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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

A Strasbourg, les 100 jours du PSE

"Au fait, il y a deux ans, le PS était déjà nul": c'est par ces mots que Stéphane Guillon, l'humoriste des matinales de France Inter, concluait en début de mois sa chronique sur les deux années de Sarko à l'Elysée. Le moins que l'on puisse dire, c'est que depuis deux ans, le PS n'est pas épargné: "le vide sidéral" de son programme européen (dixit Xavier Bertrand), la poursuite de ses divisions internes autour de tous les prétendants présidentiels ou encore l'absence de sa première secrétaire sur le devant de la scène médiatique sont autant de facteurs régulièrement commentés. Et, pourtant, en faisant un petit effort, tout citoyen devrait réussir à se rendre compte que ce procès n'est pas très juste. Et la campagne européenne (osons dire, qui bat son plein) est là pour le prouver.

Premier constat: le parti de Martine Aubry est le seul parmi les formations engagées dans ce scrutin à proposer aux électeurs une version française d'un vaste programme commun à tous les socialistes européens. Les 27 partis regroupés dans le PSE (Parti Socialiste Européen) ont rédigé le Manifesto, présenté à Madrid il y a plusieurs mois, qui constitue le projet des socialistes et sociaux-démocrates pour bâtir l'Europe de demain. Et, sur ce point, on ne peut accuser le PS de mentir: le MoDem est un mutant - très intéressant d'ailleurs - sur la scène politique européenne, l'UMP n'a pas d'autre programme que le volontarisme de Nicolas Sarkozy (et, à la rigueur, de Mme Merkel et M. Barroso). Il n'y aurait guère que les partis d'extrême-droite, FN compris, pour porter un message à peu près équivalent dans les 27 pays, même si leur audience est très inégale d'un pays à l'autre. Bref, en changeant de majorité, le Parlement européen disposerait d'une nouvelle majorité unie autour d'un même projet, fixant un cap et contenant des propositions concrètes (contrairement à ce que les adversaires du PS veulent nous faire croire). Or, il semble probable que cette majorité bascule, le PPE risquant de faire les frais d'une mandature marquée par l'échec institutionnel, les voix bafouées des Irlandais, une crise économique pas franchement gérée dans l'union... sans récolter les fruits d'une plus grande visibilité sur la scène internationale (à l'occasion de la crise ossète). Il faut dire que, sur ce dernier point, ce ne sont ni M. Solana (haut représentant de l'UE pour les affaires extérieures) ni M. Blair (porte-parole du Quartet) que l'on entend le plus sur le Proche-Orient, l'Iran ou la nouvelle menace nord-coréenne.
 
En tant que militant, j'ai donc reçu cette semaine le dernier numéro de l'Hebdo des socialistes, gratuitement consultable en ligne par tous les citoyens (cliquez ICI). Un numéro consacré à cette dernière ligne droite d'une campagne européenne entrée, cette semaine, dans sa phase officielle (avec, notamment, les spots radio-télévisés). Petite parenthèse: si vous tapez "spot campagne officielle européennes" dans Google, six des dix premiers résultats affichés concernent le spot du PS. Pour un parti qui, soi-disant, ne parle pas de l'Europe, c'est fort ! Intitulé "Ce que nous ferons dans les 100 premiers jours", le n°532 de l'Hebdo fait donc le point sur les priorités définies par le Manifesto: et même si les socialistes européens n'arrivent pas à faire leur cent jours en 72 (contrairement à un Obama récemment très confiant), les principales tractations sont terminées, dans la mesure où le projet est ficelé. En cas de victoire, le PSE sait donc dans quelle direction aller. Voici dont les sept priorités qui ont été fixées:
- un plan de relance économique européen de 100 milliards d'€uros (orienté notamment dans "l'économie verte et solidaire") pour dépasser le stade, plutôt mitigé, de la simple coordination des plans de relance nationaux;
- un Pacte européen pour l'emploi dont les objectifs sont clairs: création d'emplois verts, priorité donnée à la lutte contre le chômage des jeunes, renforcement des droits des salariés;
- la mise en place d'une charte des droits de la femme à partir de modèles qui ont réussi, notamment en Suède et en Espagne;
- l'instauration d'un bouclier social (version française du "Pacte européen de progrès social" défini par le PSE) avec salaire minimal européen et interdiction des licenciements boursiers;
- une réglementation visant à contrôler les banques et les fonds spéculatif;
- une "solidarité mutuelle" entre les Etats membres pour sortir plus vite de la crise;
- une proposition européenne pour une "nouvelle donne" mondiale, pour faire de l'UE un acteur capable de proposer des solutions au réchauffement climatique ou à la pauvreté dans le monde.
 
Rédigeant l'édito de ce numéro, Paul Nyrup Rasmussen, président du PSE, écrit: "Nous sommes dans la dernière ligne droite avant un scrutin décisif. Un scrutin au cours duquel les citoyens européens devront choisir entre une majorité sortante, menée par Barroso, Sarkozy et Merkel, qui n’a pas su prévenir notre entrée dans la pire récession mondiale depuis les années 1930, et notre nouvelle direction pour l’Europe. Nous, socialistes et sociaux-démocrates européens, avons pris la mesure de l’urgence à laquelle nous devons faire face. Nous savons que, sans action, 27millions de nos concitoyens auront perdu leur emploi en 2010. Nous nous engageons à y répondre rapidement. Après avoir conçu un programme commun, le Manifeste, les 27 leaders progressistes européens se sont entendus à Toulouse, le 24 mai dernier, sur 7 mesures d’urgence que nous nous engageons à prendre dans les 100 premiers jours de la législature, pour lutter contre la crise et le chômage de masse, aggravés par le manque de vigilance et l’absence de volonté politique de la droite au pouvoir en Europe. Ensemble, nous voulons un véritable plan de relance européen coordonné. Ensemble, nous voulons nous attaquer au chômage et aux délocalisations, au contraire de la droite qui s’abstient de tenir un sommet pour l’emploi plus que nécessaire. Ensemble, nous voulons assainir les marchés financiers. Ensemble, nous voulons mettre le progrès social au coeur de l’Europe. Il s’agit d’unmoment historique. Nous sommes prêts à assumer les responsabilités de la victoire, au contraire
de la droite qui est incapable d’assumer son bilan catastrophique. Grâce à une nouvelle majorité progressiste au Parlement européen, nous donnerons un nouveau sens à l’Europe, en mettant les citoyens d’abord". Dans une lettre jointe à ce numéro, Martine Aubry explique que la politique conservatrice du PPE est la même que celle menée par N. Sarkozy en France. Et que le scrutin est donc l'occasion de faire d'une pierre deux coups. Jetant les bases d'un véritable espoir: "les socialistes vont pouvoir jeter les bases d'une nouvelle Europe (...) Une Europe nouvelle, la première démocratie économique et sociale du monde, le creuset d'une nouvelle Renaissance, levier d'une autre mondialisation, espoir pour les jeunes générations".
 
Pas ambitieux, ce programme? Moi, je trouve que si. Et même si les paroles semblent trop belle, et certaines mesures encore un peu vagues, ce projet dessine les contours d'une action sociale et durable qui puisse transformer l'image de l'Europe et en faire un modèle pour le monde. En parallèle, d'après les spots qu'il diffuse, le "Mouvement populaire" (l'UMP) ne semble pas être beaucoup plus précis, si ce n'est appelé à poursuivre dans la même direction, avec les mêmes personnes (Sarko-Barroso), et en insistant sur le rejet de l'entrée de la Turquie dans l'UE. Là, au moins, le message est clair... surtout pour attirer les électeurs du FN qui permettraient à la Majorité présidentielle de réaliser un meilleur score que les 25% promis par les sondages. Les sondages, justement. Regardons-les de plus près. Sarkozy a fait 33% au premier tour de la présidentielle et, avec des listes contenant le Nouveau centre et tous les groupuscules de la gauche sarkozyste, il ne totalise que 25% d'intentions de vote: soit 8 points de moins. Ségolène Royal avait obtenu 25% des voix en avril 2007 et le PS ne descend pas sous les 20% d'intentions de vote: soit 5 points d'écart. Avec 13% au mieux d'intentions de vote, le MoDem perd près de 6 points sur le score réalisé par François Bayrou, lorsqu'il arrivait 3ème de la présidentielle. Conclusion? Le PS n'est pas le plus mal en point dans ce scrutin... même si le décalage avec le bon résultat de 2004 (lié au même contexte politique national qui lui avait permis de raffler 20 des 22 exécutifs régionaux) risque d'être très commenté. Pourtant, c'est bien un désavoeu pour le chef de l'Etat qui se prépare, comme le disait récemment Mme Aubry. Sauf que tout cela n'est que peu relayé dans les médias. Alors, évidemment, les Français gobent les analyses, bien peu pertinentes, des observateurs politiques. Prenons le pari: au soir du 7 juin, le PS ne sera pas le grand perdant du vote !
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S
Une petite remarque, au passage, j'ai consulté les différents tracts des partis, et, j'ai trouvé que celui des socialistes a toujours ce même défaut, le flou (rassurez-vous, il y a pire, oui bien pire!!!) auquel j'ajouterais la sempiternelle promotion des "éléphants", reléguant au mieux au 3e ou 4e places des figures qui seraient plus novatrices pour ce parti. L'UMP toujours aussi paternaliste, et le MoDem également inconsistant...<br /> Mais la palme du grotesque revient au FN, et celle de l'immonde aux antisionistes, qui nous rappelle le parti antisémitique qui voulait de la même façon éradiquer l'influence des juifs/sionistes sur la nation... Mais c'est un autre débat...
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A
<br /> Je rentre du bureau de vote. Pas un chat... Au moins n'ai-je pas perdu trop de temps !<br /> Je rejoins deux de vos remarques:<br /> - la liste PS de ma circonscription est en effet plus que décevante avec trois cumulardes (en positions non éligibles - à moins d'une percée inattendue -, mais tout de même !) et bien peu de<br /> représentants de la diversité. En 2004, alors que je votais pour la toute première fois, je n'avais pas donné ma voix au PS, vers lequel mon coeur penchait, parce que la liste ne présentait aucun<br /> candidat issu de mon département (cette fois-là, la représentativité des territoires n'était pas au rendez-vous). Cela peut sembler ancedotique mais, comme vous le soulignez, cela a tout de même<br /> une signification !<br /> <br /> - dans le Nord-ouest, Marine Le Pen est la tête de liste du FN. Un peu comme l'UMP avec Sarko, je demande ce que le parti de son père deviendrait sans elle. Des affiches à sa seule effigie. Des<br /> slogans débiles du genre "les Picards avec Marine". Mais une occupation du terrain d'autant plus forte que, traditionnellement, l'extrême-droite réalise de bon score dans la région, ainsi que dans<br /> la voisine Nord-Pas-de-Calais. Cette personnification, ajoutée à des propositions inconcevables pour un européen convaincu, laissent de marbre ! Sans oublier le parti de la France, de Carl Lang,<br /> qui pense plus à son misérable sort qu'à l'intérêt général...<br /> <br /> <br />