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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

"Une Europe qui protège": oui ! Mais laquelle?

Vous avez peut-être suivi l'émission "A vous de juger", jeudi, en première partie de soirée, sur France 2, au cours de laquelle Arlette Chabot a interrogé plusieurs leaders politiques, candidats ou non au scrutin de demain. De cette émission les médias n'ont retenu que l'affrontement de Daniel Cohn-Bendit et François Bayrou, à coup d'injures et de sous-entendus douteux, l'expliquant par la concurrence qu'ils se livrent pour arracher la troisième place, derrière l'UMP et le PS. Mais, de cette émission on aurait aussi pu retenir que ces politiciens professionnels ont livré un bien piteux spectacle: la crème de la crème s'est surpassée pour dégoûter encore un peu plus les électeurs de la politique. Les injures envers la journaliste (dont certaines, celles de Jean-Luc Mélenchon, ont été plutôt violentes) ou encore la course au temps de parole (avec, évidemment, Marine Le Pen dénonçant son arrivée trente minutes après les autres, utilisant une partie de ce temps de parole pour se plaindre et... passer à côté du sujet qui intéressait les téléspectateurs !), sans oublier la cacophonie que la pauvre Arlette a eu bien du mal à faire cesser tout au long des deux heures trente de l'émission: tous les ingrédients étaient là pour pousser le téléspectateur à zapper ou éteindre son poste. Il fallait donc avoir les nerfs solides pour regarder l'émission dans son intégralité et ainsi profiter du seul débat en première partie de soirée de cette campagne électorale. Notons qu'il se déroulait sur le service public, lequel a proposé d'autres rendez-vous ("Mots croisés", un lundi à 22h15 ou des débats régionalisés sur France 3). Et je déplore que Jean-Luc Mélenchon, qui m'a laissé une impression plutôt mitigée, critique le fait que cette émission ait été la seule... et qu'il ait tant contribué à la rendre finalement décevante !
 
Sur le fond, chacune des principales tendances représentées dans ce débat a eu l'occasion de dire tout le mal qu'il pensait de l'Europe telle qu'elle fonctionne aujourd'hui et dans quelle mesure il fallait la "changer". Et tous de nous promettre une "Europe qui protège" (ses citoyens) et une Europe qui se protège face à la mondialisation. C'est presque le degré de protection que nous sommes donc amenés à choisir lors du vote; et là, il n'y a pas d'ambiguité:
- l'UMP veut poursuivre la politique libérale menée par le PPE depuis cinq ans, avec José Manuel Barroso, Xavier Bertrand allant jusq'à défendre la possibilité de travailler jusqu'à 65 heures par semaine et rejetait tout salaire minimum européen considérant qu'il obligerait la France à réduire le montant du SMIC (ce dont il ne veut pas);
- le PS, par la voix de Martine Aubry, réaffirmait son ancrage dans un projet bâti par tous les socialistes et sociaux-démocrates du continent, prononçant - à un moment de l'émission - une bien belle déclaration d'amour à l'idée européenne;
- le président du MoDem quant à lui est venu défendre l'Europe forte dont il rêve (diplomatie commune, moindre dépendance aux Etats-Unis, politique éducative et de recherche plus ambitieuse, nécessité de faire une pause dans l'élargissement pour créer une plus grande homogènéité dans l'UE);
- pour le NPA et le Front de gauche, l'Europe sociale, c'est maintenant avec le même genre de mesures à l'échelle européenne que celles que la gauche de la gauche a l'habitude de présenter en France;
- quant au FN et aux listes Libertas du vicomte de Villiers, l'Europe est la cause de tous nos maux et la changer signifie la fermer au reste du monde, en accumulant les préférences nationales.
 
Seul personnage à se distinguer, ce soir-là (selon moi): le candidat d'Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit, porte-parole de listes véritablement ancrées dans un mouvement purement européen, et ne dépendant que très peu des débats franco-français. Le député européen sortant a multiplié les remarques de bon sens, regrettant que les émissions sur les élections européennes se fassent avec les leaders des partis et non avec les principales têtes de listes, rappelant que l'Europe avait produit de bonnes choses et que ce n'est pas forcément un monstre bureaucratique inutile et coûteux. Sur la forme, Cohn-Bendit se distingua par une attitude qui montrait clairement son dégoût face aux propositions irréalistes ou aux propos insoutenables de l'extrême-droite (il se couchait sur sa table et se frottait les yeux, après avoir retiré ses lunettes). Il apparaissait comme le plus sincère des invités, mêlant fibre européenne (son engagement pour une Europe qui porte son propre modèle) et fibre écologique (considérant que ce modèle devait découler d'un changement de comportement face au réchauffement planétaire). Et là, on se trouvait face à un projet solide, face à une ambition clairement identifiable pour l'Europe: le cap proposé, mêlant politique sociale, harmonisation fiscale, lutte contre les paradis fiscaux, promotion d'un développement durable efficace dans les transports, le logement ou l'alimentation, apportant par ailleurs une réponse à la crise que nous tarversons. Et si l'on ajoute à cela que Cohn-Bendit réagissait aux arguments de ses partenaires de gauche, en leur disant en quoi elle était mauvaise ou bancale, tout en cherchant à trouver des points de convergence (il n'a cessé d'interpeller les autres orateurs pour leur demander si une majorité de gauche au Parlement pourrait soutenir une même proposition), on en conclut qu'il souhaite ardemment que l'Europe opère un tournant progressiste.
 
Dans un contexte où la fibre écolo des citoyens semble d'actualité (le succès de la projection du film "Home" de Yann Arthus-Bertrand - 33% de part d'audience vendredi soir sur France 2, soit le meilleur résultat de la soirée avec près de 9 millions de téléspectateurs -) et la poussée d'Europe Ecologie dans les sondages (digne de la percée de Nicolas Hulot avant la présidentielle de 2007), ce projet donne une bouffée d'air frais, qui fait plaisir ! A la veille du scrutin, cela me donne franchement envie de me déplacer aux urnes. Même si je reste indécis, ne sachant pas encore si je vais donner ma voix à cette liste, qui m'attire de plus en plus, ou voter pour un des deux autres partis avec lesquels je me sens proches, et pour lesquels j'ai l'habitude de voter aux élections nationales.
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