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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Honte au C.I.O. acte 2

Le CIO avait eu le courage, il y a sept ans, d'accorder à une Chine en pleine croissance et en mal de reconnaissance internationale, l'organisation des premiers JO de son histoire. Avec l'espoir secret qu'il s'agirait d'une occasion rêvée pour ce pays de s'ouvrir au reste du monde et de modifier ses pratiques politiques, notamment en matière de droits de l'homme et de libertés publiques. A la veille de l'ouverture de ces Olympiades d'été, pour ne pas froisser un régime menaçant, dirigeant le pays le plus peuplé du monde et sur lequel toutes les caméras du monde étaient pourtant braquées, les responsables du même CIO ont perdu leur courage. Son président, maître dans l'art du politiquement correct et du consensus mou - un peu comme François Hollande, avec les mêmes réultats -, n'a rien trouvé à dire sur la situation des opposants politiques ou des minorités en Chine. Seul le sport, l'argent qu'il engendre et la gloire qu'il assure - tant aux athlètes qu'aux organisateurs - comptent !

Rappel de l'acte 1: au moment du passage de la flamme olympique à Paris, les athlètes français avaient voulu faire passer un message aux autorités de Pékin. Pour protester contre l'absence de libertés et de droits de l'homme dans ce pays, un badge avait été imaginé, reprenant l'une des préoccupations et l'un des messages universels de l'olympisme ("Pour un monde meilleur"). Badge des plus inoffensifs, qui ne faisait que reprendre un passage de la Charte olympique, que tout athlète doit respecter et dont le CIO est censé être le garant. Or, dans une décision officielle, le Comité International Olympique a interdit aux sportifs français de porter ce badge, ni lors des compétitions, et encore moins pendant la cérémonie douverture. Raison avancée? Il ne faut pas mélanger sport et politique. lEt d'ailleurs, le fait que le CIO compte davantage d'Etats membres que l'ONU, les acceptant sans aucune restriction d'ordre politique, le confirme. Dès lors, comment expliquer la décision qu'il a prise, avant le début des Jeux, d'interdire à la délégation irakienne - un total de sept athèltes, qui se sont préparés pour l'évènement - de prendre part à cette fête du sport en raison de l'interférence du gouvernement irakien dans le fonctionnement du comité olympique national? D'un côté, on ne veut pas mêler la politique au sport, et de l'autre, on invoque un problème politique pour écarter une délégation. Où est la cohérence?


Mais, ce qui vient de se passer à Pékin à l'occasion d'une épreuve qui a vu la victoire de l'équipe de France d'épée masculine, tenante du titre, est une nouvelle occasion de déplorer cette absence de courage et de cohérence qui caractérise le CIO. Les trois épéistes Ulrich Robeiri, Jérôme et Fabrice Jeannet ont offert à la France sa troisième médaille d'or. De quoi être content... sauf qu'en raison d'une règle absurde, dénoncée par les commentateurs de l'épreuve - l'ancien ministre et ancien champion d'escrime Jean-François Lamour en tête -, les sourires n'étaient pas de rigueur. Victorieux face à la Pologne, avec un score plus que confortable (45 à 29), les Français n'ont pas eu le moindre sourire après leur performance. La raison? Parce qu'il n'a pas participé aux combats du jour, le remplaçant, Jean-Michel Lucenay (deuxième en partant de la gauche, sans médaille), ne pourra ajouter ce titre olympique à son palmarès. Cette règle, qui semble ne concerner que l'escrime, ne vaut pas dans le cas du football où les remplaçants, même s'ils n'ont participé à aucun match, reçoivent une médaille. Ainsi, dans le cas de l'escrime, la quatrième homme, même s'il a pris part aux épreuves de qualification pour les JO - ce qui est le cas ici - n'est pas considéré comme un membre à part entière de l'équipe... A tel point qu'il ne peut rentrer au village olympique qu'à partir du jour où il participe à une épreuve. La raison de cette aberration? Selon M. Lamour, c'est le faible poids financier de la fédération d'escrime, contrairement à la richissime FIFA, qui explique ce traitement de défaveur.

Bref, même dans le monde du sport, où la fraternité est censé être le maître-mot, l'argent est seul roi. Et le CIO ne semble pas décider à changer les règles, lui qui a mis en avant le coût estimé des différents projets comme un critère d'obtention des JO de 2012 ! Heureusement, les épéistes français - soutenus par le public et par leurs adversaires polonais - sont parvenus à mettre ce problème sur le devant de la scène. D'une part, en permettant à leur coéquipier de participer à la photo du podium, les membres de l'encadrement de l'équipe française et des spectateurs polonais ayant empêché les gardes chinois de s'opposer à sa venue dans la zone officielle. D'autre part, en essayant de profiter d'une blessure de Jérôme Jeannet pour faire entrer le remplaçant: même si la blessure ne semble pas avoir été simulée, le Français étant tombé sur sa main tenant l'épée, il s'agissait de regretter qu'un remplaçant ne puisse être considéré comme membre de l'équipe qu'en entrant sur blessure d'un de ses partenaires ! Il reste maintenant à espérer que les choses changent... ce qui est loin d'être gagné. Heureusement, certains sports, qui ne s'appuyent pas que sur l'argent mais sur les performances réelles d'athlètes passionnés, échappent à la logique qui mine le CIO. Quoi de plus beau que de se lever à 4 heures du matin, de vibrer voire de pleurer avec une médaille - quelle qu'en soit la couleur - d'un sportif français dont ce n'est pas le métier et qui réalise une vraie performance, fruit d'un travail acharné mais discret !
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