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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Le plan Hôpital 2012

Alors que les chirurgiens, anesthésistes et gynécologues des cliniques privées sont en grève depuis lundi, et que les services d'urgence doivent faire face à des problèmes d'accueil des personnes victimes de la canicule, l'épineux dossier du statut des médecins hospitaliers et du monde hospitalier, en général, refait surface. Ne rêvons pas: aucune solution, ni même proposition, ne sera faite par le gouvernement avant les prochaines échéances, l'occasion de placer ce dossier au coeur du débat pour 2007. Le contexte actuel offre une parfaite illustration du mal dont souffre nos hôpitaux, alors que les promesses faites à l'été 2003 n'ont pas été tenues (ce qui explique la grève actuelle !). Le manque de personnel est chronique, si bien que les grévistes n'en portent que le nom car, dans les faits, ils assurent leur mission de service public de la santé (car, c'est bien de cela qu'il s'agit). Le manque de moyens financiers et de lits pour assurer un tel service de qualité est criant: la canicule qui sévit actuellement est là pour le rappeler. Deux exemples l'illustrent. 1- les hôpitaux des côtes t les plus touristiques (comme celui de Toulon) doit faire face à la fermeture de lits liée aux congès des médecins (et non à des raisons purement financières), et en même temps à une explosion du nombre de patients, du fait de la canicule (des personnes âgées légèrement désydratées) et de l'augmentation de la population en période estivale. 2- dans l'Oise, une municipalité vient de créer un contrat de solidarité civique, ouvert à des jeunes de plus de seize ans, sur le modèle du service civique proposé par Ségolène notamment. Ces jeunes bacheliers, pour la plupart, intègrent la maison de retraite de la ville pour y aider le personnel (en sous-effectif) à nourrir, discuter et promener les pensionnaires. Un acte de solidarité inter-générationnelle qui construit un citoyen !

L'hôpital public doit donc, comme le privé et les autres établissements d'accueil (comme les maisons de convalescence), faire face à un sous-effectif chronique, que les mesurettes de ces derniers mois ne vont pas régler: l'augmentation du numérus clausus (le nombre d'étudiants de première année admis à passer en année supérieure) ne suffira pas. L'appel lancé aux étudiants en médecine, aux élèves infirmiers et aux retraités du secteur laisse sceptique sur les réponses que les politiques veulent apporter à ce problème qui, répétons-le, est urgent et fondamental. Car, l'hôpital est l'un des derniers piliers, encore stable, de la solidarité nationale et de l'idéal de service public ! L'hôpital français, caractérisé par le dévouement de son personnel, la qualité des soins et de la couverture maladie, est un modèle pour nombre de pays. Les Français y tiennent tant qu'ils oublient les heures d'attente et la vétusté des locaux, préférant y être soigné coûte que coûte. Je fais aujourd'hui trois propositions pour commencer à résoudre (ce n'est qu'un début de piste) ce problème: ceci ne sont que des pistes, qui doivent être complétées et finalisées, tout en intégrant un vaste plan (Marshall ?!) d'ensemble. 

1- une réforme des statuts pour valoriser les carrières de la santé. On pourrait imaginer un nouveau moyen de calcul des salaires, pour moitié fixe (selon le niveau d'étude et le nombre d'années d'exercice, entre autres), pour moitié variable selon le nombre d'actes pratiqués et la qualité des soins (pertinence du traitement). Les salaires doivent être attractifs et comprendre une prime d'installation dans les déserts médicaux, sous forme d'une aide directe à l'installation, ainsi que d'une augmentation salariale dans les cinq premières années de pratique. Les temps d'étude pourraient par ailleurs entrer dans le calcul des droits à la retraite, tandis qu'une formation tout au long de la vie pourrait être mise en place, par le biais de conférences, de publications sur les avancées médicales... Il ne serait peut-être pas inutile d'instaurer des sanctions strictes, et de les appliquer aux médecins "voyous" (prescriptions multiples et non justifiées, certificats de complaisance, escroquerie contre la Sécurité sociale). Certains (jeunes) praticiens, connaissant eux mêmes la valeur de leurs collègues, préconisent même d'instaurer un fichier des médecins, qui en évalue les aptitudes et qui soit accessible aux patients. La fonction médicale doit aussi être recentrée sur son volet humain, car un médecin perd aujourd'hui trop de temps en paperasse (un poste de secrétaire par service pourrait être créé, et confié à des étudiants ou des chômeurs de longue durée). Quant au volet judiciaire, les plaintes contre les spécialistes se multipliant, on pourrait envisager la création d'un Haut Conseil Médical chargé d'instruire une enquête en cas de plainte déposée contre un médecin, pour juger de la pertinence de cette plainte et de la responsabilité du médecin, avant que toute action proprement judiciaire ne soit engagée.

2- une réforme des études de médecine et d'infirmiers. Le parcours, long, n'est plus tout à fait adapté aux réalités d'aujourd'hui et doit, pour être efficace, comprendre des paliers de progression, comme le système LMD le réalise à l'université. Un début de parcours, théorique et général, suivi de deux ans de découverte des différentes spécialités, puis trois à cinq ans de spécialisation, entre théorie et pratique, à grand renfort de stages (car, la confrontation à la réalité du terrain est l'un des meilleurs pédagogues). Le contenu pédagogique doit enfin permettre aux médecins de ville d'appréhender avec leurs patients le domaine de la prévention des risques, ce dont ils n'ont actuellement pas les moyens. Pour les médecins comme pour les infirmiers, des aides au financement des études sont à mettre en place: pourquoi un hôpital ou une région ne prendrait-elle pas en charge une part de ce financement contre la promesse d'une installation de l'étudiant dans la région concernée à l'issue de ses études? Un autre point est à régler: celui des médecins étrangers qui constituent une large partie du personnel hospitalier, l'infirmière espagnole dans le sud du pays et le médecin polonais dans le nord en étant les représentants. En dehors des médecins européens dont le diplôme est reconnu par la France, les praticiens de pays hors UE constituent un danger, car leur recrutement se fait sur examen et non pus sur concours... Le rétablissement du concours, l'instauration d'une évaluation régulière de leurs compétences (liées au niveau différent de leurs diplômes nationaux) ainsi qu'une revalorisation de leurs salaires (nettement inférieurs à ceux de leurs collègues français) s'imposent.

3- une vraie réforme du système de santé, centré sur la proximité au service des citoyens (des patients). Il faut à tout prix éviter une importation du modèle britannique (ultralibéral) qui apporte à l'hôpital et aux patients ce que la célèbre privatisation des chemins de fer apporte aux voyageurs anglais. Ce modèle est composé d'établissements appelés PSPH, c'est-à-dire "Participant au Service Public Hospitalier": il s'agit de structures financées par la solidarité (l'assurance maladie) mais gérée par des personnes privées, sur le modèle de l'entreprise. Résultat: des coupes bugétaires et une course à l'économie qui engendrent une baisse de la qualité des soins. Comme le disait Marianne il y a quelques semaines, l'hôpital a besoin d'une profonde réforme de la Sécu, qui permette de dépenser mieux, et non moins, comme on le fait actuellement: les petits hôpitaux, au nom de la sécurité et sous prétexte qu'ils ne réalisent pas un quota déterminé d'interventions, sont fermés sans que les plus grosses unités voisines n'obtiennent de moyens supplémentaires pour compenser l'afflux de patients. Il faut en finir avec la tarification à l'acte que la réforme Douste-Blazy a instauré: elle engendre une course aux examens (parfois inutiles), dont le nombre conditionne le maintien des budgets hospitaliers. Une politique comptable ne peut pas s'appliquer à l'hôpital qui appartient pleinement au service public ! A tout ceci s'ajoute une nécessaire amélioration de la carte hospitalière, qui doit être repensée sur la base d'un maillage resserré et efficace. Des médecins de ville aux hôpitaux, d'autres échelons doivent être créés, permettant aux petites et moyennes villes de ne pas être dépourvues de structures: maisons de convalescence, maison médicale, maison de suivi des pathologies.

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