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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Où en est la jeunesse française?

Cette semaine, un sujet a dominé l'actualité: le malaise supposé des adolescents français. Comme souvent, c'est le téléscopage, dans l'actualité française et plus largement européenne, de plusieurs évènements portant sur ce thème qui a enclenché un emballement médiatique: ce fut d'abord le carnage provoqué, dans son ancien lycée, par un jeune Allemand de 17 ans (dernier exemple d'une longue série de violences armées dans des établissements scolaires, depuis Columbine aux Etats-Unis, et que le JT de France 2 nous ressert à intervalle régulier); puis il y a eu cette incursion d'une bande dans un lycée de région parisienne, causant des dégâts matériels et un certain traumatisme chez les quatre élèves blessés. Sans oublier ces enquêtes d'opinion, menées à l'échelle européenne, qui démontrent deux choses: d'une part, ce n'est pas dans la génération des 16-25 ans (à laquelle j'appartiens) que le bonheur est à son apogée (mais au-delà de 60 ans); d'autre part, les adolescents français seraient parmi les moins optimistes du monde sur leur avenir. A cela s'ajoute, enfin, les dernières lois visant à interdire l'usage de l'alcool et la vente de tabac aux mineurs. A tous les mineurs, et plus seulement aux moins de 16 ans. Bref, la place des jeunes dans la société est devenue le sujet central de l'actu de ces derniers jours... constituant le sujet principal de "Mon oeil", le rendez-vous hebdomadaire que France 2 nous propose dans l'émission "13h15 le samedi" et qui, sur le ton de l'humour (parfois grave) et sans tomber dans la bien-pensance, résume la semaine. Voici, ci-dessous, en vidéo, le numéro de ce samedi.

"Mon oeil" dans "13h15 le samedi" (France 2), le 14 mars
envoyé par politistution (Source: site Internet de Dailymotion)

Il y aurait donc bien de quoi se poser quelques questions. Mais, c'est aussi l'occasion de dénoncer. En effet, dans son émission "C dans l'air" du 5 mars dernier, Yves Calvi recevait des criminologues pour évoquer la menace qui pèse sur des responsables politiques... après l'envoi, à N. Sarkozy et d'autres reponsables de l'UMP, de lettres de menace de mort un peu spéciales (en cela que chacune d'elles contenait une balle de petit calibre). Et un de ces "experts" de dénoncer une société des interdits: pour lui, la France de Sarko prend le chemin des Etats-Unis. Une société de la peur du voisin, de la surveillance généralisée, de la multiplication des procès et des plaintes contre un tiers, de la criminalisation à outrance des attitudes des citoyens... bref, une société où la responsabilité de chacun se dissout dans une logique hyper-sécuritaire. Que dire de ces Américains qui attaquent en justice les fabricants de tabac, pour obtenir au civil des indemnités suffisamment conséquentes pour payer les traitements qu'ils subissent pour traiter le cancer qu'ils ont développé suite à un abus de tabac? Ce n'est rien d'autre qu'une logique malsaine pour trouver un autre coupable... et ne pas assumer ses propres responsabilités. Or, dans une société ainsi criminalisée, ceux que l'on présente comme des malades se sentent étroitement surveillés, ont l'impression de n'avoir aucun espace de liberté... et en rendent coupables les décideurs politiques. Pour le criminologue qui faisait ce constat, l'envoi de menaces de mort au président répond à cette logique, celle d'un déséquilibré qui, mal à l'aise dans la société française telle qu'elle se construit, s'en prend au premier responsable. Celui qui décide de toutes ces nouvelles interdictions.
 
Dès lors, le malaise de la jeunesse ne viendrait-il pas de cette société des interdits? Peut-être. Deux choses sont en tout cas certaines: 1- une très grande partie de la jeunesse n'approuve pas la politique de N. Sarkozy; 2- dans une période de la vie qui n'est, pour certains, pas facile à traverser, toutes ces interdictions sont vécues comme une atteinte aux plus fondamentales libertés individuelles. "Sous couvert d'une politique de santé publique, nos gouvernants nous privent d'une part de notre libre arbitre" pensent nos adolescents. Or, pour les 15-16 ans, l'arrivée au lycée est souvent synonyme de première cigarette, première cuite... ce que certains considèrent d'ailleurs comme nécessaire. Sans faire de psychologie, chacun peut comprendre qu'à cet âge, un jeune pense plus souvent à sa copine, à copier ses amis qui fument déjà depuis plusieurs mois, à ne pas être le seul ringard qui ne boit pas d'alcool le samedi soir... Tous ces éléments forment comme une sorte de passage obligé, qui doivent cependant être combattus. Or, comment sensibiliser les jeunes aux problèmes de l'alcool, du tabac, de la consommation de drogue? En faisant des lois liberticides qui, ne nous voilons pas la face, seront contournées. Il est bien évident qu'un jeune qui veut acheter une canette de bière tentera de le faire par lui-même (car, avec un pe de chance, le vendeur ne vérifiera pas l'âge de l'acheteur) avant de demander au grand frère (au sien ou à celui d'un ami) d'aller l'acheter. Il est d'ailleurs assez amusant (et désespérant, d'une certaine manière) de voir que le gouvernement en appelle au bon sens, à la prise en compte des réalités et à la fin de l'hypocrisie, sur certains dossiers (la reconnaissance des familles homoparentales par exemple, dans le projet Morano) mais pas sur d'autres sujets. Ici, l'hypocrisie consiste, justement, à faire croire qu'une simple loi d'interdiction suffirait. Quelle blague !
 
Dès lors, que faire? Sensibiliser par la prévention? Oui, évidemment. A condition qu'il s'agisse d'un travail de réflexion, et non de simples interventions ponctuelles. Qui peut encore croire que faire intervenir un gendarme qui viendrait parler une demi-heure à un groupe de trente élèves des dangers de l'alcool au volant a un impact? Si elle n'est pas exploitée, mise en relief au travers d'un travail plus profond, une telle intervention - souvent intéressante et percutante - n'a pas (ou peu) d'effets. La plupart des jeunes savent que conduire en état d'ivresse, ou après avoir consommé de la drogue, augmente les risques d'accidents. Ils ne sont pas idiots. Des réflexions plus poussées sur les conséquences à long terme, pour la santé (aussi bien la sienne que celle de son entourage), pour l'équilibre psychologique, doivent être menées. Ne serait-il pas plus intéressant que de telles pratiques soient rendues obligatoires en les intégrant dans les programmes scolaires du lycée, sous forme de travaux en éducation civique ou en SVT? Tout ce qui permet de construire un citoyen capable de réfléchir par lui-même, de se poser les bonnes questions, de connaître les dangers du monde dans lequel il vit, est mille fois plus efficace qu'une loi interdisant la vente d'alcool ! Il n'en demeure pas moins que l'interdiction des soirées alcoolisées, qui leur permettent de boire sans limite pour une somme forfaitaire, semble une absolue nécessité. J'ai déjà du mal à comprendre comment on a pu imaginer une telle pratique, totalement irresponsable. J'applaudis donc l'initiative du gouvernement, sur ce point.
 
Dernier sujet (et j'en termine): le téléchargement illégal sur Internet. Disons, d'emblée, qu'un débat bien plus long et réfléchi, s'adressant aux premiers concernés, aurait mérité d'être lancé. Car, là aussi, soyons réalistes: Internet est un formidable outil de liberté, d'expression de citoyenneté, de débats... mais aussi de dérives. Or, la jeunesse d'aujourd'hui est née avec les ordinateurs. Internet fait totalement partie de sa culture, de son quotidien: des millions d'ados seraient perdus s'ils n'avaient plus MSN (pour discuter avec leurs potes jusque tard le soir), s'ils n'avaient plus accès aux plate-forme de téléchargement de musiques avec lesquels ils passent leurs journées (grâce aux baladeurs MP3 et autres MP4). Comme dans tous les cas de délinquance, à petite ou grande échelle, il est clair que les pirates, ceux qui transgressent des lois qu'ils considèrent injustes, ont toujours une longueur d'avance sur ceux chargés de la faire appliquer. Quand une faille du système est comblée, les pirates trouvent de nouveaux moyens... que les autorités anéantissent plusieurs mois plus tard. Et ainsi de suite. Or, sur ce dossier, se pose une question fondamentale: l'accès aux films, à la musique ou à toute oeuvre artistique n'est-il pas devenu un luxe? Plutôt que de mener encore une fois une chasse aux fraudeurs, troquons la répression contre la prévention. Et, pour cela, attaquons-nous aux causes du phénomènes, et non à ses seuls effets. Car la cause profonde du piratage, c'est bien le prix de ces biens culturels. A titre personnel, je télécharge de temps en temps des musiques que je n'ai pas en CD en les achetant à l'unité sur Virginmega ou Fnacmusic au prix de 99 centimes par titre. Ce n'est pas excessif. Mais, quand trois mois après avoir téléchargé un morceau, votre lecteur affiche un message d'erreur en précisant que la licence doit être renouvelée (bref, qu'il vous faut repayer pour écouter un morceau que vous avez déjà acheté !), n'est-il pas normal d'avoir envie de trouver une version gratuite du titre? Bref, si nous voulons que nos jeunes se détournent de pratiques condamnables (puisque le piratage prive l'auteur de l'oeuvre d'une rémunération qui lui revient de plein droit), donnons-leur plus facilement accès à des supports culturels moins chers. Dans la même logique, 20€ pour un DVD ou près de 8€ (en province) pour une place de cinéma, c'est inadmissible !
 
La jeunesse serait donc déprimée et son mal-être grandirait avec les années? La faute au téléscopage de la société de consommation (et du gaspillage) avec une société des interdits. Et, comme le dirait François Bayrou, ce modèle-là, nous n'en voulons pas pour nos enfants. A nous de le combattre (notamment sur le Net) et d'en changer !
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