Vers une VIème République?...

Hommage à Jean Lassale qui a eu le courage (et l'audace) de cesser de s'alimenter pour sauver l'économie de sa circonscription et de toute une vallée. S'il n'avait pas attiré l'attention du grand public, pas un élu, pas un ministre n'aurait lever le petit doigt pour s'indigner d'une telle décision: celle d'une entreprise étrangère (en l'occurence, japonaise) qui délocalise son usine d'un village vers un autre, mieux placé dans le but de s'agrandir et d'augmenter son activité. A priori, c'est louable: faire profiter de la santé du secteur économique une autre région pour y créer des emplois... sauf qu'en contre-partie c'était la fermeture de la seule usine de la circonscription du député UDF. Donc, la mort annoncée de toute une région qui, faute d'emplois, aurait vu sa population (jeune notamment) s'exiler à cinquante kilomètres, tuant les services publics, les écoles et autres commerces. Bien que M. Lassale refuse de voir dans son acte une faillite du système politique, il est quand même regrettable de voir l'impuissance du pouvoir politique à intervenir dans les grandes décisions économiques: la France a définitivement basculé dans la mondialisation globalisée sur lequel plus personne (à part les grandes fortunes) n'a de pouvoir. Et il faut d'autant plus s'en désoler que, dans la grande majorité des cas, les décisions prises par le monde de la finance sont les moins bonnes.

A l'occasion de cette grève de la faim, le député UDF, invité de France Info à quelques minutes de son hospitalisation, répétait cette phrase pleine d'optimisme: "La personne qui se jette à l'eau pour en sauver une autre n'est pas désespérer". Comprenez, son acte n'est pas un aveu d'échec et d'impuissance politique, mais souligne l'incohérence d'un système où l'argent décide de tout, "de la vie et surtout de la mort de centaines de milliers de gens, au nom du seul profit" pour reprendre ses termes. Il est vrai, et je l'ai déjà souligné à plusieurs reprises, que l'écart entre grandes fortunes et bas salaires ne fait que croître, plongeant les plus défavorisés dans plus de précarité, alors que la presse offre fréquemment l'image de cette France d'en haut, qui vie dans un luxe de plus en plus insoutenable. Le jeûne du député a par ailleurs relancé un thème qui, loin d'occuper le devant de la scène, semble prendre de plus de plus de poids dans la tête de nos politiques: l'envie d'en finir avec la Vème République.

La France n'offre plus un modèle démocratique satisfaisant et, comme le souligne le président de l'UDF, François Bayrou, une Vième République est de plus en plus souhaitable, car les Français aspirent à une démocratie plus saine et efficace. Cette idée, au coeur de mon blog, s'en trouve d'autant plus renforcé que 2006 marque une année tampon, dans l'attente de 2007, et où la chiraquie traverse une "crise de régime" majeure: manque de communication, règles démocratqiues non appliquées, cumul illimité des mandats, sous-représentation des minorités visibles (dont les femmes)... autant de points qui méritent uen réflexion. En parallèle à cette modification des institutions, la France a besoin de renouveler sa classe politique et ses méthodes de gouvernement... et elle a grand besoin d'un programme qui allie l'efficacité économique et le progrès social. Autrement dit, vivre avec une mondialisation que l'on ne peut plus dompter en en limitant les pires effets, sans pour autant tout accepter. Il faut pour cela un pouvoir politique fort et aux compétences élargies: il nous faut un Parlement plus légitime, plus fort et plus représentatif, tout en réfléchissant à un renforcement de la fonction présidentielle. Non pour en faire un monarque républicain, mais pour en faire l'homme d'un peuple, fort sur la scène internationale et responsable de ses décisions... j'y reviendrais ultérieurement.