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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Brève: Michel Barnier, le faux europhile

Le ministre de l'Agriculture, ancien commissaire européen, était hier matin l'invité de France Info, en tant que tête de liste de l'UMP pour les élections européennes du 7 juin prochain en Ile-de-France. Il venait commenter le meeting qu'il avait tenu, la veille, à Nancy aux côtés du premier ministre, François Fillon. Quant à savoir pourquoi un responsable politique, candidat en Ile-de-France, préfère aller essayer d'intéresser les Lorrains plutôt que les Franciliens à ce scrutin, mystère ! En quelques minutes (au début de son interview), M. Barnier fait, à mon sens, deux erreurs assez révélatrices de son manque d'ambition pour l'Europe:
1- à la jounaliste qui lui demande s'il ne fallait pas plutôt essayer de combattre l'abstention, qui s'annonce encore majeure, plutôt que de taper sur le PS, il répond que les socialistes n'ont pour seul programme que de s'en prendre à Nicolas Sarkozy. Faux ! La principale cible des socialistes n'est pas le président de la République, dont on reconnaît l'efficacité de sa présidence européenne, mais José Manuel Barroso, président de la Commission, symbole de tous ce que les europhiles sincères détestent (bushisme non dissimulé, conversion rapide à l'ultra-libéralisme économique, ambition personnelle plutôt que collective - lui qui fait le tour des capitales pour garder son fauteuil !).
2- évoquant l'enjeu du scrutin, le ministre affirme qu'il s'agit de montrer aux Français que "l'Europe peut apporter des réponses aux problèmes de la France". Certes. Mais, réduire l'Europe à une sorte de bouclier qui n'aurait d'utilité que s'il permet de protéger la France, c'est avoir bien peu d'ambition pour tous les peuples qui la composent. On a l'impression d'entendre un europhile qui ne l'est que lorsque ses intérêts sont servis. Or, les élections européennes doivent être l'occasion de parler de l'Europe, et uniquement de cela. Introduire toute considération nationale, sauf à croire que cela peut déplacer les foules, dessert le projet européen.
 
Or, dans la suite de son intervention, Michel Barnier assume: l'UMP est prête à tous les débats, y compris sur la politique du chef de l'Etat. Autrement dit, en faisant le jeu des socialistes (qu'il critiquait précédemment), il est prêt à donner à ce scrutin une dimension franco-française qu'il ne devrait surtout pas avoir ! Au moins, c'est clair. Et, lorsque l'on voit l'engagement des ministres sur le départ, des chouchous qui veulent continuer à cirer les pompes du chef, ou encore du président lui-même dans cette campagne, on comprend que l'Europe ne les fascine pas. La construction d'une Europe sociale, qui manque à de très nombreux habitants du continent (nous sommes, de ce point de vue, parmi les plus avantagés !), pourra bien attendre que la crise soit passée. La démocratisation des institutions européennes, qui bafouent le vote des citoyens (ce qui explique le peu d'intérêt des électeurs pour le vote du 7 juin), ne fait pas partie des priorités d'un président qui a imposé son mini-traité. Et, quelle que soit la pertinence de son contenu, la méthode a de quoi choquer. Or, aujourd'hui, dans la campagne européenne, où la politique politicienne tient bonne place, la méthode reste la même. Ce qui compte pour l'UMP? Rassembler un maximum de Français séduits par la présidence de N. Sarkozy au second semestre de 2008. Question simple: faire bouger l'Europe, être perpétuellement en mouvement et ouvrir de multiples dossiers pour bousculer les conservatismes, est-ce un programme? Comment fera l'UMP, si elle reste majoritaire, pour y parvenir avec un président en exercice aussi motivé que le président tchèque? Et on retombe là dans la logique purement sarkozyenne: sans moi, avant moi et après moi, le chaos ! Sauf qu'en fait, le problème est... institutionnel. Et c'est donc d'une ambition politique bien plus forte qu'a besoin l'UE. D'ailleurs, pourquoi l'UMP ferait-elle mieux en 2009-2014 que lors du précédent mandat (2004-2009), alors qu'elle appartenait à la majorité du PPE (Parti Populaire Européen)?
 
Personnellement, je ne sais pas encore à quelle liste je vais donner ma voix. Aucun grand parti ne me motive vraiment et je ne trouve dans aucun de leur discours la passion et l'envie de construire une Europe forte qui fasse rêver. Une chose est sûre: j'ai approuvé la présidence de N. Sarkozy à la tête du Conseil européen, j'ai apprécié son activisme sur les dossiers institutionnel, diplomatique et économique (même si le résultat final n'est pas toujours à la hauteur). Mais les arguments de M. Barnier (si je mets de côté le fait qu'il faille mettre plus de politique et moins de technocratie à Bruxelles) ne me prouvent pas qu'il rêve d'une Europe forte, une Europe des peuples, qui ne soit pas qu'une machine économique à produire de la croissance et des emplois. Or, l'Europe peut (et doit?) nous apporter beaucoup plus que cela ! Bref, parce que je considère que voter est autant un droit qu'un devoir, je me déplacerais aux urnes dans trois semaines... sans avoir encore à quelle liste ira ma confiance. D'autant que, pour l'instant, je pense ne pas toutes les connaître ! Il semble donc que le désintérêt soit contagieux, les partis sachant très bien le transmettre aux citoyens sans lesquels ils ne sont censés n'être rien ! Bon week-end, quand même.
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