Les socialistes ont du souci à se faire !

Un sondage paru dans l'Express de cette semaine peut (et doit) attirer l'attention des socialistes qui ont adopté le projet pour 2007 car une large majorité des Français le considèrent sinon insuffisant et classique au moins pas assez convaincant pour lui apporter leurs suffrages, quel que soit le candidat. La stratégique "hollandaise" de constituer le programme avant de désigner le "champion" est sans doute la bonne: les Français ont soif d'alternance et de changement, comme le prouvent les résultats des scrutins intermédiaires... Ils recherchent donc d'abord un projet et une équipe (le PS a la chance de compter de nombreux talents dans ses rangs) plutôt qu'un homme providentiel, ce sauveur de la Nation qui détient le secret des solutions miracles mais qui attend son heure de gloire pour les appliquer ! Concentrons-nous, comme nombre de blogueurs, sur le fond à la recherche des solutions, ou au moins de pistes de réflexion. En ce sens, le projet socialiste peut paraître timide, tétanisé par des objectifs chiffrés et auquel il manque une ligne directrice et une philosophie de pensée. Au moins, Sarkozy la détient !! Mais venons-en aux chiffres de ce sondage, des 23 et 24 juin, sur un échantillon représentatif de 956 personnes, qui comporte cinq question. Pour exprimer les résultats, les réponses sont regroupées en deux groupes (OUI = "oui tout à fait" + "oui plutôt" et NON = "non pas vraiment" + "non pas du tout"), les données entre parenthèses donnant le pourcentage des personnes ayant répondu et se caractérisant comme sympathisant du PS.

La question: le projet politique du PS vous paraît-il. 1- ...très différent de celui de la droite: OUI 36% (53%) ; NON 52% (40%). 2- ...réaliste: OUI 28% (58%) ; NON 60% (35%). 3- ... ambitieux: OUI 26% (42%) ; NON 65% (53%). 4- ...imaginatif: OUI 25% (35%) ; NON 65% (59%). 5- ... vous donne-t-il envie de voter pour le candidat PS en 2007: OUI 25% (55%) ; NON 65% (37%). Trois enseignements à retenir: d'abord, le projet semble globalement séduire l'électorat de gauche mais, désolé pour Jospin, il ne rassemble pas le pays; ensuite, même chez les proches du PS, le projet est peu ambitieux et peu imaginatif (un comble pour un projet de gauche); enfin, pour nos concitoyens, il ya encore du chemin à faire car le projet ne séduit pas !! Et pour cause... car, en dehors de formules choc, le projet peut sembler sinon vide du moins insuffisant: certains économistes notent déjà que l'objectif d'un SMIC à 1500€ brut ne sera qu'une formalité pour l'horizon 2012, les hausses du gouvernement actuel étant suffisantes pour l'atteindre en 5 ans: vous avez dit rupture? Des bons points tout de même sur les questions de société: mariage gay et homoparentalité (à préciser et encadrer toutefois); possible projet sur l'euthanasie active par des proches; droit de vote des étrangers aux élections locales; bouclier logement pour limiter le poids des loyers sur le salaire des ménages; respect des 0,7% du PIB pour le financement du développement des pays pauvres; couverture professionnelle universelle pour la formation tout au long de la vie; développement des énergies renouvelables.

Ces mesures paraissent plus ponctuelles et électoralistes que porteuses d'un nouveau modèle de cosité. Et pourtant de grands proclèmes vont se poser, dont est illustratif l'exemple de la génération du Papy Boom. Le chômage baisse? En fait, les départs en retraite sont si nombreux que le nombre de postes à pourvoir, bien que tous ne soient pas remplacés, augmentent fortement. Ces personnes qui partent à la retraite et laissent leurs places aux chômeurs ne vont pas touchés une retraite honorabe si rien n'est fait. Et la jeune génération? Mettre la précarité hors la loi dit le projet, mais les jeunes en veulent plus (formations en alternance même à l'université, hausse des budgets des universités, réforme des parcours scolaires, aide à l'entrée dans la vie active, statut des stagiaires). D'autres grandes questions doivent être étudiées: on a l'impression que les leaders du PS accumulent les solutions face au problèmes récents, depuis mai 2005, mais d'autres défis vont devoir être relevés. Si certains rejettent tout catalogue de mesures, l'échéance étant une présidentielle et non une législative, il faut au pays une vraie vision, les électeurs apportant leur confiance au projet le plus réaliste, le plus efficace et le proche de la réalité de la vie quotidienne: les Français ne préfèreraient-ils pas devenir propriétaire plutôt que de rester locataires à vie?