22 avril 2007, remake du 21 avril 2002 ?

24/04/2006 23:32

L'un des thèmes majeurs de chaque présidentielle depuis 1974 est et reste l'immigration et la question de l'obtention de la nationalité par les étrangers. 1974 est la date de première candidature de Jean-Marie Le Pen, le plus vieux des hommes politiques (de par sa carrière, pas forcément par son âge): il réussit, depuis plus de trente ans, la prouesse d'être le plus ancien des politiciens (déjà en course sous la IVème République) et en même temps l'incarnation de l'alternative, en tant qu'opposant au système qu'il baptise lui-même "UMPS". Et le président du FN sort renforcé d'un sondage, paru en fin de semaine, qui le conforte dans son objectif de renouveler l'exploit d'il y a quatre ans, en espérant encore se retrouver au second tour... ce qui n'est pas impossible. En effet, selon ce sondage, 35% des Français (soit près du double de son score du 21 avril) considèrent que l'extrême-droite (en général), FN, MNR et MPF confondus, enrichit le débat politique en France et répond à ses préoccupations. Selon la même enquête, à la question "qui incarne le mieux l'extrême droite" en France, 48% des Français répondent (bien sûr) Jean-Marie Le Pen, loin devant ses concurrents que sont dans l'ordre Philippe De Villiers (24%), Marine Le Pen, Bruno Mégret et Bruno Gollnish. Bref, le message est clair: le vieux renard de la politique, président indétrônable de son parti depuis sa création, est encore dans la course.

Intéressons-nous aux sondages pour 2007, et en particulier le plus récent, publié dans le Figaro en milieu de semaine, dont l'un des enseignements reste l'étonnante longévité du discours frontiste, et la popularité du FN qui, loin devant les autres, reste le "troisième homme "dans la course à l'Elysée. Ségolène Royal, pour le PS, et Nicolas Sarkozy, pour l'UMP, se qualifieraient pour le second tour avec respectivement 33% et 30%, devant Le Pen (10%), tandis que les autres candidats ne dépasseraient pas la barre des 8%. Commentant ces deux résultats sur le plateau de Question ouverte (France 2, jeudi), le président du Front National lançait un appel à la constitution d'une candidature unique pour le salut de la France, n'excluant pas de s'allier dès le premier tour à MM. de Villiers, Mégret ou encore Bayrou (espère-t-il). Il porterait bien sûr cette candidature, se considérant comme le plus légitime, car le plus à même de représenter l'extrême droite aux yeux des Français, et le seul à avoir obtenu plus de 15% lors d'un premier tour de scrutin présidentiel. Si cette hypothèse paraît peu probable, une seule chose est sûre: PS + UMP = 63%, ce qui laisse 37% des Français sous-représentés (c'est lié au scrutin uninominal à deux tours !). Et 37%, c'est plus que la minorité de blocage... vous me direz, c'est le jeu d'autant plus qu'au dernier scrutin, PS+UMP=35% (il y a un progrès !).

Sauf que, avec tant d'électeurs qui votent aux extrêmes, en particulier FN, les partis traditionnels doivent prendre conscience de la force d'attraction de ces partis, mais surtout de la sensibilité de l'électorat aux arguments de ces partis. Car, selon le premier sondage cité, 43% des Français jugent la contribution du FN en terme d'immigration utile au débat politique et 31ù pour le thème de la sécurité... Et ce n'est pas un hasard si le ministre de l'Intérieur commence à marcher sur les terres du FN en reprenant à son compte ces sujets, en particulier celui de l'immigration, en lançant ce week-end devant les nouveaux adhérents de son parti, que ceux qui n'aiment pas la France doivent la quitter (De Villiers avait dit, quelques heures plus tôt, "la France, tu l'aimes ou tu la quittes"). Et ne nous y trompons pas, contrairement à ce qu'a pu dire François Hollande (qui ne veut exclure personne dans une France qu'il aime), le problème des étrangers est l'un des sujets majeurs qui préoccupent les Français. Pour preuve: c'est le premier argument de l'extrême droite depuis trente ans et, de scrutin en scrutin, son score progresse... signe que les gouvernements successifs n'apportent pas de réponse suffisante. Saisissons nous de cette question, débattons de ce sujet, faisons des propositions, à droite comme à gauche, pour faire baisser le péril Le Pen et donner à nos concitoyens les réponses à leurs préoccupations.