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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

PS rénové: la rupture imparfaite

Au moment du Congrès de Reims, tous les courants - et leurs chefs de file- rivalisaient pour savoir lequel portait la plus nette rupture avec les années Hollande, années noires pour le socialisme français, avec de belles victoires aux élections intermédiaires locales mais deux défaites consécutives aux présidentielles... A ce petit jeu, il s'agissait de promettre la "rénovation". Ce mot, utilisé par tous les ténors de principales motions, devait marquer un tournant dans l'histoire du parti et le début d'une nouvelle ère pour reconquérir le coeur de ces Français que la droite sarkozyenne avait conquis en 2007. Or, avec la crise et jugeant la politique du président de la République, les classes moyennes inférieures et populaires doutent: et si Sarko n'avait pas les bonnes solutions, ni la bonne idéologie, pour améliorer nos vies? Il semble donc que le PS soit en bonne position pour satisfaire les revendications de nos compatriotes. Sauf, qu'enquête d'opinion après enquête d'opinion, les chiffres le montrent: les Français ne font pas plus confiance au PS qu'au chef de l'Etat, ils plébiscitent Olivier Besancenot pour apporter des solutions innovantes et efficaces (le plaçant en deuxième position, derrière N. Sarkozy, parmi les personnalités qui peuvent "changer" la France !). Dès lors, malgré les efforts de la nouvelle direction du PS pour communiquer autrement, pour apporter des contre-propositions (et ne pas s'enfermer dans le discours d'opposition systématique à la majorité) et pour être hostensiblement présents dans les cortèges aux côtés des salariés et des syndicats, le PS ne suscite guère la confiance des électeurs. Ainsi, pour les prochaines européennes, compte-tenu du bon score réalisé en 2004 (dans un contexte défavorable à l'UMP époque Raffarin), les socialistes devraient enregistrer quelques déceptions (au moment même où le Parlement pourrait basculer à gauche, la crise incitant les Européens à réclamer plus de protections sociales)... au profit du NPA et du MoDem, traditionnellement bien placé dans ce type de scrutin.

 

Cette semaine, afin de préparer ce rendez-vous important, les militants socialistes étaient donc appelés à valider ou non les listes qui leur étaient proposées dans les huit circonscriptions. J'ai déjà eu l'occasion, au moment de l'annonce du parachutage de Vincent Peillon, de donner ma position (relisez l'article concerné en cliquant ICI). Et, selon moi, ce vote devait répondre à une question: les efforts faits par la direction du parti pour commencer à freiner le cumul des mandats (en interdisant toute candidature d'un président d'exécutif local) et pour représenter la diversité de la France surpassent-ils les faiblesses de ces listes (façonnées à Paris, tolérant le parachutage de personnalités, ne représentant pas fidèlement tous les territoires et laissant à des vice-présidents de Conseil régional la possibilité de se présenter)? A cette question, les militants de sept des huit grandes régions ont répondu "Oui", en validant les listes proposées... y compris dans le Sud-est où l'arrivée de Vincent Peillon avait suscité des oppositions fortes de barons locaux. Seuls les militants de la région Limousin, qui n'est pas représentée sur une liste Centre, dirigée par un autre parachuté (Henri Weber, élu sortant de la région Nord-ouest), l'ont rejeté si massivement que le "oui" des autres fédérations composant cette circonscription n'a pas pesé bien lourd. Et, dans un sens, tant mieux. Certes, Martine Aubry (comme l'expliquait, sur France Info, un de ses proches, Claude Bartolone) n'a pas cédé aux revendications des Limousins qui voulaient voir le président de Région diriger la liste des européennes. Et il fallait le faire. Mais, de là à parachuter un inconnu dans la région, à ne mettre sur cette liste aucun représentant des trois départements en question, il y avait un pas qui devait être sanctionné. Symboliquement, et parce que ces listes sont encore imparfaites, je me réjouis qu'une de celles-ci ait donc été rejetée.
 
Et je ne suis pas le seul. Militant socialiste, le blogueur Marc Vasseur (retrouvez son blog en cliquant ICI), a publié un billet intitulé "Européennes 2009: NON aux listes socialistes" et repris sur le site Internet de Marianne, avec cette présentation: "
Marc Vasseur votera non au scrutin interne du PS sur les têtes de liste aux européennes. Non à une tête de liste qui maintient le silence sur le résultat du vote pour le Premier secrétaire du parti dans le Nord, non aux caciques qui empêchent le renouvellement des têtes... en un mot : non à un PS qui change de discours mais pas de pratiques !". Voici, dans son intégralité, le texte publié par ce blogueur socialiste (que je vous laisse le soin de commenter, en postant des messages !): "Jusqu’à ce matin, j’hésitais entre deux attitudes… ignorer ce scrutin interne ou me déplacer pour voter non aux listes proposées par la direction solférinesque. La seule chose positive dans cet énième épisode d’une démocratie interne toujours déliquescente, enfin au moins il y aura une case « NON » sur le bulletin de vote. Quel progrès ! Ce qui aura fait pencher la balance, c’est tout simplement le fait que je suis un citoyen, un militant mais au final je ne suis pas dupe de ce grand théâtre qu’est le PS. Maintenant, passons aux raisons de mon vote.
 
Au niveau local : certains seraient tentés de penser qu’il y a une dimension quasi-pathologique tenant à une haine inexpugnable vis-à-vis de Gilles Pargneaux. Après plus de 20 ans de militantisme, une expérience douloureuse vécue il y a quelques années, il y a longtemps que ce type de ressentiment a disparu de mon regard « acéré » sur les uns et les autres. Donc, le premier élément tient au fait que la tête de liste de la région électorale du Grand Nord est par ailleurs premier fédéral socialiste dans le département du Nord. Or ce dernier n’a toujours pas communiqué les résultats définitifs dans les sections tant pour l’élection du Premier Secrétaire que pour sa propre élection. Le Nord n’est pas le 5ème arrondissement la Mairie de Paris… Deuxième élément, la liste ne me satisfait au niveau du renouvellement, il y a loin de la coupe aux lèvres dans ce domaine. Connaissant Pargneaux et Cottignies (tous les deux probables députés européens), ces derniers ont près de 30 ans de « boutique » au compteur ; le 1er ayant par ailleurs toujours eu une réputation d’apparatchik de seconde zone… ce n’est pas une tare en soi, mais prétendre incarner la rénovation et le renouvellement de nos pratiques… comment dire, on ne prend pas les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Dernier élément, la diversité est bafouée… le Nord et le Pas de Calais sont des terres d’immigration et de diversité aussi je trouve inadmissible que nous ne soyons pas en mesure de mettre un militant issue de l’immigration sur cette liste (on me dira ben si, il y a Abdel Zairi… ah ouais 6ème sur la fameuse liste des suppléants… magnifique).
 
Au niveau National : à l’image de ce qui nous est proposé au niveau local, je n’y trouve pas mon compte en terme de rénovation. Au-delà de cette pseudo parité mise en avant (heureusement, c’est la loi), je pensais que le PS avait compris que le jeu des chaises musicales, des régions musicales en l’occurrence, et des parachutages était une époque révolue… force est de constater qu’il n’en est rien. Je ne relève même pas ce faux nez de la régionalisation du scrutin et de la constitution des listes au seul niveau national et des arrangements de motions au mépris du travail effectif et de l’implantation de certains candidats. Enfin, n’en déplaise à Martine Aubry, le compte n’y est pas pour ce fameux retour des socialistes et la participation à une manifestation n’en fait pas un printemps socialiste. Du contre plan de relance qui a fait pschitt avant même sa sortie faute d’ambition, à l’atonie récente sur le statut des beaux parents (où hormis pointer le doigt sur la cacophonie gouvernementale, le PS est resté bien timoré sur un sujet sociétal), aux polyphonies de nos représentants sur l’Hadopi (fort heureusement, nous avons encore des individualités de qualité… mais ça ne constitue pas un parti), notre absence sur le conflit des chercheurs. Et encore, je ne parle pas de la Guadeloupe, ni des missions et déclarations sarkoziennes d’un certain Jack Lang, ni à la caporalisation d’une direction qui s’apparente davantage à une armée mexicaine. En somme, j’ai l’impression d’assister à une « réhollandisation » rapide du parti, et ce ne sont pas les blagues de Martine sur Benoît qui pourraient changer ce sentiment.
 
Voilà toutes les raisons de mon vote de ce soir. J’espère ne pas être le seul mais je me demande comment sera interprété le sens de ce vote en cas d’abstention élevée (plus de 50%). En fait, je ne me fais pas d’illusion, cela passera par pertes et profits… cependant, cela risque de mal augurer le résultat de juin
". Voilà une analyse, pertinente et progressive, qui me convient tout à fait. La représentation de la divserité, affichée au niveau national, n'est en effet pas du tout au rendez-vous dans le circonscription Nord-ouest, dont je dépends moi aussi. Et c'est l'une des raisons de mon abstention. Pour le reste, les idées de faux renouvellement ou du maintien de certaines pratiques "hollandesques" sont tout à fait pertinentes. Ces listes ne se résument-elles pas à une sorte de "synthèse molle" entre partisans de la direction et royalistes? Le parachutage de Peillon n'a-t-il pas d'autre objectif que le virer de sa région, en l'assurant de retrouver son poste, tout en laissant le Nord sous la coupe des aubristes? Décidément, la cuisine interne, proposée rue de Solferino, sent si mauvais qu'elle en devient un très puissant répulsif... qui ferait fuire aussi bien les électeurs que certains militants. Non que je pense quitter le parti (même si j'avoue me poser la question de temps en temps), mais je suis conforté dans l'idée que Ségolène Royal aurait sans doute fait mieux dans la rénovation du parti. Bref, après un bon début (apparent), la première Secrétaire déçoit déjà. Et, en effet, ce ne sont pas ses blagues déplacées sur le charme de Benoît Hamon qui rendront M. Aubry symathiques aux yeux de Français confrontés par des vagues désespérantes et choquantes de licenciements dans tous les secteurs. On en revient à ce que dénonce la présidente de Poitou-Charente dans son dernier livre: sa rivale pour diriger le parti, en plus d'avoir un caractère bien trempé et parfois autoritaire, se croirait-elle supérieure? En continuant de considérer Mme Royal comme une "sous-ministre" (ce qu'elle était sous Jospin)? En rabaissant son porte-parole au rang de plaiseur des dames? Si cela continue, la rupture aubriste sera aussi décevante que la rupture sarkozyste déçoit les électeurs du président.

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