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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Le Président s'en va, vive le président !

Ca y est, c'est fait !! Le roi est mort (Chirac quitte l'Elysée pour le quai Voltaire, redevenant simple citoyen), vive le roi (Sarkozy intègre l'Elysée où il ne dormira pas tout de suite, préférant son logement de Neuilly, alors que déjà trois déplacements sont prévus, à Berlin, Bruxelles et Brégançon, pendant que son premier ministre s'installera à Matignon et que la composition du nouveau gouvernement sera rendu public) !! Ce jeudi est donc un jour historique, qui restera gravé dans l'histoire de la République: non seulement il s'agit d'une passation de pouvoir (classique et protocolaire) entre deux présidents, mais la cérémonie voit succèder à un président de droite un autre président de droite: une première depuis 1974 ! Dans les luxueux salon du palais présidentiel, le nouveau locataire des lieux a officiellement été désigné vainqueur du scrutin présidentiel, officiellement investi chef de l'Etat, a reçu le collier de la légion d'honneur (photo) et prononcé un premier discours rassembleur, modéré et très politique (reprenant les thèmes de campagne qui ont fait succès).

Les étapes de cette journée, mélange de protocole et d'initiatives personnelles, ont été minutieusement étudiées: arrivée à l'Elysée avec revue de la garde nationale et poignée mains avec son désormais prédécesseur, entretien dans le bureau du président (avec remise des fameux codes nucléaires), départ de Jacques Chirac, raccompagné par son successeur qui n'hésite pas à taper son épaule ou son avant-bras, inscrivant dans leur relation un touche de complicité et de respect (le président sortant quitte le Palais sous les appludissements, y compris ceux de Nicolas Sarkozy). Suit également la cérémonie, dans les salons de l'Elysée, de la proclamation des résultats, A la remontée des Champs-Elysées succède l'allumage de la flamme du souvenir sous l'Arc de Triompe, le dépôt de gerbes au pied des statues de de Gaulle et de Clemenceau, puis, la touche personnelle, avec le dépôt de gerbes dans le bois de Boulogne, au pied d'un monument rendant hommage aux jeunes résistants fusillés en août 44 avant la libération de la capitale. Histoire de se poser, une nouvelle fois, en rassembleur du peuple français, faisant référence (dans un beau discours) à une histoire de la France, qu'il ne veut pas renier ("en finir avec la repentance"), comme l'ont fait ses prédécesseurs !

Comme la journée de passation de pouvoir, le parcours politique de Sarkozy aura été sans faute, menant ce "loup" de la politique (ne rompant pas ainsi avec Chirac) à l'Elysée. Toutes les étapes des grands parcours politiques ont été respectées. Il aura occupé tous les postes de responsabilité, de maire à ministre, en passant par député, président de conseil général, président de parti politique, sans oublier la fameuse "traversée du désert" que tous les chefs d'Etat ont, un jour, connus. Il aura manié la plume, soit pour exprimer ses idées et ses ambitions (publiant un de ces livres au cours de la campagne), soit en s'essayant à l'histoire (le lien entre la politique et l'histoire du pays est presque un passage obligé): il consacre un de ses premiers livres à Georges Mandel, avec ce sous-titre "Le moine de la politique"... un personnage auquel il s'identifie (cliquez ICI pour relire l'article consacré aux personnages historiques préférés des candidats à la présidentielle).

Depuis 2004, et son accession à la présidence de l'UMP, Nicolas Sarkozy a tracé sa route, avec méthode et efficacité, s'emparant d'un parti que Chirac avait créé pour son dauphin (Alain Juppé): l'ancien ministre de l'intéreur savait que son ambition présidentielle, qu'il avait déjà avoué depuis plusieurs mois, ne pouvait prendre corps sans le puissant parti qu'est devenu l'UMP en 2002. L'élimination progressive de ses adversaires au sein de sa famille politique lui a permis d'être plébiscité (faute d'opposition) lors du congrès de désignation du candidat, ne laissant aucune place à Jacques Chirac qui n'avait sans doute pas encore renoncé à un troisième mandat. Sa campagne, habile et linéaire, a été la plus efficace: il a martelé des phrases toutes faites, faciles à digérer ("travailler plus pour gagner plus", "la rupture tranquille"); il a distillé les thèmes de campagne à chacune de ses grandes interventions et surtout il ne s'est pas épuisé dans la dernière ligne droite. En employant une métaphore sportive, on pourrait dire que Sarko a pris le maillot jaune dès la première étape, ne l'a jamais perdu (même si, parfois, il parut en difficulté avec les deux phénomènes Royal et Bayrou) et, surtout, a évité de le perdre lors de la dernière étape (il ne fallait pas nécessairement gagner le débat télévisé d'entre-deux-tours !).

Et pourtant, pour la première fois, un président élu est ouvertement contesté par des manifestations de rue: l'incendie de plusieurs centaines de véhicules pendant plusieurs nuits consécutives, des affrontements entre casseurs et CRS dans les rues de quelques grandes villes et le saccage de permanences de l'UMP sont autant de messages envoyés à un président pourtant largement élu par le suffrage universel. Sarko n'est pas un homme politique comme les autres car il est soit adoré, soit détesté... sans qu'il n'ya ait réellement de juste milieu. Dans le cas de Chirac, c'est tout le contraire: il n'y a ni adoration ni totale rejet de sa personnalité, nombreux sont ceux à s'accorder sur le caractère sympathique et compétent du personnage. Le scrutin du 6 mai a montré que ceux qui adorent Sarkozy sont plus nombreux que ceux qui le détestent, mais ces derniers entendent lui rappeler que sa victoire ne lui donne pas tous les droits pour les cinq ans qui viennent.

C'était aussi, dans un autre style, le message de Chirac dans son discours d'adieu aux Français, mardi soir, les appelant à surmonter leurs divergences politiques pour rester un peuple uni et solidaire... laissait-il entendre que cette cohésion était désormais menacée après la victoire de Sarko? Peut-être. En tout cas, comme à son habitude, il a parfaitement réussi sa dernière déclaration solenelle comme président: ajoutant un touche de sentimentalité à la gravité de la circonstance, il a remercié les Français pour la confiance qu'ils lui ont témoigné, se disant fier d'avoir mené à bien son mandat, espérant laisser une trace dans l'histoire du pays. L'émotion était donc bien au rendez-vous et la relative humilité, donnant l'impression d'un sortant s'effaçant devant l'entrant, ne font que rajouter à ce regain de popularité qui se confirmera dans les prochains mois, une fois l'état de grâce de Sarkozy passé, alors que Chirac débuera ses travaux au sein de sa nouvelle fondation.

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