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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Le sarkozysme en difficulté?

La semaine aura été dure pour Nicolas Sarkozy, confronté à plusieurs attaques contre sa gouvernance et sa conception de la démocratie. Inutile de rappeler l'initiative des parlementaires socialistes qui ont jeté un pavé dans la marre. Les images de leur coup de force dans l'hémicycle a été largement diffusé, aussi bien dans les JT que sur le Net, les montrant chantant la Marseillaise pendant que Bernard Accoyer, quelque peu impuissant, listait les amendements déposés par l'opposition et qui étaient alors "non défendus". Leur absence, pour la première fois dans l'histoire de la Vème République, à une séance de questions au gouvernement - que Sarko projettait d'ailleurs de supprimer du service public il y a quelques mois - était censé marquée leur hostilité farouche au projet gouvernemental de redéfinition des temps de parole à l'Assemblée, notamment en vue de réduire le temps d'examen des milliers d'amendements déposés sur les projets les plus sensibles. La loi alors examinée, qualifiée d'anti-démocratique par certains élus de la majorité, a donc suscité la colère d'une opposition qui ne se sent pas respectée et qui considère que ses droits, que le président de la République avait mis en avant au moment de la réforme constitutionnelle, étaient en réalité menacée. Et l'argument est simple à comprendre: en limitant le temps d'examen, on est en plein coeur de la méthode Sarko qui consiste à noyer le Parlement sous un nombre beaucoup trop élevé de projets. La multiplication des chantiers et l'envie de tout boucler le plus vite possible, bref la tentation de faire de l'Assemblée une simple chambre d'enregistrement des projets de l'exécutif (ce qui est anti-démocratique dans la mesure où c'est un amoindrissement de la séparation des pouvoirs), est en effey insupportable. La majorité elle-même, ayant tenu le rythme dans les premiers mois du quinquennat, n'en peut plus et se refuse à modifier les fondements de ce qui est son travail.

 

Alors, certes, les amendements déposés par millier, différents les uns des autres par la place d'un mot ou d'un virgule, est une méthode condamnable, en ce sens qu'elle ne fait pas honneur à la démocratie. Mais, dans un système où le Parlement est monocolore, non représentatif de la diversité de l'opinion publique, comment ne pas avoir recours à ce qui semble être un des seuls outils dont dispose l'opposition pour se faire entendre? Car, au fond, les torts sont partagés: si le président faisait confiance à sa majorité (ce qui est loin d'être le cas quand on constate qu'il est, de fait, le président de son parti à voir le nouvel organigramme) et laissait le temps à tous ceux qui sont censés être ses partenaires de discuter des réformes en cours, sur le fond, l'opposition n'aurait pas à user de cet artifice. Un artifice qu'il serait d'ailleurs bon, comme je l'ai déjà proposé, de limiter. Et l'on vient à ces critiques de plus en plus nombreuses de la méthode Sarkozy. Prenons, par exemple, un extrait d'un récent éditorial d'Hervé Chabaud, dans l'Union (journal de la presse quotidienne régionale dans l'Aisne). A propos de la réforme de l'Education et du boycott, par les syndicats enseignants, des voeux de Sarko à la profession, l'éditorialiste écrit: "Tout le monde parle de réforme, mais personne ne s'entend sur le sens de ce mot. Changer la donne ne revient pas pour un gouvernement à se faire le greffier des syndicats et à traduire, à la virgule près, leur cahier revendicatif dans le budget de la nation (...) Une réforme est le résultat d'une discussion argumentée où chaque partie est en capacité de formuler des propositions, d'en accepter les critiques et les ajustements pour mieux finaliser un accord. Cela exige du temps, une grande capacité d'écoute et l'abandon de postures rigides et inefficaces". Voilà qui est tout à fait raisonnable. Et l'on constate aisément que le dialogue, la capacité à se remettre en cause et à changer d'avis n'est pas le point fort de syndicats sans doute trop obtus. Mais c'es loin d'être le point fort du chef de l'Etat !
 
Et les explications sont nombreuses. Dans son dernier livre, intitulé "La marche consulaire", Alain Duhamel - présenté comme l'un des meilleurs spécialistes de la vie politique française - fait le parallèle entre Nicolas Sarkozy et Napoléon Bonaparte, considérant notamment que le premier ne conçoit la pratique du pouvoir qu'en avançant toujours plus rapidement, en prenant ses adversaires par surprise et en multipliant les fronts (une sorte de stratégie guerrière qui vise à éliminer la concurrence: "hors de mes idées, point de salut !" pourrait-il dire). Un parallèle qu'Arnaud Montebourg, secrétaire national du PS à la rénovation, et récemment invité du rendez-vous Europe 1/Le Parisien - Aujourd'hui en France, ne partage pas totalement: "M. Sarkozy n'est ni Napoléon Bonaparte ni Julés César, car au moins voilà deux hommes qui avaient du génie et qui ont bâti un empire. Monsieur Sarkozy, le seul empire qui le passionne, c'est lui-même". Et l'on en revient à cette absolue nécessité pour Nicolas Ier de tout diriger, de tout décider, de ne rien déléguer à ces ministres qu'il cantonne dans un rôle d'exécutants et de porte-parole de sa sainte parole présidentielle. Mais, plus grave, cette propension à croire qu'il est le seul à détenir la vérité, la seule possible, qu'il peut donc être le seul sauveur d'un pays en proie aux pires idéologies, a de quoi inquiéter. Ainsi, dans son "Billet doux" (paru également dans l'Union), Bruno Testa s'inquiète: "Quand il veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, Nicolas Sarkozy a une recette magique: "la lutte contre l'immobilisme" (...) Et quand bien même faudrait-il bouger, pourquoi la lutte contre l'immbilisme se traduit-elle toujours par une réduction des effectifs comme on le voit dans les hôpitaux ou dans les écoles? "Lutter contre l'immobilisme" serait-ce une expression de la nouvelle langue technocratique pour dire "diète sévère" ou "régime au pain sec et à l'eau"?". Analyse d'autant plus pertinente que, ces derniers jours, et confronté à des oppositions fortes et audibles (sic), super-Sarko nous a plusieurs fois servi le refrain du bon peuple français, plein de bon sens, en avance sur les élites ! On frôle la démagogie...
 
Mais, le pire, pour le président, est qu'à l'intérieur de son propre "camp", des voix s'élèvent pour dénoncer une gouvernance qui insupporte les Français, d'autant plus que les résultats peinent à se faire sentir. Intervenant sur LCI, l'ancien premier ministre Dominique de Villepin lançait ainsi: "Je dirais que l'hyper-activité n'est pas suffisante, ce qui m'intéresse moi c'est l'hyper-efficacité". Avant d'ajouter qu'il faut "un président capable de hiérarchiser les problèmes et de se consacrer à l'essentiel, pas un président touche à tout, pas un président qui ne répond pas aux questions des Français, pas plus d'ailleurs que des journalistes". Et de conclure en affirmant qu'un président doit se rendre compte "qu'il ne suffit pas de passer d'un sujet à l'autre, d'une image à l'autre, qu'il ne suffit pas de regarder la superficie des choses et qu'il faut traiter les questions en profondeur". Ce à quoi l'éditorialiste de l'Union, Hervé Chabaud, réplique: "Villepin s'imagine sans doute comme le modèle et tient à obtenir le brevet du meilleur opposant à l'unanimité des frustrés du sarkozysme. Est-il comme Bonaparte sur le pont d'Arcole le seul à s'avancer ou dispose-t-il d'une bande de grognards fidèles disponibles pour faire du recrutement et pas seulement un coup médiatique?". Certes, Villepin nourrit une certaine rancoeur contre le locataire de l'Elysée et aime à se peindre en premier opposant, défenseur d'une droite plus républicaine et modérée, mais ces propos n'en sont pas moins pertinents. Heureusement, le sarkozysme dispose encore de défenseurs. En attendant de voir ce que Xavier Bertrand compte faire d'une UMP dont il est désormais le secrétaire général (il promet déjà le "changement"... et pourquoi pas la rupture?), la réponse de l'ancien patron du parti présidentiel, et désormais ministre de la rélance, Patrick Devedjian, à la division au sein de l'UMP lors des "4 vérités" sur France 2 ce jeudi, est à saluer: "Il n'y a pas de divisions mais des débats, ce qui est assez normal. Quand il n'y a pas de débat, vous dites qu'on est des godillots. Quand il y a débat, vous dites que ce sont des divisions. On a donc pas beaucoup d'espoir de trouver grâce à vos yeux". Pas mal. Mais, dommage que Sarko ne l'ait pas compris pour gouverner un peu mieux notre pays ! La France a besoin de débats, et non de certitudes tombées du Ciel de l'Elysée !!

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J
Je ne crois pas le Sarkozysme soit en difficulté d'ailleurs selon un sondage BVA-Orange-Express publié mercredi, Sarko avait 47% d'opinions favorables! C'est pas si mal! <br /> Ses méthodes sont certes contestables, mais en tant de crise elles sont préférables à l'immobilisme chiraquien.
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A
<br /> La crise a bon dos ! Elle permet de faire passer les décisions les plus "amères". Elle donne encore un peu de visibilité aux siyndicats, elle relance l'opposition... et elle limiterait<br /> l'impopularité du président ! L'activisme avec peu de résultats (même si, soyons sages, et attendons !) sert-il à quelque chose? C'est sur le fond que nous devons juger le gouvernement. Et, force<br /> est de constater qu'avec la grève de cette semaine, les décisions et le contenu des réfomes ne passent pas...<br /> <br /> <br />