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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Ce pourrait être la nouvelle devise du gouvernement qui, dans sa dernière annonce en date, pratique un succulant double langage, que je ne peux m'enpêcher de relever. En déplacement dans le Val d'Oise, le département où l'on peut se connecter au monde - si l'on en croit les publicités financées par le Comité d'expansion économique -, le président de la République a détaillé les grandes lignes - ou, plutôt, devrais-je dire, à égrainer les mesures - de son "plan jeunes". Un plan d'urgence et de relance qui, dans le contexte économique actuel, devrait permettre de faciliter l'insertion des jeunes sur un marché de l'emploi sinistré. On peut difficilement accuser le chef de l'Etat, et son gouvernement, de manquer de volontarisme: atteinte de reprisologie aiguë - comme l'expliquait récemment Marianne - la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'extasie devant tout indicateur passant au vert... comme s'il s'agissait d'un signe de reprise économique. Aujourd'hui, c'est donc la consommation des ménages qui a progressé le mois dernier et qui permet à la ministre de considérer que la confiance est de retour dans la mesure où les Français continuent à dépenser leurs argent sans (trop) y regarder. Or, rappelons qu'une telle statistique n'est qu'une moyenne qui englobe à la fois ceux qui, comme moi, ne ressentent pas trop les effets de la crise (commencer à gagner sa vie au moment où l'économie flanche procure un certain avantage) mais aussi ces milliers de salariés précaires, qui gagnent tout juste le SMIC et peinent à nourrir correctement leurs enfants sans faire des sacrifices au quotidien. Or, dans le climat actuel, notamment marqué par la multiplication des annonces de fermetures de sites ou de plans de licenciements, la moindre des politesses serait d'être un peu discret. Et, même si des statistiques laissent supposer que nous avons (ou sommes sur le point) d'atteindre le fond du trou - ce qui n'est pas encore totalement certain -, le bon sens devrait inciter Mme Lagarde à moins d'explosion de joie dans les médias.

 

Mais revenons au coeur du sujet. Dans un tel contexte, l'une des principales catégories qui subit de plein fouet cette crise inédite, ce sont bien sûr les plus jeunes. Quoi qu'ils soient tout de même très concurrencés par les séniors, âgés de plus de 45 ans et qui, dans la logique comptable de certains patrons, ne sont plus assez rentables. Les licenciements massifs de personnes atteignant ce seuil et les énormes difficultés auxquelles elles sont confrontées pour retrouver un emploi devraient inciter N. Sarkozy à concocter un plan sénior. Car, même si les initiatives qu'il a présenté ce matin semblent aller dans le bon sens, elles témoignent encore et toujours de l'absence de cap. Procéder à l'annonce d'un tel plan d'urgence, qui ressemble à un nouveau plan de relance ciblant une catégorie de la population, en se contentant - comme d'habitude - de lister les décisions prises au Château laisse entendre qu'il s'agit d'une batterie de mesures pensées pour résoudre un problème ponctuel. En tout, ce sont donc 1,3 milliards d'€uros qui ont été débloqués pour faciliter l'insertion des jeunes dans la vie active. Bien. Mais qu'en sera-t-il après la crise? Et dans le cadre de quelle politique socio-économique cette batterie de mesures s'inscrit-elle? Sont-elles destinées à être pérenniser, ou ne s'agit-il que d'aides provisoires, contexte oblige, données aux entreprises pour lutter contre le chômage et procéder à la relance de l'économie? A ces questions, je n'ai pour l'instant trouver aucune réponse dans les principaux médias. Or, c'est déjà là que se pose le premier problème: le chômage des jeunes, tout comme celui des personnes les plus proches de l'âge de la retraite, se pose depuis de longues années et, de manière récurrente dans les statistiques - y compris officielles -, on observe cette situation contre laquelle tous les gouvernements précédents ne sont pas parvenus à lutter. Or, avec ce énième plan, qui contient - je le répète de bonnes choses -, on peine à voir où le chef de l'Etat veut aller. Et pour cause: en ne pensant qu'à court terme (régler la crise), sans s'interroger sur la manière de construire l'après-crise (ce qui devrait, pourtant, être une de ses priorités), il n'a pas de vision suffisamment lointaine. Certes, me répliqueront certains, il a initié le G20 de Londres qui pense à l'après-crise. Mais ce n'est qu'un très timide début qui ne fait pas encore l'unanimité.
 
Sans reprendre la liste des mesures annoncées (vous la trouverez, par exemple, sur le site de France Info, en cliquant ICI), commentons certaines d'entre elles. Notons d'abord que la plupart s'adresse à des entreprises à faible effectif et qu'il s'agit dencourager l'embauche, dans celles-ci, des apprentis et stagiaires qui y effectuent toute ou partie de leur formation. Aider le tissu de PME, qui fait vivre l'économie française et au sein desquels se trouve un vivier d'emplois potentiels, c'est évidemment une très bonne chose. Permettre aux jeunes qui ont bénéficié d'une première expérience, dans le cadre de leur formation, d'être embauché dans la même entreprise, pour continuer à y faire leurs preuves et acquérir une expérience plus solide, cela va dans le bon sens. Petit (gros) bémol: ces aides aux entreprises, qui ne sont pas conditionnées (pouvant représenter une aubaine), se manifestent encore par des exonérations de charges. Comme si on ne pouvait pas mener une politique économique autrement (ce que le PS appelle "faire du neuf avec du vieux") ! Par ailleurs, le plan vise à encourager les formations en alternance qui, même avec un faible niveau de qualification initiale (sans avoir le Bac, par exemple), permet à un jeune qui souhaite travailler dans des secteurs spécifiques, en demande de main d'oeuvre qualifiée, d'alterner les cours théoriques et l'expérience pratique. L'encourager semblait tout aussi indispensable. Car une telle filière a au moins trois avantages: 1- elle permet à une entreprise de former elle même celui qu'elle pourra embaucher par la suite; 2- elle permet au jeune de ne pas subir une formation théorique, trop proche de l'école, qui peut ne pas le passionner; 3- elle offre une première expérience pouvant enrichir son CV et faciliter son intégration sur le marché du travail. Il ne suffit plus qu'à encourager le recours aux salariés séniors en leur proposant des mi-temps d'accompagnement des apprentis (plutôt que les mettre en pré-retraite), et ce serait encore mieux. Tout cela semble donc plus qu'encourageant. Sauf qu'un énorme soucis noircit le tableau: l'Etat, en tant qu'employeur d'enseignants, est en train de faire l'inverse absolu. Dans sa réforme du recrutement des professeurs, il compte supprimer l'année de stage, qu'un jeune ayant réussit le concours effectue avant d'être titularisé. Or, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une formation en alternance, avec quelques heures de cours (6 à 8 pour les enseignants du second degré) et des journées de formation hebdomadaires. Et même si la formule actuelle peut être clairement améliorée (je l'ai subi l'an dernier dans la cadre de ces IUFM qui sont aussi appelés à disparaître), supprimer ce stage obligatoire c'est envoyer le mauvais signal aux entreprises. Comment leur expliquer que le dispositif est avantageux si l'Etat-employeur s'en débarasse?

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Y
Bien vu !
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A
<br /> S'il y a bien une chose qui m'exaspère en politique, c'est le décalage flagrant entre le discours de nos politiciens et leurs actes. Notamment entre les belles promesses de campagne et la réalité,<br /> une fois au pouvoir. Ce qui est assez fréquent. Et ce qui se comprend: ces hommes-là veulent le pouvoir et exercer des responsabilités pour l'argent et l'aura que cela confère. Et c'est gravissime<br /> !<br /> <br /> Mais, Sarko, qui met ici en pratique sa fameuse rupture, fait encore mieux que ses prédécesseurs. Dans deux domaines différents, il mène deux politiques différentes ! C'est totalement<br /> aberrant. Et cela mérite d'être signalé car cela illustre le manque de cap et de cohérence de son projet. Mis à part l'argent-roi et une société de l'individualisme (où les signes extérieurs de<br /> richesse semblent incontournables), on ne sait pas trop où il veut aller...<br /> <br /> <br />