La voilà, l'Europe qui protège !

L'Europe qui protège: c'était l'expression à la mode dans la bouche de nos hommes et femmes politiques durant la campagne des européennes. Tous, de gauche comme de droite, si l'on met de côté l'extrême-droite, nous ont vendu une Europe qui protège ses citoyens. Mais de qui? Du méchant migrant qui vient piller nos richesses? De l'ouvrir chinois, sous-payé et exploité, qui aspire nos entreprises? De ces requins de la finance qui ont monopolisé une partie des richesses produites? Cela dépendait, en fait, de la couleur politique de votre interlocuteur. Mais, pour tous, et c'est plutôt une bonne chose, l'Europe doit servir de bouclier à nso sociétés pour se prémunir des dangers de la mondialisation: en effet, si cette dernière peut être une chance en terme de productions de richesses et de complémentarité des espaces, elle peut aussi provoquer une concurrence inégale, qui nous est défavorable. Mes études de géographie, et ma pratique de cette discipline pour expliquer les enjeux du monde d'aujourd'hui à mes élèves, m'ont permis d'arriver à une conclusion: la régionalisation (c'est-à-dire la création d'organisations politico-économiques à l'échelle des continents, sur le modèle de l'UE) est l'avenir de la mondialisation. D'ailleurs, en tapant dans Google, cette expression, vous tomberez sur un des articles, puisque je défendais cette idée il y a près d'un an et demi, en janvier 2008 (l'article en question est ICI). Aider les Etats africains, d'Amérique latine, d'Asie du sud-est à créer des regroupements d'entraide, à la fois à but économique, mais aussi politique, et pourquoi pas diplomatique, militaire... apparaît comme une nécessité. Et ce n'est pas un hasard si les pays du Mercosur (en Amérique du sud) ont, comme les Etats membres de l'Union africaine, pris exemple sur l'UE. Bien qu'imparfaite pour ses citoyens, qui la boudent depuis quelques années, l'UE reste un modèle attractif pour l'extérieur. Fort heureusement...
 
A compter d'aujourd'hui, plusieurs nouveautés entrent en vigueur (les fameus changements du 1er juillet, dont les médias font la liste chaque année) pour concrétiser cette Europe qui protège... les consommateurs. Car, s'il est un domaine dans lequel l'UE a permis des avancées, c'est bien celui-là:
- vous avez tous entendu parler de l'entrée en vigueur de la TVA réduite dans la restauration: acceptée par Bruxelles, cette mesure - qui devrait coûter assez cher au budget de notre Etat endetté - devrait permettre des embauches dans le secteur et, si les professionnels jouent le jeu, un allègement certain de vos porte-monnaie, avec un café ou un menu qui devraient perdre quelques centimes;
- à compter d'aujourd'hui, le prix des SMS que vous envoyez d'un Etat membre de l'UE vers un autre baisse considérablement, la commissaire à la Concurrence ayant constaté que les opérateurs ne se gênaient pas pour pratiquer des tarifs abusifs (des marges de plus de 1000% parfois), qui variaient par ailleurs considérablement entre Etats membres. Après le coût des communications, qui avaient déjà baissé, voilà donc les SMS facturés à leur juste prix;
- toujours en matière de téléphone mobile, l'UE a conclu hier un accord avec les fabricants de ces appareils pour qu'ils mettent au point un chargeur universel qui permettent de recharger n'importe quel mobile. Cette mesure, qui prive les constructeurs d'une nouvelle marge bénéficiaire (car à chaque nouveau portable vendu correspondait un chargeur spécifique, lui aussi facturé), devrait entrer en application au 1er janvier 2010 pour nous faciliter la vie;
- enfin, à compter de ce 1er juillet, vous ne trouverez plus d'ampoules 100 W à incandescence car les magasins ne seront désormais plus ravitaillés qu'en ampoules à basse consommation, plus chère, mais plus écologique et à la durée de vie plus longue. Alors que les consommateurs ne les achetaient pas spontanément, il a été décidé de les imposer... et, mois après mois, toutes les ampoules (de la 75 à la 40 W, en passant par la 60 et 50 W) seront elles aussi troquées dans les rayons.
 
Et tout cela, au nom de quoi? Eh bien, de la protection de l'environnement, bien sûr. L'argument à la mode, sensée tuer toute critique ! Moins de chargeur, cela veut dire moins de métaux lourds et polluants dans la nature. Plus d'ampoules basse conso, cela veut dire moins de consommation malgré un prix à l'achat plus élevé (donc, une rentabilité assurée à moyen terme). Sans oublier la protection de notre santé... Et, là, un petit problème pointe son nez: plusieurs rapports, dont le dernier a été rendu public hier, confirme que le maïs OGM n°810 de la filière Monsanto, tant décrié par José Bové, va pouvoir être cultivé car jugé non dangereux, ni pour l'environnement, ni pour la santé. Les experts de l'UE ont parlé. Alors, faut-il leur faire confiance, dans la mesure où c'est la x ième fois qu'ils l'affirment? Ou, comme notre nouvel eurodéputé à la célèbre moustache, faut-il rester méfiant et se borner à appliquer le principe de précaution tant qu'un consensus ne sera pas né? Personnellement, je pencherais plutôt pour la seconde option... mais, je vous invite à en débattre. Enfin, toujours en matière de protection de notre santé, l'UE peut encore faire mieux. Exemple concret: dans le domaine de la sécurité aérienne, ses avertissements à la compagnie Yemenia Airlines, mise en cause dans le crash de l'Airbus A 310 au large des Comores, ne semblent pas avoir suffi à remettre la compagnie dans le droit chemin. En repoussant l'inscription de cette compagnie sur une liste noire, justement au nom du principe de précaution (qui doit s'appliquer quand des vies humaines sont en jeu), l'UE n'a pas fait correctement son job. Or, ce sujet est vital: personnellement, je préfère voyager dans des avions sûrs à 99,9% (sans pour autant céder à la psychose, car le risque zéro n'existe nulle part !) que de pouvoir recharger mon mobile chez un ami !