (re)vu le clip UMP (pour cela, choisissez le vignette correspondante sur la WebTV de l'UMP en cliquant ICI), je vous encourage à visionner cette vidéo, qui résume parfaitement mon sentiment:

Changeons le monde avec l'UMP - par Stéphane Guillon
envoyé par franceinter le 15 déc. (source: site Internet de Dailymotion)

Ce genre de vidéos est révélateur d'au moins deux choses: 1- la politique se résume à un spectacle où les électeurs sont attirés par tout artifice, pourvu qu'il ne permette pas d'évoquer les vrais problèmes. On est en plein dans cette ère de la communication où on jette aux téléspectateurs une marée de bons sentiments... sans débattre véritablement des difficultés de nos compatriotes, ni des moyens pour les en sortir. En Sarkozye, le chef suprême décide de tout et le critiquer, c'est commettre un crime de lèse-majesté. Les rappels à l'ordre des parlementaires, quelque fois audacieux, le prouvent. Et quand le pouvoir organise un débat, c'est pour dresser les Français les uns contre les autres, dans un but purement électoraliste. Avec ce clip, l'ambition n'est pas différente: à défaut d'électeurs, ce sont des militants - et des jeunes - que l'UMP veut enrôler. La baisse des effectifs, depuis l'arrivée de Xavier Bertrand, et l'âge moyen (plutôt élevé) des sympathisants oblige le parti majoritaire à ce genre de procédés. Navrant ! Tout autant que la stratégie des Vieux de l'UMP qui ont, pour les régionales, acheter un clip aux Etats-Unis montrant, là aussi, la France de demain avec des champs de panneaux solaires, des images d'enfants rayonnants et de toutes les couleurs... Quand l'image remplace la parole et les engagements que l'on attend d'un homme politique. Invité du Grand Journal de Canal +, Patrick Devedjian (un des participants au clip) se félicite d'ailleurs que cette vidéo constitue le plus grand succès de l'année pour un clip politique partisan ! Et à Jean-Michel Apathie qui lui fait remarquer qu'en dehors des participants, aucun responsable politique n'a trouvé ce clip juste ou utile, le ministre de la Relance en appelle à décoincer la politique. Jouer l'auto-dérision et faire passer des messages avec humour, c'est donc cela l'avenir de la politique? Benjamin Lancar, président des Jeunes Populaires le confirme et raille les réactions, pourtant beaucoup plus sensées, d'un Yves Jego ("Voir des ministres chanter en playback, ça n'a pas de sens politique") ou d'un Luc Ferry ("Que le show-biz le plus bête et le plus médiocre s'introduise dans la politique comme cela, c'est désespérant"). Tout est dit !
 
2- plus grave, ce clip est aussi révélateur du décalage abyssal (par ailleurs, souligné par l'ancien ministre de l'Outre-mer) qui existe désormais entre la France d'en haut et la France d'en bas. Les plus jeunes de nos concitoyens sont-ils sensibles à ce genre de messages? Est-ce par des reprises de chansons que l'on veut espérer voir notre jeunesse s'intéresser davantage à la politique? Le croire, c'est ne pas comprendre que  ette jeunesse française est autrement plus préoccupée par son avenir. Ce qui l'intéresse, c'est de réussir ses études, d'être un citoyen averti et de bien s'insérer dans le monde du travail. Or, le politicien (au bon sens du terme) est là pour trouver des solutions et réfléchir, sérieusement, à la façon de dissiper l'inquiétude des citoyens. Chacun son boulot: l'homme politique travaille et à un tel niveau de responsabilité, on ne saurait tolérer qu'il ne le fasse pas sérieusement (surtout, compte-tenu du contexte). Pour amuser les jeunes, il y a des chanteurs, des comiques, des sportifs... Ce n'est pas à ceux qui prétendent faire de la politique de le faire ! C'est, en tout cas, mon point de vue. Et l'actualité la plus récente me donne raison. D'une part, quand les lycéens interrogés par les médias expliquent leur attachement à un cours d'histoire-géo solidement ancré en Terminale, toutes sections confondues, on comprend que ce débat, autrement plus important, les passionne davantage. Et ils ont raison.
 
Deuxième exemple: la semaine dernière se tenaient les élections au Conseil Régional des Jeunes dans ma région, la Picardie. Scrutin direct ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans. Atteint par la limite d'âge pour être candidat (il faut avoir moins de 22 ans pour, après un mandat de trois ans, ne pas dépasser les 25 ans), je n'étais pas candidat à ma succession. Le scrutin se déroulant à l'échelle des pays, soixante postes, répartis à parité entre garçons et filles, étaient à pourvoir (contre 80 dans l'assemblée sortante, où le taux d'absentéisme aux réunions était particulièrement marqué). Au final, seuls 42 seront occupés, le nombre de candidat(e)s n'ayant pas été suffisants. Conclusion: la jeunesse picarde s'est désintéressée de ce rendez-vous important (avoir des représentants qui puissent influer la politique de la majorité régionale, c'est intéressant). Et ce n'est pas un clip musical qui y aurait changé quelque chose (pour en savoir plus, lisez mon article sur le blog des CRJ du Chaunois en cliquant ICI). Alors, oui, les Jeunes Populaires sont vraiment à côté de la plaque. Et, pour le bien de notre démocratie, il faut espérer qu'ils s'en rendent compte tout de suite... pour ne pas continuer à balancer, dans le débat, de simples bonnes intentions et des slogans aussi vides. Ni même se contenter, comme ils le proclament sur leur site, de relayer la bonne parole présidentielle en faisant l'apologie de l'action gouvernementale. Laquelle ne satisfait pas la jeunesse française !
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