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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

La propagande sarkozyste a encore frappé

Dernièrement, j'ai construit un petit schéma qui expliquait comment l'absence de dialogue social conduisait systématiquement au débloquage d'argent frais (ou, plutôt, emprunté) pour une profession en difficulté passagère (non, en fait, en difficulté durable, faute de s'attaquer aux vraies causes du problème). Aujourd'hui, j'aurais pu construire le même type de schémas avec les étapes suivantes: 1- le candidat UMP arrive, à une élection, en tête du premier tour, loin devant ses adversaires d'une gauche divisée; 2- porte-paroles du parti, membres du gouvernement et chargés de comm' s'en donnent à coeur joie pour crier au triomphe prochain; 3- le candidat l'emporte d'une courte tête et toutes les personnalités de la majorité viennent nous convaincre, dans les médias, que la victoire est éclatante. Vous avez compris de qui je veux parler?... De l'ancien judoka, David Douillet, bien sûr, fraîchement élu député UMP des Yvelines. Le soir de son succès (car c'en est un !), les barons locaux étaient de sortie: sur les photos, on a vu Valérie Pécresse, en campagne pour râvir la région (Ile-de-France) à la gauche, ou encore Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, venir clamer le triomphe sarkozyen. Voilà la phrase qu'il a prononcé devant les caméras (et diffusée par France 2 dans toutes ses éditions): "si David Douillet avait été battu ce soir, cela aurait été de la faute de Nicolas Sarkozy [dit-il sur un ton bizarrement affirmatif]; David Douillet est élu ce soir, alors qu'est-ce que l'on peut dire?". Genre lèche-cul insupportable, je crois qu'on ne trouvera jamais pire...
 
Disons-le clairement: ce n'est pas le candidat UMP qui a été élu, mais un homme sympathique, populaire et impliqué dans de justes combats (aux côtés de Bernadette Chirac, pour les "Pièces jaunes"). Et personne ne peut le nier. Conséquence: dans sa manie récupératrice, la droite s'empare du phénomène Douillet pour se refaire une santé quand cela va plutôt mal. La preuve? Ce succès est, dans la bouche des franc-tireurs de l'Elysée, la preuve absolue que l'électorat ne s'est pas enfuit après les épisodes Mitterrand ou "Jean à l'EPAD", ces polémiques qui peuvent en agacer plus d'un. CQFD: les électeurs de la circonscription de Poissy ont plébiscité la majorité. Et le chef de l'Etat qui, récupérateur en chef, va bientôt organiser une rencontre avec l'heureux élu à l'Elysée pour faire une belle photo et remonter sa côte... Or, en observant les chiffres (qui, eux, ne mentent pas), cette victoire n'est qu'un trompe-l'oeil. Livrons-nous à une petite démonstration: au 1er tour, le judoka reconverti totalise 44,2% des suffrages (avec une abstention à 70%), loin devant son adversaire du 2nd tour, le socialiste Frédérik Bernard, qui obtenait 21,9%. Derrière eux, on trouvait le Vert Alain Lipietz (à 14, 8%), réalisant le double du score du MoDem avec 7,7%. A supposer que ces deux derniers se reportent sur le socialiste (ce qui n'est pas dénué de fondements), les deux prétendants sont à égalité. Compte-tenu du choix des électeurs qui ont choisi d'autres options, d'un taux de participation différent et, donc, de la capacité des deux camps à mobiliser les indécis, le second tour ne paraîssait donc pas gagner d'avance.
 
Dimanche 18 tombaient les résultats du second tour: M. Douillet obtient 52% des voix contre 48% aux socialistes avec une participation avoisinant les 34%. Première conclusion: 17,7% des électeurs inscrits ont choisi le judoka. Comme succès, on a vu mieux. Les chiens de garde de la Sarkozye sont venus clamer qu'un 52-48 est une très belle victoire. Avec une si faible participation, c'est moins sûr. Quand on sait que le candidat socialiste devait combler un retard important, et qu'il n'est finalement devancé que d'un millier de voix, on peut considérer qu'il est parvenu à mobiliser son électorat... ce que l'ex-judoka n'a pas parfaitement réalisé. C'est d'autant plus vrai que la circonscription était "imperdable", bien ancré à droite depuis des années: le député déchu, pour une affaire de pots-de-vin, l'avait emporté avec 60% des voix en 2002 ! Ma conclusion: Douillet a gagné son combat électoral par yuko (un "avantage", au judo, qui vaut 5 points et ne suffit pas pour gagner le combat, à moins que l'adversaire ne réussisse aucun mouvement), et non par ippon (une "manoeuvre" par laquelle le judoka qui la réalise l'emporte sur-le-champ). Et pourtant, la droite veut nous faire croire le contraire... Mis à part le fait de répandre la bonne parole élyséenne, à quoi servent donc les sarkozystes? A tirer sur ceux qui osent contredire ces fausses vérités. Dernière victime: les journalistes, considérés, dans leur ensemble, et sans la moindre nuance, comme des opposants au régime qui ne se contentent pas de faire leur boulot de commentateurs, mais qui cherchent chaque matin "en se levant" (et pourquoi pas en se rasant, pour ceux qui ne sont pas de la gente féminine?) comment détruire le Président. L'auteur de ce propos: évidemment, le porte-parole Frédéric Lefevre... qui n'a rien de mieux que souhaiter des médias aux ordres du pouvoir en place !
 
Petit complément au 20/10: David Douillet, tout juste élu, a donc fait ses premiers pas au palais Bourbon ce mardi. Première question au gouvernement posée par l'ex-judoka. Un grand moment politique... et de télévision. En effet, le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a sorti son plus grand sourire pour annoncer le nom de l'orateur... lequel a commencé son propos, lu sur un papier, par un "Mes chers collègues", suivi d'un bref silence par lequel il sollicitait l'acclamation de ses pairs. Les députés UMP s'y sont employés: quand je vous disais qu'il n'était qu'un pantin pour la comm' de son nouveau parti ! Souhaitons-lui d'en sortir au plus vite pour le bien de ses administrés... qu'il sait déjà carresser dans le sens du poil. "C'est VOTRE victoire !" 'a-t-il clamé, dpar deux fois, dimanche soir, devant une foule de militants en liesse. Ca commence bien !
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J
<br /> Je ne crois pas que j'aurai voté pour Douillet malgré le capital sympathie que je lui porte pour sa carrière sportive. Je doute de ses réelles compétences, je l'avoue.<br /> N'empêche que cette victoire a fait du bien à la droite qui se trouvait dans une tourmente médiatique.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Certes, cette élection est une bulle d'oxygène pour une majorité bousculée par les médias et l'opposition. Mais, c'est une victoire étriquée... qui reflète les autres résultats de scrutins partiels<br /> où la majorité n'a pas brillé. D'ailleurs, l'Elysée s'en inquiète !<br /> <br /> <br />