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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Ségolène en Amérique: carnets de voyage

Une fois de plus, elles sont en concurrence cette semaine. D'un côté, Martine Aubry - première secrétaire du PS - qui a, enfin, présenté ses voeux aux Français. De l'autre, Ségolène Royal qui a été la seule personnalité politique de premier plan à assister à la cérémonie d'investiture de Barack Obama, assurément l'évènement de la semaine, voire du mois. La première, à l'occasion de voeux présentés tardivement (à la suite d'un problème occulaire qui l'empêchait de paraître en public, notamment d'affronter des flashs de photographes), est apparue combattive et bien plus efficace que son prédécesseur. Lançant une petite offensive contre Nicolas Sarkozy et sa politique, en annonçant une motion de censure contre le gouvernement et la proposition d'un "contre-plan de relance" (l'opposition devient force de proposition !). Elle en a profité pour tâcler le président de la République en ces termes: "il parcourt beaucoup la France, en ce début d'année et il rencontre surtout d'ailleurs des manifestants. Et chacun voit le président, entouré de cordons de CRS, et derrière la France. Et M. Sarkozy nous explique tous les jours qu'il a raison contre, je n'allais pas dire toute la France, mais peu à peu une grande partie de la France". Et, sur son style autoritaire, elle répond: "vous nous disiez qu'avant c'était la cacophonie; il faut pas nous reprocher maintenant de débattre et d'afficher des positions collectives". Et elle n'a pas tout à fait tort de rappeler qu'une direction ferme, qui sait ce qu'elle veut et comment faire avancer le parti, a longtemps manqué au PS ces dernières années.
 
Quant à la seconde, elle a donc décidé de suivre l'investiture du nouveau président américain et de la vivre sur place, en réalisant un voyage personnel de cinq jours à la rencontre des Américains. Une visite d'autant plus symbolique qu'après les critiques de la droite, qui reprochait au PS de n'avoir envoyé personne pour la convention démocrate en août dernier, la présidente de Poitou-Charente est la seule à être à Washington... suivant de peu l'ancien ministre Hubert Védrine, qui a rencontré dernièrement des conseillers de l'ex-candidat démocrate. Jouant la transparence, Ségolène Royal a envoyé, en cinq jours, trois courriels aux abonnés à la newsletter de son site "Désirs d'avenir" afin de rendre compte de ses impressions sur place. Je vous en ai sélectionné les passages les plus intéressants, en espérant qu'ils soient l'occasion de débattre du lien entre Etats-Unis et France qu'elle y dresse, ainsi que sur sa vision de ce que doit être un chef d'Etat de ce côté-ci de l'Atlantique.
 
- premier courriel, daté du 17 janvier et intitulé "Voyage à washington": " L'Inaugural Address d'un président des États-Unis, plus encore que le discours délivré à l'annonce de sa victoire, est le moment où il définit la signification de son élection. Mesurer la portée de cet évènement est essentiel à qui veut comprendre les Etats-Unis d’aujourd’hui, la situation mondiale et, comme en miroir, notre rôle, à nous Français et Européens. Il ne suffit pas de dire que, par la couleur de sa peau, Barack Obama symbolise la réconciliation « raciale. » Il s'agit plutôt de comprendre pourquoi la réconciliation des États-Unis avec eux-mêmes a toujours dû passer par la réconciliation entre les différentes communautés, depuis le « péché originel » de l’esclavage. Cette réconciliation est déjà en marche. Par un recours constant à la démocratie participative, Barack Obama est parvenu à toucher tous les Américains, par delà leurs appartenances raciales, sociales ou religieuses. Il a ainsi contribué à vivifier une démocratie américaine pervertie par la collusion entre intérêts économiques et politiques que l’administration Bush entretenait sciemment. Cette réconciliation a aussi des prolongements politiques et économiques, déterminants dans le contexte actuel de crise. Barack Obama a redonné au pouvoir politique une légitimité qui, de Reagan à Bush, lui avait été trop souvent déniée. Il pourra ainsi s'appuyer sur l'État central pour relancer et réguler l'économie américaine (…) Son élection (…) ouvre ainsi la voie à une résolution commune des grands défis de notre temps. Crise économique et sociale planétaire, crise environnementale qui menace la survie même du genre humain, crise énergétique, crise des matières premières, crise alimentaire, crise militaire au Moyen-Orient : rarement plus qu'en ce début de 21e siècle, l'humanité n'a pris conscience d'habiter le même monde, et rarement la nécessité de son unification ne s'est faite sentir avec autant d'urgence. Comme je l’écris dans Si la gauche veut des idées, la « mondialisation » est contradictoire : entre une interdépendance économique et financière d’un côté et une intégration politique inexistante de l’autre. La question de ce siècle est donc celle de la cohérence à inventer entre mondialisation économique et nécessaire mondialisation politique. Pour la France et l'Europe, la question se décline : quelle serait leur place dans cette mondialisation politique ? (…) Pour l'Europe, je tire une recommandation : engager une nouvelle étape de notre intégration, pour qu'un jour nous puissions parler au reste du monde d'une seule voix, plutôt que de dialoguer de manière dispersée avec des partenaires différents, comme nous le faisons encore trop fréquemment ".
 
- second courrier, daté du jour-même de l'investiture et titré "impressions d'Amérique": " Première journée de déplacement à Washington. Bain de foule à pied, au milieu de plusieurs centaines d'Américains venus, malgré le froid glacial, écouter le message de fraternité et d'unité délivré par Barack Obama. L'émotion est palpable partout. On sent une effervescence. Une attente aussi (…) Dimanche, sur le Mall de Washington, au pied du Lincoln Memorial, était organisé un concert-symbole, dont vous avez sans doute vu les images. Le nom de ce concert : « We are one ». L'événement est énorme, comme le disent les Américains et Barack Obama lui-même. Le Lincoln Memorial est porteur d'une mémoire vive, une mémoire d'espoir, une mémoire de combat (…) Et là encore que, avant-hier, le premier président noir des Etats-Unis, qui prêtera serment tout à l’heure, fredonnait les airs des plus grands chanteurs de sa nation. Le Lincoln Memorial est la pierre angulaire, le lien de mémoire de la démocratie américaine dans la capitale fédérale. En face, on voit le Capitole. Au Nord, la Maison Blanche. Et au Sud, le Jefferson Memorial. Magnifique évocation dans l'espace de cette unité que Lincoln avait toujours recherchée et qui inspire, dans chacun des gestes, le nouveau président américain. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Barack Obama a choisi, comme Lincoln l'avait fait en son temps, de se rendre à Washington pour son discours d'investiture en prenant le train à Philadelphie, ville fondatrice de la démocratie américaine. Ce que j'ai vu dimanche lors de ce concert, c'est une nation rassemblée, fraternelle, dépassant ses divisions pour prendre son destin en main. Les gens voulaient partager leur émotion en toute simplicité et avec sobriété (…) Tous étaient là pour affirmer leur détermination à faire face aux défis de notre temps. Tous étaient là pour dire leur fierté. Tout simplement (…) En me rendant à Washington (…) j’ai voulu être avec le peuple américain, au milieu du peuple américain. Pour ressentir et partager sa joie, pour témoigner aussi de notre espoir. Car nous avons toujours été ensemble, Américains et Français, quand l’espoir d’un monde meilleur était possible. La France a été le premier ami des Etats-Unis. J’ai été marquée hier par la visite du Mont Vernon, lieu de résidence de Georges Washington, celui que La Fayette appelait le Père de la liberté. Au Mont Vernon, les clés de la Bastille offertes en gage d’amitié sont toujours précieusement conservées. Symbole que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare (…) En ces jours mémorables, nous espérons que Barack Obama aura la lucidité et la clairvoyance de comprendre que le monde aujourd’hui est multipolaire et qu’il ne peut en être autrement. Il a la chance de remettre l’Amérique au cœur du monde, non pas en agissant seul, mais en choisissant la voie de la coopération. Nous devons devenir de vrais partenaires ".
 
- enfin, au lendemain de sa prestation de serment, elle revient sur "le discours d'Obama": " Et c’est sans compter les milliards d’autres qui, à travers les écrans de télévision du monde entier, et je pense en particulier au continent africain, avaient au même moment les yeux rivés sur cette façade ouest du Capitole. La cérémonie d’investiture a eu beaucoup d’allure. Barack Obama est sans conteste très charismatique et il se dégageait de cette immense foule, joyeuse et pleine d’espoir, une véritable force démocratique. Que retenir du discours de Barack Obama ? Vous le lirez en entier, mais voici les idées et les citations qui m’ont marquée : tout d’abord un diagnostic sans concession sur la crise économique et sur la violence du monde, qui sont « la conséquence de la cupidité et de l'irresponsabilité de certains, mais aussi de notre échec collectif à faire des choix difficiles et à préparer la nation à une nouvelle ère » ; la démocratie fait chaque citoyen, qui, par son action, doit accompagner la prise de responsabilité de l’Etat.  Il y aura une transparence absolue de tous les systèmes d’aides ; « Cette crise nous a rappelé que sans surveillance le marché peut devenir incontrôlable, et qu'une nation ne peut prospérer longtemps si elle ne favorise que les plus nantis. » Il faut donner à chacun l’occasion de réussir sa vie. Ce n’est pas de la charité ; la sécurité de ne peut pas se faire aux dépens des libertés ; « Le monde a changé et nous devons évoluer avec lui. » Mais nous devons le faire, a-t-il ajouté, « avec nos valeurs de toujours » (…) Ce discours a duré vingt minutes. La foule était saisie par ces paroles, par cet appel constant à chacun pour qu’il se mette en mouvement, par la force du symbole et la volonté politique. Des centaines de personnes se sont ensuite déplacé paisiblement du Mall vers Constitution Avenue pour assister au défilé qui montrait si bien la diversité de l’Amérique. Tout-à-l’heure, nous sommes passés devant une maison sur laquelle est affichée en grandes lettres : « 20 janvier 2009 : la fin d’une erreur ». Cordialement ".
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B
Je cite -> elle signifie que la gauche doit se tourner vers l'ambition de construire un monde meilleur, basé sur le respect de l'être humain et non sur la toute-puissance de l'argent.Le respect ? C'est un mot qu'elle ne doit pas connaitre comme la difference.Si pour elle le respect est de critiquer ses pairs et de raconter des conneries, libre a elle. je prefere encore un soi disant dictateur qui n'en soit pas un ...^^L'Argent -> C'est mal venue il me semble a une bobo de faire un quelconque constat quand on se permet d'en jouir a volontéEn effet tirer sur l'ambulance comme elle le fait, et aller en chine ou aux states pour un president qui ne nous concerne pas directement, vu le prix du ou des billets d'avions c'est déplacé voir totalement irreponsable pour des personnes avec un peu de gingin mais une fois de plus elle joue comme sur sa campagne a amadouer sur les simples d'esprits voir les naifs qui vois en elle plus de pitié que de jugeotte ...
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J
Je crois surtout que Ségolène est encore en campagne et comme le disait il y a quelques jours un journaliste, " en 2003 Ségolène Royal était partie féliciter Kristina Kirchner en Amérique du Sud pour son élection et ça avait eu un bon retentissement autant la en temps de crise sociale c'est mal vu " <br /> En plus durant son séjour elle s'est permise de critiquer à tour de bras tous ses camarades... Pas très loyal mais très Royal en revanche!
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A
<br /> Il est clair que ce voyage washingtonien avait un but politique, non dissimulé d'ailleurs: elle veut profiter de la dynamique Obama pour montrer aux Français qu'elle est, selon elle, l'équivalent<br /> français... avec la fameuse démocratie participative, qu'elle vante un peu partout. Mais, au moins, alors qu'on reprochait au PS de n'avoir dépêché personne à la convention démocrate de fin août<br /> 2008, elle était la seule personnalité politique française à être sur place. Pour vivre, au milieu des Américains, cet évènement historique.<br /> <br /> Et, depuis, soulignons qu'elle a décidé de se rendre au forum social de Belem, en pleine forêt amazonienne... organisé en parallèle au forum économique de Davos. C'est un message politique clair<br /> qu'elle a ainsi envoyé: en se détournant des puissants et de tous ceux qui sont responsables (à des degrés divers) de la crise actuelle, et d'une certaine pensée unique ultra-libérale (en dehors de<br /> laquelle aucune solution ne serait souhaitable), elle signifie que la gauche doit se tourner vers l'ambition de construire un monde meilleur, basé sur le respect de l'être humain et non sur la<br /> toute-puissance de l'argent. Solidarité N-S, progrès sociaux pour tous les hommes et femmes du monde, respect de l'environnement... au coeur d'une action future ! Une bonne chose, selon moi.<br /> <br /> <br />