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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Le point sur la présidentielle américaine

La crise financière actuelle confirme, en ce qui concerne la présidentielle américaine, deux choses qui paraissent désormais évidentes: d'une part, le président américain reste le personnage le plus puissant du monde, tous les yeux étant braqués sur les décisions qu'il prend (les deux autres hommes forts du moment étant le secrétaire au Trésor et le président de la FED, la banque centrale américaine); d'autre part, les questions économiques sont la première des préoccupations des électeurs américains, 80% d'entre eux plaçant les réponses à la crise comme le premier des arguments qui leur fera choisir l'un ou l'autre des deux candidats à la Maison-Blanche. Ainsi, les sondages le montrent: dès qu'un problème économique survient, ce sont les démocrates qui en profitent, leurs propositions concernant d'abord la défense des contribuables et des classes moyennes face aux décideurs économiques qui s'en mettent plein les poches. Conséquence: dans le dernier sondage, Barack Obama dispose de neuf points d'avance sur son rival républicain. A désormais un peu plus de cinq semaines du scrutin. C'est donc dans ce contexte, plutôt défavorable aux républicains, que John McCain joue la carte du rassembleur qui se considère Américain avant d'être républicain, en suspendant sa campagne pour s'occuper du plan de relance. Sauf que les blocages viennent de son camp et que, lors de la réunion d'unité convoquée par George W. Bush à la Maison-Blanche, le sénateur de l'Arizona n'a, paraît-il, pas pris une seule fois la parole. Drôle de façon d'agir au service des Américains !

La campagne électorale est donc dans un tournant, favorable aux démocrates. Refusant de suspendre sa campagne et de repousser le premier débat qui l'opposait cette nuit à McCain, Barack Obama joue à fond la carte économique. Considérant que le président de la première puissance mondiale était de savoir gérer plusieurs graves problèmes en même temps, et donc de ne pas interrompre une partie de son activité pour se consacrer à une autre, le sénateur démocrate rend l'administration Bush responsable de la crise: voilà le résultat de huit ans de bushisme, soutenu par le républicain McCain, répète-t-il à des électeurs auxquels il promet de sortir de la crise, sans pour autant faire payer toujours les mêmes - les contribuables, et notamment les classes moyennes - sans que les responsables s'en tirent, au final, plutôt bien. C'est donc un Obama très à gauche qui part à la conquête des électeurs centristes, souvent issus des classes moyennes blanches, qui font de leur réussite financière personnelle la première de leurs priorités. Dès que les problèmes économiques font la Une, ce sont les démocrates qui prennent l'avantage, ce qui ne garantit en rien la victoire d'Obama. Quoi qu'il en soit, d'économie il a question lors de ce duel entre deux gauchers (je viens de le remarquer !)... mais ils ont aussi parlé des sujets de défense et de politique étrangère. Voici donc un résumé, par thème, des propositions que chacun d'eux à énoncer lors du débat (photo).


1- la crise financière et son règlement: pour John McCain, nous ne sommes pas "au début de la fin, mais à la fin du début" de la crise, le candidat républicain appelant à l'unité et se félicitant de l'union des républicains et des démocrates pour trouver une solution commune, dans l'urgence. Il apporte cependant quelques nuances: plus que la nationalisation des entreprises en difficulté, et de leurs pertes financières, il souhaite que l'Etat leur accorde des prêts remboursables une fois la crise passée; puis, dans un second temps, s'en prend à la corruption et à la "cupidité" de certains financiers qui seraient à l'origine d'une crise où la responsabilité de chacun a été dilué. Barack Obama, de son côté, considère que la responsabilité de ceux qui ont participé à la crise ne doit pas s'exercer qu'en temps de crise, mais tout le temps. La principale solution évoquée par le candidat démocrate correspond à une critique du système capitaliste actuel: il en appelle à la réglementation du secteur et au rétablissement de règles dont l'Etat devriendrait le garant et qui permettraient de ne pas faire de "ceux qui ont déjà beaucoup" les éternels gagnants de l'économie de marché. Le sénateur de Chicago termine son exposé en considérant que les erreurs menées par l'administration Bush, et soutenues par son concurrent, ont conduit à la situation actuelle et qu'en les dénonçant tout en proposant des alternatives, on évitera de recommencer les mêmes erreurs.

2- les priorités du prochain mandat présidentiel: le sénateur de l'Illinois annonce une baisse des impôts pour 95% des Américains, ceux qui gagnent moins de 250 000 dollars par an et qui, en regagnant du pouvoir d'achat, pourront relancer l'économie par leurs dépenses. Il promet de revenir sur les cadeaux fiscaux faits par Bush aux entreprises et aux plus fortunés, l'argent ainsi dégagé permettant de financer de grands projets intérieurs comme la rénovation des infrastructures (ponts et électricité sur tout le territoire), l'accessibilité du plus grand nombre aux universités, le renforcement des programmes liés à la petite enfance, la garantie d'une indépendance énergétique (par la construction d'exploitations off-shore du pétrole ou le développement des énergies renouvelables) ainsi, et surtout, la création d'un système de santé pris en charge par l'Etat et qui ne laisse aucun assuré de côté. Pour sa part, le sénateur de l'Arizona considère qu'un Etat efficace ne ponctionne pas trop d'impôts, réduit l'emprise de l'Etat (notamment sur les questions de santé) et s'attaque aux dépenses superflues et inefficaces. La priorité de McCain: la lutte contre les gaspillages et le gel des dépenses, sauf dans le domaine de la défense et dans le financement des programmes à destination des vétérans (notamment en matière de soins).

3- les guerres d'Irak et d'Afghanistan: pour évoquer la stratégie dans ces deux conflits, le candidat républicain - dont l'expérience militaire et l'image de héros sont deux avantages électoraux - considère que le successeur de Bush devra à tout pris faire rentrer les GI d'Irak dès la victoire finale obtenue, sans fixer un calendrier précis. Pour lui, les Etats-Unis ne peuvent pas perdre en Irak, pour ne pas être affligé du déshonneur et, comme le lui a demandé une mère de soldat qui lui a offert un bracelet portant le nom de son fils, pour que les "boys" ne soient pas morts pour rien. Ce à quoi Obama répond clairement: aucun soldat n'est mort pour rien et quitter l'Irak selon un calendrier précis (s'étalant sur un maximum de 16 mois) n'est que la conséquence des limites d'une stratégie qui a fait croire que l'Amérique pouvait exporter son modèle démocratique sans encombre. Et Obama de citer lui aussi les paroles d'une mère d'un soldat tué, qui lui a également offert un bracelet portant le nom de son fils, qui lui demandait que d'autres mères ne vivent plus le drame de perdre un enfant. Et le sénateur de Chicago d'ajouter que le retrait des troupes d'Irak devait s'accompagner d'un renforcement en Afghanistan, le pays où se trouve toujours Ben Laden et où la coalition doit mettre Al-Qaida en échec. Quant à lui, McCain considère qu'une "Ligue des démocraties" devrait être créée pour remplacer une ONU où la Russie - "qui ne partage pas nos idéaux" - freine la lutte contre les dictatures, avec lesquelles il ne faut pas dialoguer. Le candidat républicain fustige ainsi la volonté de son rival de négocier avec l'Iran, Cuba ou encore le Venezuela, considérant que leur donner l'occasion de discuter revient à légitimer leurs discours. Ce à quoi Obama réplique en affirmant que l'isolement de ces pays ne feraient que les braquer davantage contre l'Occident et les poser en victime auprès de leurs citoyens.

Dès lors, se pose une question: lequel des deux candidats a pris un avantage sur son adversaire? A priori, aucun des deux, chaque camp revendiquant la victoire. Ce qui est certain, c'est que chacun d'eux sort renforcé de cette première confrontation, qui a mis au jour deux visions différentes de la société américaine, les électeurs traditionnels de chacun des deux partis ayant donc été confortés dans leur choix. Reste aux deux prétendants à jouer sur leurs points forts pour rallier ceux des électeurs qui, au centre ou aux extrêmes, votent selon les circonstances. Et choisissent le président qui répondra, à un instant "t", à leurs attentes en proposant des solutions concrètes et en portant une vision d'avenir. Plus que jamais ce sont donc les circonstances - qui peuvent encore changer dans les prochaines semaines - qui vont donner à l'un ou l'autre un avantage suffisant pour remporter le scrutin. Et même s'il ne faut pas perdre de vue que le mode de scrutin est particulier - vote indirect dans le cadre des Etats fédérés -, on peut dire clairement que l'économie avantagera, dans les milieux populaires et dans les Etats fragilisés par la crise, Barack Obama, qui a su porter un message clair lors du débat.

C'est en effet ce qui ressort du premier sondage, effectué dès la fin du débat, auprès des téléspectateurs: pour 51% d'entre eux, Obama a pris un léger avantage, sachant répondre point par point aux critiques de son adversaire, le regardant pour l'interpeller pendant que McCain fixait son pupitre ou le journaliste-médiateur. D'un côté, le candidat républicain jouait le rôle du professeur expliquant à son élève son expérience, lui balançant ses connaissances à la figure et multipliant les invectives genre: "sénateur Obama ne semble pas avoir compris" ou encore "il semble confrondre...". Face à cela, le candidat démocrate multipliait les "sénateur McCain a raison", soulignant les convergences en matière de diagnostic des problèmes auxquels les Etats-Unis sont confrontés, pou mieux insister sur ce qui les distingue, à savoir les réponses à apporter (jouant la carte des recettes échouées du passé aux nouvelles formules d'avenir). Ainsi, seules 38% des personnes interrogées considéraient que le sénateur républicain s'en était mieux sorti... Les sondages étant encore plus défavorables à ce dernier auprès des électeurs indécis ! Le début de la fin pour McCain?

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L
De toute façon à mon avis les démocrates partent avec une longueur d'avance vu le bilan du président Bush, conservateur...<br /> <br /> En tout cas le prochain président est dans la bouse jusqu'au cou et sur tous les points! Good Luck
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A
<br /> Et quand on voit les efforts déployés par McCain pour montrer son expérience et citer les lieux qu'il a eu l'occasion de visiter, ou encore pour lister ses votes comme sénateur sur des sujets qui<br /> ne semblent pas préoccuper Bush (comme le changement climatique), on comprend qu'il veuille ne pas apparaître comme l'héritier. Son gros problème: en matière économique, ce qui est la priorité des<br /> électeurs, il est plus libéral que Bush et fait partie de ceux qui bloquent le plan de relance. C'est sans doute un très mauvais coup...<br /> <br /> <br />
J
Vous croyez donc tant que cela aux sondages? Moi, pas! Du moins aussi longtemps qu'ils seront conçus et exploités comme ils le sont depuis plus de deux décennies ...
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A
<br /> D'une part, je n'ai jamais écrit le moindre article se basant uniquement sur un sondage ! Je pense, dans cet article en particulier, avoir pris suffisamment de précautions pour utiliser le sondage<br /> auquel je fais référence: en rappelant qu'il ne s'agissait que de mesurer une opinion à un instant "t", et en en concluant que l'élection allait se jouer essentiellement sur les circonstances des<br /> prochaines semaines, je ne commente pas aveuglément le sondage. En rappelant enfin que l'élection se faisait dans chaque Etat fédéré, et que les particularités locales allaient jouer un rôle<br /> important, je souligne le fait que les sondages nationaux ne sont que des indicateurs à confronter à d'autres données ! Je ne crois donc pas avoir réalisé un exposé qui vous fasse croire que je<br /> crois "tant que cela aux sondages".<br /> <br /> Ceci étant dit - et ces précautions ayant été rappelées - dans le cas des Etats-Unis, on notera que ces enquêtes sont particulièrement intéressantes. Quand 50% des Américains placent la<br /> question économique en tête de leur priorité (contre 9% pour l'Irak) et qu'Obama semble le plus convaincant sur la manière de sortir de la crise et de redresser l'économie américaine, on ne peut<br /> que supposer qu'il dispose d'un avantage certain sur son concurrent. Par ailleurs, en constatant qu'à l'issue de ce permier débat (il en reste deux !), Obama semble avoir convaincu davantage<br /> d'électeurs que McCain, et que cette tendance est plus marquée chez les indécis (qui sont encore 38% à ne pas savoir vers qui pencher), on ne peut que confirmer qu'en ce moment, Obama a le vent en<br /> poupe. ce n'est qu'une constatation... et nous savons tous que, demain, cela peut changer. Au grès des circonstances.<br /> <br /> J'en profite pour apporter une précision:<br /> - après le débat, 51% des personnes interrogées considéraient qu'Obama sortait vainqueur, 38% penchaient pour McCain et 11% y ont vu une égalité;<br /> - pour les indécis, ces chiffres sont respectivement de 40%, 22% et 38% ! Soit un écart de 18 points entre les deux candidats, contre 13 points pour l'ensemble des électeurs. Chez les indécis,<br /> l'avantage donné au démocrate est donc légèrement plus marqué. Ce n'est qu'un constat.<br /> <br /> <br />