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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

La reconstruction du PS est en marche...

On en a très peu parlé dans les médias. Mais, la semaine dernière, dans un courrier nominatif en date du 19 juin, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, s'est adressée à ses "chers camarades" du parti pour définir les grandes étapes de sa reconstruction. Je vais vous épargner la lecture de l'intégralité de cette missive, dont je souhaite cependant reproduire ici les plus importants extraits (cette lettre est consultable en feuilletant, au format PDF, le n°536 de l'hebdo des socialistes - pages 8 à 11 - en cliquant ICI). Cette lettre intervient dans le contexte de l'après-européennes, scrutin décrit par certains quadra du parti comme "une réplique du séisme du 21 avril" (image particulièrement pertinente, je trouve), manière de dire que les électeurs traditionnels du PS s'en détournent souvent au profit de partis répondant plus efficacement à leurs préoccupations du moment. Et, depuis son arrivée à la tête du parti, la maire de Lille (pas assez présente à Paris, pour certains) ne sait sur quel pied danser: ayant promis, comme les autres prétendants d'ailleurs, la modernisation du parti, et derrière lui de la gauche, elle se trouve prise au piège d'une rénovation qui semble la dépasser. Au point que de jeunes loups, comme Manuel Valls, se déclarent candidats à une primaire qui n'a pas encore été décidée. Au point que, hors des médias, elle demande au responsable de la rénovation, Arnaud Montebourg, auteur d'un premier travail collectif proposant des pistes sérieuses et un calendrier, de ne pas aller trop vite. Et, surtout, de ne pas dire trop fort dans les médias que le processus est engagé. Serait-il urgent de ne pas aller trop vite? Si elle croit cela, elle nous emmène dans le troisième mur, celui des régionales de 2010, qui sera exploitée par l'UMP comme un succès de par le recul prévisible du PS dans les régions.
 
Alors, que dit-elle dans ce courrier? En voici les passages-clés: "
Le résultat du scrutin du 7 juin a été un échec pour notre parti (...) Je connais le découragement voire la colère de certains d’entre nous [militants socialistes] après nos échecs successifs aux élections présidentielles et législatives que n’ont pas fait oublier nos succès locaux. Certes, l’ensemble de la social démocratie en Europe est en crise, ayant souvent, ces dernières années, faibli sur ses valeurs et été dans l’incapacité de renouveler ses réponses (...) Face à la violence de la crise et de la société, les Français attendent de notre parti qu’il parle de leur vie et de leur avenir. Ils jugent nos réponses insuffisamment fortes. Ils ne supportent plus les divisions, les petites phrases de dénigrement et le bal des ego. Ceci doit définitivement cesser. Pour que cet échec ne se reproduise pas, le moment est venu de rebâtir enfin le lien de confiance entre notre parti et les Français. Le sursaut doit être à la hauteur de leurs attentes. L’heure n’est pas à la rénovation de façade ou au replâtrage de circonstance. Nous devons changer nos pratiques et engager sans délai la refondation de notre projet et la transformation du Parti socialiste (...) Soyez sûrs que je mets mon énergie et la force de mon engagement au service de cette double tâche historique. Les Français nous parlent franchement et nous disent : « Le monde a changé, pas vous, pas votre projet » (...) Nous devrons répondre aux enjeux qui sont devant nous : l’explosion de la précarité et des injustices de toutes sortes entre individus et entre territoires, l’économie affaiblie par la concurrence mondialisée et la finance, l’école et l’ascenseur social en panne, les chocs écologiques, les déséquilibres du monde...
 

C’est le modèle de société dans son entier qui doit être refondé. Nous devons d’abord nous poser la question essentielle de la société du bien-être. Faut-il continuer à accumuler des biens, lesquels, et pour quelle utilité ? Comment construire un système innovant, assurant l’emploi, préparant l’avenir et à même de distribuer justement les richesses ? Avec quelles conditions de travail et de respect de la planète et de ses ressources ? Quels services créer pour que la qualité de vie de chacun soit réelle ? Comment mieux vivre, échanger et travailler dans la société numérique ? Voilà des questions majeures qui s’inscrivent dans notre travail sur le nouveau modèle de développement économique, social et durable que nous préparons, et qui fera l’objet de notre première grande convention début 2010. Elle se déclinera ensuite dans différentes directions, le travail, la fiscalité, le renforcement et la modernisation de la puissance publique et des services publics (...) [Nous devons] aussi concevoir autrement la ville du XXIème siècle, qui rapproche au lieu d’isoler, qui intègre au lieu de segmenter, qui économise l’espace et l’énergie… Comment faire vivre la France, ses valeurs, son identité, sa laïcité et son pacte républicain et mieux assumer notre diversité ? Comment recréer du lien social et l’envie de vivre ensemble ? C’est par exemple en réponse à ces questions que doit se poser la réflexion de la gauche sur la culture et la création (...) Je sais, comme vous, qu’ils ne se satisfont pas d’une société douce avec les forts et dure avec les faibles, d’une société qui divise au lieu d’unir. Ils réclament de la justice mais aussi une autre façon de vivre ensemble (...) Je veux leur donner la parole à chaque étape.
 
C’est ma conviction mais aussi la vôtre, je le sais : on n’élabore plus un projet en circuit fermé.
Nous voulons une démarche innovante, énergique et féconde, hors les murs de Solférino. Pour discuter de l’ensemble de ces questions,mais aussi pour entendre les Français et débattre avec eux, nous organiserons dans chacune de nos fédérations des rencontres associant, au-delà des militants de notre parti et de nos élus, l’ensemble des forces de la transformation : les associations, les syndicats, les intellectuels, les citoyens engagés. Des camarades de la direction et moi-même serons à vos côtés dans un tour de France que nous entreprendrons à l’automne (...) Nous devons également engager une nouvelle démarche de rassemblement de la gauche. Ensemble, j’en suis convaincue, nous pouvons gagner. C’est pourquoi j’appelle de mes voeux la construction d’une Maison commune de toute la gauche (...) Nous devons élaborer un projet commun de la gauche en 2012, mais aussi une stratégie politique commune pour l’emporter. Notre démarche s’adresse bien sûr aux partis de gauche qui aspirent à gouverner ensemble, socialistes, écologistes, communistes, républicains ou citoyens. Mais nous devrons aussi prendre des initiatives avec tous ceux, syndicats, ONG, acteurs de la société, qui partagent nos engagements et se retrouvent dans les combats d’aujourd’hui pour la justice sociale, les libertés et les droits, le développement durable. Nous devons agir et réfléchir ensemble au niveau national comme au niveau local. Je souhaite que de tout cela, nous discutions avec nos partenaires, sans préalable et sans souci hégémonique (...) C’est dans le cadre de ce double mouvement d’ouverture aux Français pour préparer notre projet,  et de discussion avec les partis de gauche, que doit se situer notre réflexion sur les modalités des primaires pour le choix du candidat à l’élection présidentielle (...) Mais soyons en sûrs, ce n’est pas un dispositif technique.Ce n’est pas non plus une solution miracle qui répondrait à tous nos maux : après ce qui vient de se passer, les Français ne comprendraient pas que l’on se préoccupe de parler de notre candidat à la présidentielle plutôt que d’apporter les réponses à leurs préoccupations. Les primaires sont un élément à intégrer dans une démarche politique d’ensemble.

 
En tout état de cause, en ce qui concerne le Parti socialiste, 
ce sont les militants qui devront décider de cette question, je le souhaite, avant l’été 2010. C’est à ce moment là que devrait avoir lieu la Convention sur la rénovation, qui tranchera aussi bien d’autres questions : les nouvelles formes de militantisme, les cumuls, le renouvellement et la diversité, les modes d’élections internes... Tout est ouvert, dès lors que ces propositions se font dans le cadre d’une réflexion politique approfondie. Ce double chantier de refondation de notre projet et de la gauche doit mobiliser toutes nos énergies. Mais ce travail de reconstruction ne doit évidemment pas laisser de côté notre action quotidienne d’opposition et de proposition, que ce soit auprès des Français ou au Parlement (...) C’est dans le même esprit que nous devons préparer les élections régionales. Il nous faut allier la force d’un projet commun et les propositions propres à la spécificité des cultures et des territoires régionaux. Nous devons définir nos alliances électorales ainsi que des principes de renouvellement et d’ouverture, laissant bien évidemment l’autonomie nécessaire aux régions pour composer les listes qui nous feront gagner". Et la lettre s'achève par un appel à la participation des militants pour qu'ils "puissent exprimer de manière très libre leurs analyses, leurs idées et faire part de leurs propositions", par mail ou par courrier, afin de "nourrir la réflexion de nos instances dirigeantes qui se réuniront en séminaire le 7 juillet pour le lancement du projet".
 
Au dos de la version papier, reçu dans un courrier séparé de l'hebdo, une frise chronologique allant de 2009 à 2011 présente les "grands rendez-vous du projet". Les voici: séminaire le 7 juillet, univserité de La Rochelle fin août, tour de France des fédérations d'août à décembre 2009 avec, dans le même laps, des journées spéciales consacrées à l'emploi (septembre), à la culture et au climat (novembre), aux territoires (décembre); suivent des conventions sur le modèle de développement (janvier 2010), l'éducation et la recherche (mars-avril 2010), la fiscalité, les services publics, l'autorité et les libertés, la ville et le logement, les questions internationales (tout au long de l'année 2010), en attendant le vote sur le projet en 2011. C'est donc un véritable planning qui est ici fixé. Une sorte de cap qui détermine les ambitions, les objectifs, les moyens d'y parvenir et le calendrier: bref, le travail d'un président de la République (tel que je le conçois) ! Mais, soyons clairs: fixer un cap ne suffit pas. Il faut évidemment que ce travail, reposant sur de belles promesses (l'ouverture au reste de la gauche et aux forces vives de la société civile, l'articulation des projets nationaux et locaux), se concrétise par de véritables débats permettant aux militants de rependre la main, dans un parti trop souvent dominé par ses cadres parisiens, à l'ego surdimensionné ! Et ce n'est pas faire de l'anti-élitisme que de le dire. La démocratie, c'est faire de ces élites les représentants et non les seuls décideurs du peuple. Je serai donc tenté d'être confiant, d'autant plus que bon nombre des mesures annoncées ici sont plus ou moins reprises de pistes avancées par Ségolène Royal, que je soutenais au moment du Congrès de Reims. Et, vous, qu'en retenez-vous? Faites-moi part de vos analyses et remarques, en postant un commentaire ci-dessous. Et contribuez ainsi à lancer le débat, au moins sur Jes6 !

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S
Aurélien, quand vous évoquez la reconstruction du PS -qui est absolument nécessaire pour la démocratie, si l'on veut qu'il y ait contrepoids politique au mamouth de l'UMP-, je me suis demandé si au bout du compte ce n'est pas la réforme des institutions qui serait la voie de sortie d'un parti plutôt englué dans des querelles de clochers. Et sur ce point vos propositions pour une 6e république sont, à mon avis, tout à fait cohérentes et pertinentes (à quand votre futur mandat ???). Si l'on retrace l'histoire du mouvement socialiste contemporain, on se rend compte que tout a été centré autour de la figure de François Mitterand, vétéran de la politique au Congrès d'Epinay. Or, c'est justement ce que devrait éviter le PS ! Un retour à la désignation partisane d'un candidat unique autour duquel sont inféodés des barons de la politique. La guerre ouverte ou non entre Aubry et Royal sape la crédibilité du parti qui de ce point de vue échoue là où la droite a réussi. Une rénovation doit passer également par une compréhension du véritable "centre" politique français s'il veut parvenir un jour à obtenir plus de 50% des suffrages.
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A
<br /> Merci pour vos remarques et vos encouragements. Je suis déjà membre du Conseil Régional des Jeunes de Picardie et, si ma liste avait réalisé un score encore meilleur que celui qu'elle a obtenu l'an<br /> dernier, je serais peut-être actuellement conseiller municipal. Certes, parce que je suis passionné, j'ai des ambitions politiques mais, à moins d'avoir de sérieuses relations, un simple<br /> citoyen blogueur n'a aucune chance d'être un grand responsable politique à 23 ans ! Patience, donc...<br /> <br /> Pour être plus sérieux, je crois aussi qu'une partie des socialistes et ce que vous appelez le "véritable centre" ont d'importants points communs, qu'ils devraient exploiter. Mais, il y a trop<br /> de candidats à tout des deux côtés. Tout comme à la gauche de la gauche. Si, de Mélenchon à Besancenot, on parvenait à un discours cohérent, unitaire pour porter plus haut les idées qu'ils ont en<br /> commun, tout en acceptant de faire, de part et d'autre, des concessions, la gauche française en sortirait grandit. Et on ne se lamenterait pas à voir ces partis végéter autour des 5% de suffrages<br /> exprimés.<br /> <br /> Je reste persuadé que la gauche, du centre à l'extrême, a besoin de deux grands partis, à la fois différents par leur histoire, leur diagnostic et leurs solutions, mais aussi complémentaires.<br /> L'union des deux, après un premier tour qui donnerait l'avantage à l'un, permettrait sans doute de franchir les 50% au second tour. Encore faut-il que la gauche travaille à cela et ne présente pas<br /> huit ou dix candidats différents en 2012 !<br /> <br /> <br />